Des coupures à TVA, la fermeture du journal Métro, un gel d’embauches à Radio-Canada, puis d’autres coupures à TVA… Une crise des médias 2.0 pèse sur les journalistes. Mais aussi sur ceux et celles qui le deviendront demain.
Les membres du Montréal Campus n’ont pas le moral au plus haut depuis quelques semaines. La crainte de ne pas pouvoir pratiquer notre métier à la sortie du baccalauréat en journalisme est un facteur de stress considérable pour la plupart d’entre nous.
Lors de notre première session en 2021, la direction du programme nous informait que le taux de placement à la sortie du bac atteignait 80 %. L’année suivante, il était à 100 % ! C’est donc dire qu’il y a quelques mois seulement, les diplômé(e)s avaient un emploi presque garanti à leur sortie des bancs d’école. Une maigre année plus tard, il est prévu qu’un(e) finissant(e) sur trois n’aura pas d’emploi en journalisme à sa sortie de l’UQAM. Parions que ce nombre augmentera l’an prochain.
Malgré la crise des médias de la fin des années 2000 et du début des années 2010, les possibilités d’emploi étaient incroyables lorsque nous avons entamé notre baccalauréat. Les coupes dans notre domaine sont arrivées assez subitement. Ces abolitions de postes sont dues en grande partie au manque de fonds des médias, lui-même dû à une baisse des revenus constante. Cette diminution s’explique par plusieurs facteurs.
Différentes études publiées récemment nous confirment qu’une bonne partie des citoyens et citoyennes vivent une fatigue médiatique et ont de moins en moins confiance en le travail des journalistes et en la neutralité des médias d’information. Les médias peinent aussi à rejoindre les jeunes. La moyenne d’âge des téléspectateurs et des téléspectatrices du téléjournal de Radio-Canada est de 55 ans. Alors que les bulletins de nouvelles offrent de l’information fouillée et corroborée par les journalistes, nous savons que l’information consommée par les jeunes sur les réseaux sociaux est souvent moins crédible.
Ce ne sont pas seulement les jeunes qui s’informent sur les réseaux sociaux. En 2022, le tiers des adultes québécois(e)s les utilisaient comme source principale d’information. Il serait important d’y retrouver de l’information fiable et vérifiée par des journalistes qualifié(e)s.
Donc, à quand un virage plus radical de tous les médias québécois sur ces plateformes ? Quand investirons-nous réellement des ressources dans le journalisme sur les réseaux sociaux pour rejoindre les jeunes et les moins jeunes ? Nous comprenons aussi que les réseaux sociaux sont un couteau à double tranchant. Il suffit de penser au blocage des nouvelles de Meta, qui a, selon toute vraisemblance, empiré la chute des revenus publicitaires des médias québécois et canadiens. Bref, une proportion grandissante de la population s’informe sur les réseaux sociaux, mais ceux-ci peuvent se retourner contre nous.
Alors, que fait-on ? La réalité est que nous devons nous réinventer. Les médias doivent user de créativité et sortir des sentiers battus pour aller chercher des revenus et intéresser la population québécoise à son contenu. Il faudra trouver la recette du succès. Malgré tout, l’équipe du Montréal Campus est persuadée que le journalisme n’est pas menacé.
À travers les années, les décennies et même les siècles, il s’est adapté. Récemment, après la crise des médias de la fin des années 2000, les journaux ont pour la plupart migré sur les plateformes numériques. Le virage s’est entamé il y a un peu plus de 10 ans seulement. Les médias québécois sont encore en période d’adaptation. Ils commencent à pointer le bout du nez sur TikTok et YouTube, par le biais de médias « petits frères », comme Rad. Laissons leur le temps de s’adapter. Certains survivront, d’autres non, malheureusement. Les médias régionaux seront probablement les plus mis à mal par cette crise.
Mais voilà, le journalisme dans son ensemble n’est pas éteint. Et il ne le sera jamais. Il s’adaptera aux époques, comme il l’a toujours fait. Cette édition papier du Montréal Campus est une ode au journalisme et à tout ce qui l’entoure. De l’enquête, des scoops, des articles de fond, des chroniques, un éditorial, une page de contenu photographique, un mot croisé, un quiz, de la publicité, presque tout y est. Sans oublier les reportages vidéo et radio qui accompagnent la publication du journal. Cette publication, bien humblement, est notre manière de célébrer le journalisme et de continuer à le faire vivre.
Mention illustration : Chloé Rondeau
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