Après y avoir été rattachée en 2005 puis avoir retrouvé son autonomie en 2012, la TELUQ continue de palier un manque dans l’offre de cours à distance à l’UQAM malgré l’annonce du gouvernement Couillard quant à son avenir.
Depuis le 29 octobre, le gouvernement Couillard laisse planer le doute d’une possible abolition de la TELUQ, aussi connue sous le nom de « Télé-Université ». Le cabinet du ministre François Blais est en effet en train d’étudier l’organisation de la formation universitaire à distance. «On est en réflexion sur la formation à distance au Québec, le rôle que la TELUQ peut jouer, mais aussi les autres composantes », avait-il annoncé à La Presse. C’est Ginette Legault, ancienne directrice générale de la TELUQ qui sera chargé par le Ministère de « donner un élan à la formation à distance au Québec ».
«Faire une telle annonce est irresponsable », dénonce le président du syndicat des professeures et professeurs de la Télé-Université (SPPTU), Denis Robichaud. Ils veulent couper, mais ils ne savent pas où. C’est de l’improvisation plus qu’autre chose.» Dans la foulée des dernières restrictions budgétaires au sein du domaine de l’Éducation, le président de la SPPTU pense surtout que pour le ministre François Blais, «fermer des petites universités est plus simple que de s’attaquer aux grosses». Selon lui, le ministre ne sauverait en aucun cas de l’argent en fermant la TELUQ qui forme des étudiants à un prix réduit par rapport aux autres universités dont les infrastructures viennent peser lourd dans la balance.
L’épée de Damoclès qui plane sur la TELUQ est problématique selon la directrice générale de l’Association étudiante de la TELUQ (AÉTÉLUQ) Patricia Julien. «Les déclarations du ministre de l’Éducation ont causé de vives inquiétudes chez les étudiants», affirmait-elle dans un communiqué le 4 novembre.
Aucune autre alternative
« J’ai eu un pincement au cœur quand je l’ai appris», raconte Prisca Benoît, ancienne étudiante au baccalauréat en journalisme à l’UQAM, qui prend maintenant des cours à la TELUQ pour compléter son cursus tout en travaillant à temps plein. « C’est une des seules options qu’il me reste pour finir mon bac ». Cette étudiante, comme près de 18 000 autres chaque année, a choisi la TELUQ pour sa grande flexibilité entre inscriptions en continu et cours à la carte.
« Pour l’UQAM, la TELUQ est un partenaire » annonce la porte-parole de l’UQAM Jenny Desrochers. En effet, beaucoup d’élèves de l’UQAM suivent des cours à la TELUQ en parallèle. Pour Prisca Benoît, suivre des cours à distance avec l’UQAM était compliqué, voir impossible, pour compléter son baccalauréat. Elle a donc fait le choix, grâce aux ententes interuniversitaires, de prendre des cours à la TELUQ. Cette reconnaissance interuniversitaire des acquis est assez bonne selon le président de la SPPTU qui affirme qu’une compétition dans le domaine serait plutôt malsaine. De plus, elle rend le basculement d’une université à une autre relativement facile selon les formations, explique-t-il.
« Fermer la TELUQ, c’est enlever l’expertise », estime Denis Robichaud. La TELUQ est présente au Québec depuis 1972 et est la première et seule université de la province à faire uniquement de la formation à distance, rappelle-t-il. « Elle regroupe une clientèle diversifiée qui ne pourrait pas continuer sa formation sans cette manière d’enseigner », explique le président de la SPPTU en citant les habitants des régions, les femmes qui ont des personnes à charge ou encore les militaires. Selon lui, les autres universités ont besoin de l’expertise de la TELUQ car leurs cours à distance s’inspirent fortement de ceux qu’ils offrent.
Un modèle complémentaire
Quant à elle, l’UQAM propose un « modèle hybride ». «L’étudiant doit se présenter à certains cours seulement, mais pendant le trimestre il doit compléter un apprentissage à distance», explique Jenny Desrochers. Des plates-formes comme Moodle permettent notamment un échange simplifié entre les étudiants et leurs professeurs. Elle rappelle toutefois que certaines formations sont plus favorables à ce type d’enseignement que d’autres. «Ça ne dépend pas que de l’UQAM, il faut que ce soit aussi la volonté des professeurs, précise-t-elle. Il y en a qui adhèrent à cet environnement numérique à distance et d’autres qui préfèrent un mode d’enseignement plus traditionnel», ajoute la porte-parole de l’UQAM. Il existe entre autre une formation que peuvent suivre les professeurs de l’UQAM pour s’habituer à donner des cours à distance.
Mais aucun cursus scolaire n’est proposé uniquement distance. Pour preuve, lorsque l’on demande au Registrariat des renseignements au sujet des formations à distance que propose l’Université la réponse est que « l’UQAM n’offre pas de formation à distance» et qu’il est mieux de se «renseigner directement à la TELUQ ». Preuve que la «Télé-université» est encore partie prenante du réseau d’enseignement à distance.
Photo : teluq.ca
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