Les engrenages s’enclenchent chez les associations étudiantes qui tentent de convaincre leurs membres de joindre les rangs d’une lutte généralisée contre les politiques austères du gouvernement.
Sous le sceau de la lutte contre l’austérité, le mouvement étudiant renaît, avec la justice sociale comme cheval de bataille. Les associations étudiantes, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) en tête, ont commencé leur escalade des moyens de pression par la manifestation costumée du 31 octobre. Leurs actions devraient augmenter petit à petit puisqu’ils veulent se faire entendre à l’Assemblée nationale du Québec.
Les associations étudiantes de l’UQAM préparent la table pour joindre la lutte contre l’austérité, une politique économique qui réduit le revenu des ménages. Cinq des sept associations étudiantes de l’université, l’AFELC*, l’AFEA* et l’AFESPED*, l’ADEESE* et l’AFESH* ont participé à la une journée de grève le 31 octobre à l’occasion de la manifestation de l’Halloween. L’Association facultaire étudiante de langues et communication (AFELC) a l’habitude de suivre ce genre de cause, selon son responsable aux affaires sociopolitiques, Gabriel Lepage. «L’AFELC a une position depuis 2012 contre l’austérité et lutte aussi à cet effet», explique l’étudiant.
Au Québec, plus de 82 000 étudiants étaient une grève en vue de la manifestation «L’austérité est une histoire d’horreur !». L’ASSE, composée de plus de 70 000 membres de cégeps et d’universités, a réaffirmé la position adoptée à la suite de son congrès automnal par la voix de sa porte-parole Camille Godbout. «On a décidé de poursuivre notre lutte contre l’austérité notamment dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la culture, déclare-t-elle. Nous visons tout ce qui a trait aux compressions, aux gels des embauches, à la hausse des frais et à la privatisation des services publics.»
De part et d’autre, les associations étudiantes sentent monter une certaine effervescence parmi leurs membres. Gabriel Lepage croit qu’un mouvement social d’envergure devrait surgir dans les prochains mois. «La grève générale est en train de se forger partout, il y a un mouvement social en construction, mais il n’est pas encore en application.» Camille Godbout seconde les propos de son confrère de l’AFLEC. «Les propositions de l’ASSE émanent de toutes les associations étudiantes au Québec, lance la porte-parole. On sent vraiment qu’il y a une forte mobilisation parmi les associations.» Plusieurs milliers de personnes ont participé à la manifestation du 31 octobre. Les manifestants n’avaient pas donné l’itinéraire de la marche costumée aux autorités, ce qui n’a pas empêché l’évènement de se dérouler dans le calme et sans heurt. Plusieurs ont qualifié la manifestation du plus grand mouvement citoyen depuis la grève générale illimitée du printemps 2012.
Malgré cette relance du mouvement étudiant, l’ASSE et l’AFELC rejettent la prise de position sur une grève générale illimitée pour les prochains mois. «Nous restons attentifs et intéressés, mais on n’embarque pas encore. On regarde», expose Gabriel Lepage. L’ASSE attend son congrès hivernal pour réévaluer la situation et la possibilité d’utiliser un tel moyen de pression. Pour l’instant, les associations étudiantes vont continuer à aller prendre le pouls de leurs membres et faire de la mobilisation. Les manifestations prévues cet automne sont des coups de sonde pour les associations, notamment celle du 31 octobre et du 12 novembre. «Ce sont les premières pierres d’assise d’une éventuelle escalade des moyens de pression», croit Camille Godbout.
Embûches aux étudiants
Les coupes du gouvernement sont nécessaires pour la province, maintient la porte-parole au Ministère de l’Enseignement supérieur, Yasmine Abdelfadel. «On est rendu là. On est obligé de le faire et on va le faire», soutient-elle. Pour Québec, les coupes ne sont pas perçues comme des procédures d’austérité comme le pensent les étudiants, selon l’attachée de presse. «C’est plutôt une question de redresser les finances publiques et de relancer l’économie du Québec», martèle Yasmine Abdelfadel. La porte-parole de l’ASSE contredit cette idée. «Quand on voit le saccage de tous nos acquis sociaux au Québec, on peut dire que oui, c’est de l’austérité», rétorque Camille Godbout.
Pour les étudiants, les coupes en éducation affectent directement les services aux élèves sur les campus, selon l’ASSE. «On voit entre autre des cégeps et des universités couper dans les soins infirmiers et les services d’aide psychologique», mentionne la porte-parole de l’association. Elle ajoute que les campus en région sont dans les premiers à souffrir des compressions du gouvernement en éducation.
Le succès d’un mouvement social d’envergure réside dans la solidarité entre les différents groupes de pression, selon Camille Godbout. «On appelle et on supporte toutes les initiatives qui servent à créer des liens entre les différents groupes dans la lutte contre l’austérité, explique-t-elle. On croit vraiment que c’est de cette façon qu’on va réussir à aller rejoindre le plus de gens possible puis combattre et vaincre les mesures d’austérité.» L’ASSE fait notamment partie de la Coalition main rouge où se côtoient syndicats, groupes communautaires et féministes.
La porte-parole du ministre Yves Bolduc, Yasmine Abdelfadel, invite les étudiants, les aînés et les travailleurs à participer au «dialogue social» que le gouvernement a entamé par la Commission de révision permanente des programmes. Dans le cadre de cette commission instituée en juin dernier, un site Internet a été mis sur pied pour récolter les avis les citoyens. Cet appel, bien entendu par les associations étudiantes, s’est plutôt traduit par une première manifestation d’envergure à laquelle plusieurs associations de l’UQAM et de l’ASSE ont pris part.
Acronymes:
*AFELC: Association facultaire étudiante de langues et communication
*AFEA: Association facultaire étudiante des arts
*AFESPED: Association facultaire étudiante de science politique et droit
*ADEESE: Association des étudiants et étudiantes en science de l’éducation
*AFESH: Association facultaire des étudiants en sciences humaines
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