La vague orange troublait les eaux atones de la scène fédérale en 2011, déversant dans l’opposition officielle des députés néo-démocrates en majorité inexpérimentés. Produit de cette déferlante, les Sherbrookois ont mandaté Pierre-Luc Dusseault de les représenter à Ottawa. Il avait 19 ans.
À l’orée des élections fédérales prévues à l’automne 2015, le flegmatique politicien à la bouille sympathique ne ralentit pas la machine. Fort actif auprès de ses concitoyens, il lutte toujours contre l’indolence des conservateurs afin d’obtenir une réfection des installations aéroportuaires de Sherbrooke. Pierre-Luc Dusseault s’est découvert un goût avisé pour la politique lorsqu’il a entamé ses études collégiales au Cégep de Sherbrooke. «Je suivais beaucoup les débats à la Chambre des communes pendant ma première année», relate celui qui carburait davantage aux prises de bec des élus qu’à la matière dispensée par ses enseignants. «Quelques-uns de mes amis trouvaient ça un peu spécial qu’au lieu d’écouter le professeur en classe parfois j’étais branché sur mon ordinateur pour [suivre] la période de questions», lance-t-il à la blague, réprimant un léger rire. D’une voix placide, il soutient que c’est à ce moment qu’il a commencé à s’intéresser à la politique.
Les valeurs de justice sociale et d’équité véhiculées par le regretté Jack Layton l’ont accroché. Comme plusieurs, il n’est guère resté insensible au charisme de l’ex-chef néo-démocrate. «J’ai décidé de m’impliquer au NPD pour une raison bien simple: je trouvais que le message de Jack était un message d’espoir», résume-t-il. Séduit, l’étudiant originaire de Granby a multiplié ses implications au sein du Nouveau parti démocratique (NPD), animé par ce souhait de se familiariser avec les rouages des diverses instances de la formation et de «faire sa part».
Diplôme en poche et toujours porté par ce goût pour la politique qui ne tarit guère, Pierre-Luc Dusseault a amorcé un baccalauréat en études politiques appliquées à l’Université de Sherbrooke. Parallèlement à la poursuite de ses cours, il a fondé le club campus néo-démocrate de l’université, où il a agi à titre de président. Il a occupé de surcroît la présidence de l’association du Nouveau parti démocratique de sa circonscription fédérale. À la lumière de ces implications, il atteste que cette décision de briguer les couleurs du NPD aux élections fédérales de 2011 n’était pas étrangère à ce choix de cursus universitaire. «C’est sûr que lorsque je me suis inscrit dans le programme de politique, c’était dans le but, d’une façon ou d’une autre, de travailler de près ou de loin en politique», explique-t-il.
L’étoffe d’un député
Au printemps 2011, Pierre- Luc Dusseault est choisi par les militants néo-démocrates de son comté pour la course à la députation de Sherbrooke. Il a ainsi vécu fébrilement ses premières élections comme candidat, mais aussi comme simple citoyen désormais en âge de voter.
Au mois de mai de la même année, la vague orange secouait le Québec. Un vent de fraîcheur impétueux a soufflé sur la colline parlementaire alors que la province confiait à 55 députés le soin de défendre ses intérêts à Ottawa. Figure de proue de ce «flot politique», Pierre-Luc Dusseault a défait le bloquiste Serge Cardin en poste au Parlement depuis 1998. Âgé de seulement 19 ans, l’étudiant originaire de Granby est devenu de facto le plus jeune député de l’histoire élu à la Chambre des communes du Canada.
Une fois la tempête passée, la recrue a craint faire l’objet d’une «stigmatisation» récriminante par ses collègues des autres formations politiques. «C’était la crainte que j’avais avant d’arriver à Ottawa, à savoir avec quel sérieux mes collègues des autres partis allaient me prendre», confesse-t-il d’une voix impassible.
Le 24 avril, le chef nouvellement élu Thomas Mulcair a nommé Pierre-Luc Dusseault à la présidence du Comité permanent de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique (ETHI). Le député estime que cette marque de déférence que lui a témoignée son chef a sans doute contribué à «asseoir sa réputation» auprès de ses collègues. «Ça m’a permis de travailler avec les députés de tous les partis puis de gagner une certaine confiance, un certain respect», indique-t-il. Abstraction faite de ses craintes initiales désormais dissipées, le député fédéral dresse un bilan positif de ces quatre dernières années passées à servir et défendre les intérêts des citoyens et citoyennes de sa ville d’adoption. «Je suis satisfait, mais ce sera à la population de Sherbrooke de décider à l’automne si eux aussi sont satisfaits», tranche-t-il.
Pierre-Luc Dusseault a aujourd’hui 23 ans et une expérience appréciable au sein de l’appareil étatique canadien. Celui qui n’envisage pas la défaite aux prochaines élections rappelle les petites victoires que son équipe parvient à accomplir au quotidien. «Je pourrais vous dire qu’à tous les jours ou presque, on réussit à régler des dossiers de citoyens à mon bureau de circonscription, énonce-t-il. Je suis satisfait de mon bilan, j’ai fait de mon mieux.»
Photo : Flickr Pierre-Luc Dusseault
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