Mariama Dioum (maîtrise en science politique) et Élizabeth Duboc (maîtrise à l’École des sciences de la gestion) ont été élues comme prochaines représentantes étudiantes au Conseil d’administration (CA) de l’UQAM lors des élections qui ont eu lieu le 30 octobre dernier. L’équipe du Montréal Campus est allée à leur rencontre.
Élizabeth Duboc remplacera la déléguée actuelle, Stéphanie Thibodeau, le 12 février prochain tandis que Mariama Dioum entrera en poste dès que les documents officiels seront prêts. Elles ont fait campagne ensemble, malgré leurs parcours de vie très différents. Mme Dioum a été responsable à l’éducation inclusive et aux étudiants et étudiantes provenant de l’international pour l’Association facultaire étudiante de science politique et droit. Mme Duboc, de son côté, est co-responsable à la Coalition interdisciplinaire pour une transition écologique.
Entretien au sujet du CA et des causes qu’elles entendent défendre.
Montréal Campus (MC) : Le CA, c’est quoi?
Élizabeth Duboc (ÉD) : Le CA sert à voter le budget, décider où va l’argent, créer des politiques, les améliorer ou les mettre en place, créer de nouveaux comités. […] Il y a beaucoup de décisions qui se prennent plus bas, mais qui montent jusqu’au CA pour être confirmées ou non. En ce moment, c’est le CA qui décide des mesures d’assouplissement pour la prochaine session.
MC : Durant votre campagne, vous avez présenté aux associations étudiantes une lettre de démission déjà signée. Pour quelle raison?
Mariama Dioum (MD) : Être membre du CA dans une université, représenter 39 000 étudiants et étudiantes, c’est vraiment quelque chose de wow sur un CV. Beaucoup de personnes sont là pour leur propre intérêt. […] Une fois qu’une association étudiante jugera qu’on n’est pas transparentes ni redevables, on va s’engager à démissionner.
MC : Le manque de transparence est justement quelque chose que vous reprochez au CA. Pourquoi?
ÉD : La plupart des gens n’ont aucune idée de ce que fait le CA dans la vie. Ça montre déjà que c’est trop opaque.
MD : Beaucoup de discussions sont à huis clos, ça ne peut pas sortir. Il faut vraiment être transparents et transparentes. S’il y a une loi que vous voulez passer, si elle est vraiment juste, pourquoi ne pas la dévoiler au grand jour?
MC : Vous avez déjà dit que les services de soutien psychologique de l’UQAM sont défaillants. De quelle manière?
MD : Il faut vraiment beaucoup de temps pour avoir un rendez-vous. Avec la pandémie, ça a triplé le temps d’attente.
ÉD : Tu as droit à trois séances gratuites, et après rien. Il n’y a pas d’autres séances que tu peux avoir. Après ça, il faut que tu ailles soit au public, mais là il y a des listes d’attentes assez phénoménales, soit au privé et là, veut, veut pas, ça coûte assez cher. […] Je pense que ce serait pertinent de changer ça, soit d’en offrir plus, soit d’offrir de continuer là [avec le service de soutien psychologique de l’UQAM] en payant.
MC : L’un des éléments principaux de votre plateforme est la lutte contre la discrimination. Que devrait faire l’UQAM à ce sujet?
MD : Je voudrais déjà qu’on laisse la parole aux personnes concernées, et aussi que l’UQAM reconnaisse vraiment qu’il y a du racisme systémique. L’autre jour, Élizabeth et moi avons rencontré des groupes d’étudiantes en sexologie. Il y avait un cours qui parlait d’intersectionnalité, et les étudiantes nous avaient dit que tous les profs qui le donnaient n’étaient pas des profs issus des minorités visibles. […] Il faudrait vraiment que cette diversité, ce respect des communautés, cette lutte contre le racisme soient vraiment représentés au sein de l’UQAM.
MC : À ce sujet, vous vous êtes positionnées contre la Loi 21 et la réforme du PEQ. Qu’attendez-vous de l’UQAM?
MD : Si tous les recteurs et toutes les rectrices des universités du Québec disaient au gouvernement de la CAQ que la loi 21, au-delà du caractère antireligieux, c’est vraiment une loi très raciste […] je pense que ça aurait un gros poids.
ÉD : Il y a des chambres de commerce, des syndicats qui se sont positionnés de façon plus claire [contre la réforme du PEQ] en disant « ça va nous faire perdre des travailleurs ». […] Il n’y a pas de raison pour que l’UQAM ne fasse pas ça aussi. Surtout que l’UQAM bénéficie énormément des étudiants et étudiantes issu(e)s de l’international, continue de les inviter ici, toujours sans leur dire que « vous pouvez venir ici, mais dans trois ans il va probablement falloir plier bagage et retourner dans votre pays ou aller en Ontario ».
MC : L’environnement est aussi l’un de vos chevaux de bataille. Qu’en est-il de ce côté?
MD : Quand on écrivait pour la campagne, on avait même du mal à trouver des informations sur ce que l’UQAM fait et ne fait pas en matière d’environnement, donc cela ne montre pas trop leur bonne foi […] L’UQAM a vraiment les bras croisés sur ce sujet. Elle ne veut pas montrer ses états financiers par rapport à ça.
ÉD : On ne sait pas c’est quoi l’état actuel [des mesures environnementales] à l’UQAM et je pense que c’est l’une des grandes problématiques. Il n’y a pas beaucoup de reddition de comptes. […] On parle de mettre en place un plan, ce qui n’est pas fait pour l’instant. On ne sait pas en ce moment ça ressemble à quoi les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie. […] En gestion des matières résiduelles, le fait qu’il n’y ait pas de compost sur le campus est un problème. […] Le fait qu’on ne parle pas d’environnement et de développement durable dans nos cours, ça, c’est majeur.
MC : Vous ne possédez que 2 votes sur 16. Quel est votre réel pouvoir décisionnel sur tous ces enjeux?
ÉD : On a le pouvoir de critiquer, de nommer les problèmes, de ramener les enjeux qui seraient peut-être oubliés. Je ne pense pas qu’on ait le pouvoir de faire basculer des décisions. Ce n’est pas vrai que Mariama et moi à nous deux on va renverser le pouvoir et on va tout changer, mais je pense que c’est vraiment plutôt de nommer des choses qui auraient pu être oubliées et d’insister sur des problèmes peut-être pas vus, ou qui sont tassés rapidement par le reste du CA.
MD : Notre campagne était basée sur ça, être vraiment critiques. Même si on ne peut pas vraiment changer les choses, on peut montrer qu’on est là, qu’on représente 39 000 personnes. […] Ça va être nos deux votes ou nos abstentions, on n’a pas vraiment d’autre pouvoir, mais au moins montrer à l’UQAM qu’il y a vraiment une ligne rouge qu’on ne peut pas franchir, et aussi rendre ça beaucoup plus visible pour nos collègues étudiants et étudiantes.
Les représentantes sont joignables sur leur page Facebook. Elles seront en poste pour les deux prochaines années.
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