Qui a dit que l’argent faisait le bonheur? Demandez à CUTV. La télévision étudiante fait actuellement face à une crise interne qui implique des bidous – beaucoup de bidous.
Disons que pour l’instant, ce n’est pas joli. On se traite de traîtres et on appelle à la conspiration sur Twitter et Facebook. Certains collaborateurs, qui doivent devenir de valeureux membres avant de s’associer à CUTV, déplorent le manque de transparence des responsables dans ce tourbillon d’incompréhension. Parce que malgré une croissance florissante, CUTV a perdu tous ses repères.
Récapitulation. Le 2 novembre dernier, des membres apprennent qu’ils n’auront pas accès aux locaux du média pendant trois jours. Le directeur de l’information, Aaron Lakoff, démissionne. La cause ? Un «conflit de travail» trop important.
Le 13 novembre, CUTV change sa photo de couverture sur Facebook pour y afficher une horrible œuvre photoshoppée, qui montre un mignon chien arborant le carré rouge. Mis à part la laideur de la chose, le message passe : «Ne tirez pas sur le chiot. Sauvons CUTV.» (Don’t shoot the puppy. Save CUTV.)
Don’t shoot the messenger s’est donc adapté au monde animal, tout en faisant la promotion du vidéojournalisme. Celui ou celle qui a pensé à cette campagne mérite un prix citron pour la forme, mais le contenu a bien passé.
Il y a quelques mois, la télévision étudiante a conclu un accord pour se dissocier de la Concordia Student Broadcasting Corporation (CSBC), qui chapeaute aussi la radio étudiante CJLO. Un conseil d’administration provisoire est mis en place jusqu’au 31 mai 2012, mais les trois membres remettent leur démission, suivis de la directrice Laura Kneale.
Nous voilà partis avec un autre C.A. de fortune composé de Wendy Kraus-Heitmann et la membre de CUTV Sabine Friesinger. La première démissionne, sous prétexte que CUTV devrait se réinventer, partir sur de nouvelles bases. Ne reste qu’une seule personne, du jamais vu, selon la CSBC.
Vous suivez toujours?
Revenons aux membres perplexes de CUTV. C’est The Link, le cousin anglais du Montréal Campus, qui leur apprend que l’Université Concordia a gelé les fonds bancaires de CUTV, en plus de barrer leurs locaux. La télévision universitaire croit que le président du CSBC Justin Giovannetti, aussi employé de la chaîne CTV, «s’est engagé dans une campagne de salissage contre CUTV».
Qu’on soit pour ou contre cette télévision universitaire, qui s’est montrée peu objective pendant la grève étudiante, il faut reconnaître qu’elle a botté les fesses aux médias dits «de masse» en revampant leurs façons de rapporter la nouvelle. Désormais, le direct prime. Les auditeurs veulent voir l’action complète : la commentatrice poivrée avec ses cris, la matraque qui prend son élan, les chevaux du SPVM qui manquent de détruire le matériel filmographique.
Laissons faire pour un instant les insultes lancées sur Twitter et Facebook. CUTV est-elle victime de sa propre popularité? Après tout, elle bénéficie d’un budget de plus d’un demi-million de dollars pour l’année 2012-2013, dont 45% provient des étudiants. Il s’agit d’une croissance exponentielle pour un média qui n’avait «que» 93 000 $ en 2010.
Un conflit de travail saura-t-il émietter CUTV? J’ose espérer que non. Une organisation qui a connu une telle visibilité ne saurait faire preuve de stabilité dans les mois qui suivent. Espérons que les responsables puissent voir clair à travers les nouveaux bidous verts en plastique et régler ce conflit rapidement.
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