À des kilomètres de ce qu’ont offert les Nicolet, Vincent Appelby et Éric Charland la semaine dernière, le panel d’artistes qui a pris d’assaut la scène du Cabaret Lion d’Or le 22 février a osé. Chloé Lacasse a cassé la glace avec son folk minimaliste, elle qui a raflé les honneurs du concours il y a de cela déjà cinq ans.
Ne vous y méprenez pas, malgré leur stress et leur look léger, Miss Sassoeur et les Sassys sont bien plus qu’une esthétique éclatée. Elles s’imaginent trompettistes, racontent des histoires de gens fauchés, les difficultés de s’intégrer, «enrobent de miel le côté négatif de la vie», selon les termes de Miss Sassoeur. Celle qui a lancé ce projet a une voix rauque, suave, à laquelle se mêlent celles de ses trois choristes Féline Dion, Tiny Turner et Rose Royce. Ces pseudonymes éclatés sont une manière de grossir un trait de leur personnalité. «Le mien est un clin d’œil au moment où, à Baie-Comeau, tout le monde me confondait avec ma sœur», ajoute en riant la principale intéressée. Le groupe fait revivre le Motown, où la voix était le moteur principal des chansons, «pas seulement un instrument, comme c’est souvent le cas», explique Miss Sassoeur. Gospel de ruelle, leur musique rythmée a fait claquer des doigts la foule réceptive du Lion d’Or.
Fougue sénégalaise
Dans un tout autre créneau, Sarahmée a présenté un rap fortement enrobé de sons pop commercial. Malgré tout, l’auteure-compositeure-interprète reflète l’image des rappeurs plus traditionnels, livre ses tripes au public avec une urgence dans la voix. Très proche du rap français, on pense beaucoup à la rappeuse Diam’s lorsqu’on écoute ses pièces. Celle qui compte déjà un album à son actif chante avec fougue ses textes inspirés de la difficulté de vivre entre deux continents. Sénégalaise d’origine, elle écrit sur son enfance et sa réalité d’aujourd’hui des textes rassembleurs et engagés. Sarahmée est une bête de scène, elle aime ce qu’elle fait et elle le transmet aux gens. Étrangement, beaucoup des sons de sa prestation étaient préenregistrés, que l’on pense aux voix des choristes, de certaines notes de piano ou de violon. Ça n’a toutefois pas empêché la foule et les juges de la nommer grande gagnante de la soirée.
Une expérience réussie
Guillaume Mansour et ses nombreux collaborateurs ont finalement envahi la scène et ont largué une bombe en ce lundi tardif. Éclectique, à la jonction de plusieurs genres musicaux, «ce projet à géométries variables», comme le décrit son instigateur, livre ses pièces avec un plaisir palpable. Moune, mot aux multiples résonances, est ce qui décrit cette vibe propre à Guillaume Mansour Expérience, ce punk-rock-électro-folk aux textes chevronnés qui parlent de sexualité marginalisée et d’expérience de vie. Tout est permis. Ils branchent des basses dans des amplis de guitares et chantent un hymne à faire l’amour seul. Ils sollicitent tous les sens des spectateurs, les tenant en haleine jusqu’à la fin.
Ce sera au tour de Édwar 7, Les Passagers et Mclean de fouler la scène du Cabaret Lion d’Or le 23 février à 20h00.
Photo : Francouvertes
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