L’artiste derrière le compte Instagram @liminal.spaces.uqam, Maya Cabral, est fascinée par les espaces vides de l’UQAM.
Étudiante en arts visuels à l’UQAM, Maya Cabral a développé une passion pour les « espaces liminaux » pendant son passage au cégep. Ils sont rapidement devenus un pilier dans ses œuvres.
Les espaces liminaux sont des endroits de transition où l’on s’attend à trouver des personnes, mais il n’y en a aucune. Il peut s’agir de cages d’escalier tard le soir ou d’endroits déserts où l’on se retrouve seul(e). Ce sont des images dont l’élément essentiel est le vide.
Vivant à une distance considérable de l’université, Maya se retrouve souvent contrainte de demeurer sur le campus en attendant le train pour rentrer chez elle. Pendant ces instants d’attente, elle saisit l’occasion pour prendre des photos afin de nourrir son compte Instagram.
« Mon projet a pour but de promouvoir la pause, nécessaire dans notre rythme de vie scolaire effréné et anxiogène. [Il faut] prendre le temps de regarder l’architecture qui nous entoure, de s’attarder aux détails », décrit l’artiste sur sa page Instagram. Elle précise que le projet est « communautaire » et invite les étudiant(e)s à lui partager leurs propres clichés.
Entre confort et malaise
Maya Cabral capture des lieux familiers pour les universitaires, comme les couloirs sans fin du troisième étage du pavillon Judith-Jasmin ou les salles de classe. L’étudiante aime que ses photos suscitent un sentiment de curiosité. Elle cherche surtout l’appréhension et l’inconfort.
« Tu ne sais pas ce qui s’en vient et tu sais plus ou moins ce qui est arrivé avant. C’est l’incertitude, le malaise. »
Maya Cabral, artiste
L’artiste prend une dizaine de photos chaque jour, qu’elle modifie très peu. Elle préfère les cadrages larges et attache une grande importance à la luminosité, qu’elle veut « intrigante et naturelle ».
Peu importe le moment de la journée, Maya recherche une ambiance un peu sombre, « en flottement ». Elle choisit « des moments un peu étranges pour être à l’école » pour prendre ses clichés.
Impression de déjà-vu
Selon le spécialiste en culture populaire Jean-Michel Berthiaume, la littérature, le cinéma et l’art contemporain ont tous exploré les espaces liminaux. Selon lui, c’est l’obsession humaine pour l’horreur qui motive les artistes à s’y intéresser.
Il précise que les espaces liminaux génèrent une variété d’émotions allant de la curiosité à l’inconfort, puisqu’ils confrontent le public à l’inconnu ou à l’inattendu. Ces images sont souvent associées à quelque chose de mystérieux et certain(e)s ressentent un sentiment de déjà-vu en les voyant.
« Ça nous rappelle quelque chose, mais on ne sait pas pourquoi et c’est quelque chose qui est dans les bas-fonds de notre cerveau, mais aussi dans les bas-fonds de la conscience collective », explique Amandine Alessandra, professeure de photographie à l’UQAM. Elle remarque que les photographies de @liminal.space.uqam mettent souvent en évidence des chaises inoccupées, ce qui accentue l’absence humaine et suggère implicitement la présence attendue de personnes.
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