Maudit bordel

Pour enjoliver l’automne morose, Yves Desrosiers offre son tout dernier album, Bordel de tête. L’artiste ajoute sa dose toute personnelle de spleen à cette saison pluvieuse. Ce mélomane reconnu, qui a participé à de nombreuses compositions de Jean Leloup, nous présente dans son troisième opus ses adaptations musicales de grands poèmes.

Dans chacune des pièces, Desrosiers monte un décor, des personnages et un récit propres aux poètes oubliés qu’il fait revivre. Un peu à la Fred Pellerin, dans un français impeccable, il chante ces poèmes. Tout au long de l’album, un panorama de poésies défile dans notre tête, comme des actes qui se suivent au théâtre. L’opus est composé de quelques compostions d’amis poètes, comme Vladimir Vysotsky, ce qui donne des ambiances musicales diversifiées. Sans compter l’habile agencement de la voix et la guitare d’Yves Desrosiers, qui se fondent harmonieusement durant l’écoute de l’album.

Bordel de tête représente un vrai bordel. Pas de fluidité entre les morceaux, pas de ligne directrice dans l’album, sauf la volonté de rendre un dernier hommage aux poètes tel qu’Émile Nelligan et Gilbert Langevin. N’écorchant jamais ces reprises, Desrosiers y ajoute sa propre touche intime. Avec un choix d’interprétations éclectique et disparate, l’artiste confirme le désordre abordé dans le titre. Les poèmes sont repris pour ainsi représenter les réalités de la vie, comme celle d’une serveuse ennuyée dans Les éclopés ou la misère des maladies mentales dans Des schizophrènes.

Tous retiendront leur souffle à l’écoute de ce désordre de rythme et de paroles. Pendant un instant, le temps est suspendu.

Bordel de tête, Yves Desrosiers, album sorti le 20 août 2013.

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