Comme les grands

Des élèves d’écoles primaires et secondaires monteront sur les planches de la Salle Marie-Gérin Lajoie le 17 décembre prochain. Châpeautés par les étudiants de troisième année en enseignement de l’art dramatique, ces acteurs d’un soir présenteront la création originale Touski.

«Le projet a été réalisé en partenariat avec l’organisme Une école montréalaise pour tous, dont la mission est de soutenir la réussite scolaire des jeunes Montréalais issus des milieux défavorisés», explique le dramaturge et chargé de cours à l’École supérieure de théâtre Gilles-Philippe Pelletier. La pièce Touski réunit six minis créations. Parfois loufoques, parfois plus engagées, ces mini-créations ont toutes été mises en scène par des étudiants de l’UQAM et conçues pour les élèves des écoles primaires Sainte-Colette, Saint-Arsène, Lucille-Teasdale et Saint-Anselme, ainsi que les élèves de l’école secondaire Joseph-François Perreault.

Pendant quinze semaines, pour un total en moyenne de 30 heures, les jeunes élèves ont rencontré leurs metteurs en scène dans leurs écoles primaires respectives, afin d’expérimenter les différentes voies de la création théâtrale. Plutôt que de leur faire apprendre machinalement un texte par cœur, la plupart des metteurs en scène ont préféré donner carte blanche aux comédiens et laisser libre court à leur imagination. «L’objectif est d’amener les jeunes à se sentir à l’aise avec ce qu’ils présentent, estime le prof-superviseur. C’est beaucoup le processus qui compte pour nous. Ici, c’est comme une fête, c’est l’aboutissement de beaucoup d’efforts», croit le superviseur

Selon Guillaume Champagne, l’un des étudiants en charge de la mise en scène, les étudiants en théâtre, tout comme les jeunes élèves des écoles primaires et secondaires, en ont tiré un grand apprentissage. L’étudiant s’est retrouvé avec un groupe d’étudiants atteints du trouble envahissant du développement, qui crée des difficultés d’interaction sociale. Cela lui a permis d’apprendre à simplifier sa pensée et à aller à l’essentiel. «Je devais peser chaque mot et prendre soin d’utiliser un vocabulaire précis pour qu’ils puissent parfaitement me comprendre», raconte-t-il.

Certains élèves, nouvellement arrivés au Québec et issus de classes d’accueil, s’exprimaient timidement en français au début du projet. Pour s’assurer que ces élèves se sentent à leur place, l’étudiante en théâtre Zoulikha Rehab a décidé de miser sur le non-verbal et le jeu corporel pour la mise en scène de ses créations. «Le corps est un outil formidable et les jeunes l’ont vite compris», affirme celle qui a décidé d’aborder les sujets de l’environnement et des enfants soldats dans la pièce. À son avis, au fil des semaines et à force de répéter, ces jeunes ont gagné en confiance et ont développé une meilleure communication orale.

Pour Gilles-Philippe Pelleter, ce projet a permis à des enfants pour qui l’accessibilité aux arts est parfois moindre de sortir de leur zone de confort. « Faire du théâtre, c’est la chance de pénétrer dans un autre univers, celui de la création ou des textes d’auteurs, s’emballe-t-il. C’est une expérience unique qui nous met en contact avec des mondes différents, drôles ou tragiques, pour vivre des sensations et des aventures autres que celles de nos propres vies.»

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