Une idée de projet de loi sur la rémunération des stages qui divise les groupes militants

Les Comités unitaires pour le travail étudiant (CUTE) ont condamné l’initiative du mouvement « Stagiaires en solde », qui propose d’assujettir les stagiaires à la Loi sur les normes du travail afin de mettre de l’avant la compensation financière plutôt que la rémunération des stages.

En plus de considérer les stagiaires au même titre que les travailleurs et travailleuses aux yeux de la loi, le projet vise à mettre sur pied une compensation financière des stages par l’employeur ou l’employeuse.

Le président de l’Union étudiante du Québec (UEQ), Guillaume Lecorps, entend par compensation le fait que les étudiants et les étudiantes devraient pouvoir bénéficier de « la solution optimale pour chaque domaine d’étude, que ce soit un salaire, une compensation ou une bourse. »

Le projet de loi présenté vise également à donner aux stagiaires la même protection que les travailleurs et les travailleuses en ce qui a trait au harcèlement psychologique et sexuel, mais aussi aux accidents en milieu de travail ou aux demandes de congé pour décès d’un proche. « Tout ça n’est pas toujours offert aux stagiaires, surtout dans le domaine du public », explique Guillaume Lecorps en entrevue au Montréal Campus.

Selon les CUTE, le projet chapeauté par la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’UEQ « ne va pas assez loin. » « Retirer l’exclusion des stagiaires de la Loi sur les normes du travail, ce n’est pas suffisant. Ce n’est pas un réel statut de travailleur, et ça ne permet pas d’être valorisé. On revendique la rémunération de tous les stages, dans tous les domaines », a déclaré la militante Sandrine Boisjoli sur la page Facebook du CUTE.

De son côté, la militante au CUTE-UQAM Mathilde Laforge croit que cette revendication « détourne le mouvement. » Le fait que les fédérations étudiantes mettent de l’avant une compensation financière plutôt qu’un salaire à tous les niveaux de stages est incompatible avec la campagne des CUTE, selon elle.

« Les fédérations étudiantes sont dans une posture de bonne entente avec le gouvernement, ça démontre qui elles représentent et qui elles ne représentent pas », ajoute la militante en rappelant que les CUTE n’étaient pas issus des mêmes établissements que ceux des fédérations. Établissements qui, par ailleurs, n’avaient pas participé à la semaine de grève de novembre 2018, souligne Mathilde Laforge.

Avec la proposition de Stagiaires en solde, Guillaume Lecorps ne cherche pas à entrer dans « une guerre de clochers », a-t-il tenu bon de préciser.

« On est en support au mouvement de grève, mais nos associations ne se sont pas dotées de mandat de grève. Si le gouvernement fait perdurer la situation actuelle, on sera [alors] en support de ces méthodes-là », affirme-t-il. Il soutient également que « l’amélioration des conditions de stage est indissociable de la compensation financière. »

« Une revendication sans rapport de force, c’est insuffisant », avance Sandrine Boisjoli.

photo: LOUIS-XAVIER PICARD VOLTAÏC PHOTOGRAPHIE

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