À l’occasion de la Journée internationale des femmes, le collectif Force des Filles, Force du Monde a présenté, le 8 mars dernier, son documentaire intitulé IntersectionnELLES. Rassemblant huit femmes issues de différentes minorités québécoises, le court métrage montre la force du mouvement féministe et inspire les femmes à s’épanouir dans leur quotidien. Le Montréal Campus a rencontré trois des têtes d’affiche du documentaire.
Dang Thi Truc Mai est la première policière asiatique du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Éduquée selon des valeurs d’égalité entre les hommes et les femmes, elle continue aujourd’hui de transmettre ces principes aux jeunes du quartier Saint-Léonard.
« Si je peux montrer aux autres femmes qu’elles peuvent aussi devenir quelqu’un de spécial et se démarquer, je vais le faire », dit-elle.
À l’âge de deux ans, à la suite de la mort de sa mère, elle fuit le Vietnam avec son père, son frère et ses trois sœurs. Après avoir vécu dans des camps de réfugiés pendant cinq ans, sa famille s’installe au Québec.
Dang Thi Truc Mai admire son père, qui lui a transmis les valeurs féministes qu’elle prône aujourd’hui. Bien qu’il ait grandi dans un pays communiste, où les préoccupations sociales peuvent différer des enjeux féministes, il n’a jamais remis en question l’égalité des sexes.
« Ce n’est pas parce que je suis une femme que je veux prendre ma place, c’est parce que je suis un être humain », ajoute la policière, avec un sourire aux lèvres en pensant à son père.
Parler pour la cause
À l’autre bout de la pièce, en train de discuter avec d’autres jeunes filles, se trouve Kharoll-Ann Souffrant. Âgée de 25 ans, la travailleuse sociale d’origine haïtienne s’implique auprès de femmes en situation d’itinérance et de pauvreté, de victimes d’agression sexuelle ainsi que de familles en difficulté.
Ayant grandi dans une famille majoritairement féminine et élevée par une mère monoparentale, elle dit avoir toujours été entourée de valeurs féministes, sans nécessairement en avoir conscience.
En tant que travailleuse sociale et conférencière, Kharoll-Ann Souffrant cherche à transmettre un message d’espoir aux communautés féministes. « Avant de faire des conférences en santé mentale, mes parents étaient craintifs de ce que les gens allaient dire de moi, mais j’ai une personnalité forte et je voulais m’affirmer. Je n’avais pas à m’excuser d’exister », souligne-t-elle.
« J’ai seulement 25 ans et je me rappelle très bien ce que c’est d’être une jeune fille. C’est important pour moi de redonner ce que j’ai reçu », ajoute-t-elle. Kharoll-Ann Souffrant s’implique auprès des jeunes et s’imprègne de chaque femme qu’elle rencontre sur son chemin.
Redéfinir le féminisme
Elsy Fneiche, de culture libanaise, nouvellement mère et psychoéducatrice auprès de jeunes filles, prête aussi sa voix à la cause féministe. Elle explique néanmoins qu’elle ne s’y est pas rapidement attachée, puisqu’elle la percevait au départ comme une lutte appartenant seulement aux femmes blanches.
« Pendant longtemps, au Québec, on a refusé que le voile soit associé au féminisme. C’était plutôt un emblème de soumission, donc je n’ai pas rapidement fait le lien quant au fait que j’étais féministe », précise-t-elle.
C’est surtout avec l’apparition de la nouvelle génération de féministes qu’elle a trouvé sa voie parmi tous les discours d’émancipation. « Ce n’est pas un privilège réservé aux blanches. C’est là que j’ai commencé à accepter mon féminisme, parce que j’y trouvais ma place », souligne Elsy Fneiche.
Sa formation de psychoéducatrice lui permet de développer une relation de confiance avec les femmes qu’elle côtoie. C’est ce qui l’encourage à se battre pour la cause tous les jours. « Je me suis rendu compte que j’avais accès à des souffrances que les femmes vivaient en silence, mais qui étaient souvent communes, ajoute-t-elle. Ça m’agace de voir que les filles sont étiquetées et qu’elles vivent cette pression, parce que je connais [la vérité derrière] leur histoire. »
Elle trouve son inspiration parmi les femmes qui croisent son chemin. En les aidant à trouver leur identité, elle cherche à rétablir le déséquilibre entre les droits des hommes et ceux des femmes.
Si toutes les femmes présentées dans le documentaire IntersectionnELLES sont des figures des luttes pour la diversité culturelle et l’égalité des sexes, elles sont aussi le prélude d’un mouvement de solidarité qui les dépasse. « Il y a beaucoup plus que huit femmes inspirantes à Montréal. Au final, toutes les femmes gagneraient à être entendues », rappelle la membre du collectif Force des Filles, Force du Monde Mirona Ciungara.
photo : MICHAËL LAFOREST MONTRÉAL CAMPUS
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