Au moment où le débat sur la liberté universitaire fait rage et que la parole des étudiant(e)s victimes de racisme à l’université se libère, l’UQAM soutient que le comité chargé de réformer sa Politique sur les relations interethniques se mettra au travail au printemps 2021, et que ses travaux n’ont pas d’échéance définie.
À l’heure actuelle, il est impossible de connaître les délais prévus pour la réforme de la Politique 28 sur les relations interethniques, celle-ci datant de 1995. Selon la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers, « il faut laisser le temps nécessaire au comité pour mener adéquatement ses travaux, il est trop tôt pour déterminer une échéance à ce stade-ci du processus. » Le comité ne devant entamer ses travaux qu’au printemps 2021, une réforme de la politique n’est pas à prévoir de sitôt.
La Politique 28 sur les relations interethniques a été créée en 1995, et n’a pas été revue depuis. On apprenait dans un article du Montréal Campus que des travaux ont récemment été entamés par la direction pour la réformer. Il faut dire que l’une de ses mesures maîtresses, soit la mise sur pied d’un comité institutionnel qui veille à la bonne application de la politique, n’a jamais été mise en vigueur. Ainsi, il existe une politique pour prévenir la discrimination à l’UQAM, mais personne ne s’assure qu’elle est respectée.
Un comité qui ne fait pas l’unanimité
Non seulement le comité institutionnel n’est pas encore effectif, mais sa composition éventuelle suscite des désaccords entre la direction et ceux et celles qui exigent sa création. En septembre 2020, une pétition rédigée par quatre professeur(e)s de l’UQAM et signée par plus de cent membres du corps professoral énonçait la demande que des actions antiracistes soient entreprises par la direction.
L’une des revendications principales de cette pétition était que le comité institutionnel soit composé majoritairement de personnes racisées. Cette requête fait présentement l’objet de discussions avec l’administration. La directrice des relations de presse de l‘UQAM, Jenny Desrochers, confirme que « la politique prévoit qu’entre le quart et la moitié des membres du comité doivent provenir de minorités visibles. » Ainsi, si ce quota établi en 1995 demeure inchangé au terme des travaux, il serait possible que le comité de l’UQAM visant à endiguer la discrimination raciste soit composé majoritairement de personnes blanches.
Lutte au racisme : une préoccupation récente
Dans les dernières années, l’UQAM a entrepris certaines actions concrètes pour combattre le racisme au sein de l’institution. L’embauche de professeurs qui se spécialisent sur les questions d’inclusivité en est un exemple. Le responsable du comité sur l’Équité, la diversité et l’inclusion au sein de l’École des arts visuels et médiatique, Romeo Gongora, raconte que lorsqu’il a « été embauché en juillet 2019, il n’y avait pas de stratégie pour pallier au racisme systémique. J’ai voulu obtenir des statistiques sur la diversité culturelle, par exemple, mais je n’en ai pas été capable. » Il se réjouit toutefois que son embauche comme professeur spécialisé en « approches critiques des diversités culturelles » constitue une des initiatives de la part de la direction pour sensibiliser la communauté à ces enjeux.
La rectrice de l’UQAM Magda Fusaro s’est d’ailleurs prononcée sur les objectifs de l’UQAM en matière de lutte contre le racisme. en février 2021. Dans son message, elle rappelle l’importance d’être « sensible aux difficultés, à la souffrance et à la détresse que peuvent vivre certaines personnes, qu’elles soient étudiantes, enseignantes ou employées. » Elle rappelle aussi des actions entreprises par l’UQAM pour lutter contre le racisme, comme la poursuite des démarches du comité d’action pour les Premiers peuples et du Bureau de l’inclusion et de la réussite étudiante.
M. Gongora insiste quant à lui sur l‘importance de créer des comités qui comprennent des membres du corps professoral et des étudiant(e)s de l’Université pour se pencher sur la question du racisme à l’UQAM. Il croit aussi important de sensibiliser le corps professoral aux enjeux de diversité et d’inclusion, un objectif d’ailleurs favorisé par son embauche en 2019. Mais à l’UQAM, « ça peut prendre plus d’un an pour ouvrir un nouveau poste. » Les délais sont donc longs, mais M. Gongora observe que la direction de l’UQAM a « un désir de faire un travail pour sensibiliser au racisme. »
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