La population étudiante s’est mobilisée et s’est prononcée. Le mouvement de la rémunération des stages a vu son appui chuter drastiquement pendant une période clé, durant laquelle un message clair aurait pu être envoyé au ministre de l’Éducation et l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge.
Il y a près d’un an, le ministre des Finances Carlos Leitão implantait un fonds annuel de 15 millions de dollars, afin d’offrir une compensation pour le stage final des enseignants et des enseignantes en éducation. « Cela a de quoi insulter une fois de plus le mouvement étudiant, qui réclame activement depuis deux ans la rémunération de tous les stages », avait alors déclaré l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE), en réaction au budget libéral.
Le gouvernement de François Legault déposera le 21 mars prochain son tout premier budget. À moins d’une surprise, aucune nouvelle allocation devrait permettre aux stagiaires de souffler. Pour preuve, le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a indiqué en janvier dernier que les scénarios envisagés pour améliorer les conditions de travail des stagiaires ne seraient présentés qu’en avril.
Le mois de février se présentait comme un test pour une mobilisation qui venait de culminer en novembre, alors que 60 000 étudiants et étudiantes avaient débrayé pour envoyer un message fort au gouvernement caquiste.
Le mouvement a d’abord essuyé un coup dur lorsque les membres de la Faculté d’éducation se sont opposé(e)s à une grève générale illimitée. Difficile de dire si ce résultat a eu un impact sur le vote des autres facultés, mais seulement 16 000 Uqamiens et Uqamiennes débraieront au cours du mois de mars, dont quatre associations modulaires de l’ADEESE.
Du 18 au 22 mars, le nombre d’étudiants et d’étudiantes oscillera probablement entre 30 000 et 40 000 à la grandeur de la province, loin du plateau atteint en novembre dernier.
Rien pour aider, les dissensions au sein de la mobilisation étudiante ont de nouveau fait surface récemment. Le mouvement Stagiaires en solde a déposé une proposition de projet de loi qui prévoit d’assujettir les stagiaires à la Loi sur les normes du travail, tout en intégrant une compensation salariale. Cette revendication « détourne le mouvement », expliquait la militante au Comité unitaire pour le travail étudiant (CUTE-UQAM) Mathilde Laforge.
Il va sans dire que la force et la crédibilité du mouvement gagneraient si les militants et les militantes présentaient un front commun et un plan à sens unique au gouvernement Legault.
Devant la complexité – trop souvent évoquée – de la structure des stages, les acteurs et les actrices de la mobilisation devront plus que jamais se serrer les coudes, puisque le travail ne fait que commencer.
Surtout que les effets commencent à se manifester.
Le ministre Roberge tend l’oreille et l’administration de l’UQAM, fidèle à son habitude, envoie des communiqués qui ont simplement pour but de refroidir les ardeurs des grévistes.
Le tout dernier a d’ailleurs largement fait réagir. « Les partenaires externes issus des milieux de pratique et des ordres professionnels sont en effet étroitement associés à l’acquisition des compétences et à la reconnaissance des apprentissages réalisés, indiquait le 22 février dernier la vice-rectrice à la Vie académique par intérim Danielle Laberge. Rappelons en ce sens qu’il n’existe aucune garantie que les périodes de stage manquées pourront être reprises ou complétées. »
« Nous vous assurons que si vous ne vous présentez pas à votre stage, il est impossible de vous imposer une situation d’échec pour cette raison », ont répliqué les déléguées étudiantes au conseil d’administration de l’UQAM, Stéphanie Thibodeau et Maxine Visotzky-Charlebois.
Le mouvement de la rémunération des stages ne peut se permettre de s’effondrer et de voir ses tentacules se rétracter. Dans un avenir rapproché, du moins, les milliers de stagiaires devront continuer de travailler avec acharnement, et ce, sans la moindre reconnaissance.
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