Unique en son genre

Derrière ses murs bruns, l’UQAM cache des traits féminins. De plus en plus, l’Université du peuple s’impose comme une avant-gardiste du féminisme avec la combinaison d’un militantisme actif et de recherches reconnues.

La démocratisation du savoir a fait de l’UQAM un foyer unique pour le féminisme. À l’époque, l’Université a ouvert ses portes aux groupes marginaux dont les femmes. Reconnu à l’échelle de la francophonie, l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) de l’UQAM fait gagner une crédibilité certaine à l’université à l’international. Des balbutiements de l’Université du peuple à aujourd’hui, l’UQAM a joué un rôle important dans l’avancement du droit des femmes.

Avec un certificat, une mineure et plusieurs concentrations aux trois cycles universitaires en études féministes, l’université a institutionnalisé la lutte des femmes en son enceinte. «Ces cours rendent l’UQAM tout à fait unique dans l’ensemble de la francophonie. Même la France ou la Suisse ne peuvent se targuer de présenter un féminisme aussi dynamique», affirme la professeure directrice de l’IREF-UQAM, Sylvie Paré. «Nous avons acquis une visibilité, un respect et du financement auprès de l’UQAM», soutient-elle.

Le féminisme n’occuperait pas cette place prépondérante sans l’apport du Protocole UQAM/Relais-femmes, une organisation qui regroupe divers rassemblements de recherche sur les femmes. «Il favorise grandement la construction et la mise en commun des savoirs sur le féminisme», assure Sylvie Paré. L’entraide permet de ficeler les liens entre les avancées théoriques de chercheurs et la réalité pratique auprès des militantes. «Ces initiatives permettent aujourd’hui à l’IREF de raffiner et d’avancer ses recherches dans le domaine», complète la directrice de l’Institut.

Cette renommée en études féministes fera de l’UQAM l’hôte du septième Congrès international des recherches féministes dans la francophonie. À Montréal, seules l’Institut Simone de Beauvoir de l’Université Concordia qui se spécialise dans l’étude des genres et des diversités sexuelles rivalise avec le féminisme uqamien.

Si l’UQAM est en avance sur la place du féminisme à l’université, plusieurs batailles restent à gagner. Les chercheuses souhaitent que L’UQAM revienne à la féminisation des communications abandonnée dans les années 90 par lourdeur bureaucratique. «L’illusion d’égalité a baissé nos gardes et nous souhaitons revenir à cette féminisation. Reste néanmoins que l’UQAM est déjà à 80 % féminisée», estime Francine Descarries, professeure responsable du ReQEF qui réunit des chercheurs du féminisme de partout au Québec. L’Université du peuple doit maintenant reconnaître et intégrer le rôle des femmes à l’ensemble de ses disciplines. «Nous voulons réhabiliter la contribution des femmes dans l’enseignement à l’UQAM», précise Francine Descarries. Le procédé commence entre autres par la valorisation du rôle des femmes dans les cours d’histoire.

 

Conjuguer le passé au féminin

Née du rapport Parent sur le système d’éducation québécois, l’UQAM avait pour rôle d’accroître l’accessibilité à l’éducation universitaire. Par ce mandat, les femmes y sont d’abord et avant tout entrées parce que c’était l’une des seules portes ouvertes à leur genre. «L’UQAM avait alors un prestige moindre et ces missions d’ouverture ont permis à plusieurs femmes d’entrer à l’université comme professeures et étudiantes», se souvient la professeure responsable du ReQEF, Francine Descarries. Un groupe de chercheuses militantes s’est démarqué du lot avec la création d’une association pour la recherche féministe, ancienne entité de l’IREF fondée par Anita Caron.

Ce militantisme à la base de l’UQAM s’affiche aussi auprès de ses étudiants. Le Centre des femmes de l’Université sensibilise la population sur la condition des femmes de 1973 à aujourd’hui. Par exemple, des féministes de l’UQAM se sont dénudées devant le conseil d’administration pour dénoncer le manque de transparence de l’instance décisionnelle, il y a cinq ans. D’autres femmes ont tenté d’annuler les initiations de la Faculté de communication cette année. «Nous pouvons émettre librement nos opinions à l’UQAM. C’est une université assez ouverte par sa vision progressiste et axée sur le changement», croit une exécutante du Centre des femmes, Karianne Pilote.

Le sort des femmes préoccupe l’UQAM depuis 40 ans. Selon Francine Descarries, un rapport d’entraide doit être entretenu sans arrêt, puisque la lutte des femmes est loin d’être terminée.

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