L’histoire a de quoi désillusionner le plus fervent des syndicalistes. Elle débute en 2009. Un ancien chargé de cours de l’UQAM se fait montrer la porte de sortie par l’Université parce qu’il a fait une erreur dans sa déclaration d’emploi. L’enseignant en question, Claudio Benedetti, surpris, se tourne vers le Syndicat des chargés de cours de l’Université du Québec à Montréal (SCCUQ) pour contester la décision. Jusque-là ne devait se dessiner qu’une anodine bataille entre syndicat et employeur (voir texte Benedetti contre SCCUQ prise trois).
Le tableau peint par la suite, d’un illogisme déconcertant, est pourtant bien sombre. En quête de conseils auprès de son syndicat, Claudio Benedetti ne récolte que du sarcasme et du racisme. L’agent de relations de travail du SCCUQ, Jean-François Tremblay, interpellé par Claudio Benedetti, associe de façon mesquine les origines italiennes de l’ancien chargé de cours à l’entrepreneur en construction Tony Accurso.
«Le SCCUQ donne des réponses à vos besoins.» Le slogan de l’association professionnelle ne pourrait être plus éloquent.
Jean-François Tremblay a reconnu avoir fait de telles «blagues». Dans un premier jugement de la Commission des relations du travail, le juge Benoît Monette avait condamné les paroles discriminatoires de l’agent du SCCUQ et avait, entres autres, sommé le syndicat à verser 6 000 $ en mesures réparatrices au plaignant.
Devant l’aveu de culpabilité de son employé et le jugement de la Commission des relations du travail, on se serait attendu à ce que le SCCUQ accède à la demande du juge et tente de limiter l’écho de l’histoire. Un agent syndical coupable de discrimination raciale envers un de ses membres, ce n’est jamais très glorieux. Eh bien non!
Le syndicat, sans consulter sa base, a contesté la décision devant la Cour supérieure, qui a débouté le jugement Monette, mais a tout de même reconnu le préjudice moral qui avait été porté à l’ancien chargé de cours de l’UQAM.
Claudio Benedetti a également déposé une plainte contre les propos tenus par Jean-François Tremblay devant la Commission des droits de la personne (CDPDJ). La commission a récemment rendu sa décision. Si le jugement est confidentiel, le Montréal Campus a appris de source sûre qu’il contiendrait un montant punitif.
En clair, cela signifie qu’une troisième instance vient de taper sur les doigts du SCCUQ depuis le début de la saga. Rien de nature à accabler l’exécutif du syndicat qui a signifié dans une lettre envoyée à Claudio Benedetti qu’il rejetait les mesures réparatrices formulées dans le jugement.
Le SCCUQ n’est donc soit pas très habile dans l’art de la subtilité ou tente délibérément d’étirer l’affaire pour essouffler Benedetti.
Guidé par la ténacité du légionnaire romain – sûrement dû à son sang! -, Claudio Benedetti n’a nullement l’intention d’enterrer la hache de guerre. «Ils espèrent qu’avec l’âge je jette la serviette, mais il n’en est pas question !» a-t-il lancé en entrevue avec notre journaliste.
Ces paroles sont peut-être parvenues jusqu’aux oreilles des bonzes du SCCUQ, à moins que ce ne soit la perspective d’une quatrième condamnation annoncée devant le tribunal des droits de la personne, puisqu’ils ont décidé de faire volte-face il y a quelques jours. Leurs procureurs seraient maintenant en discussion avec ceux de la CDPDJ pour une entente à l’amiable. Tout cet entêtement pour finalement s’avouer coupable? En fin de compte, ce sont les membres du SCCUQ qui, à même leurs cotisations, auront payé pour l’erreur d’un de leur collègue et l’entêtement d’un exécutif borné.
Mais… Le SCCUQ a réponse à vos besoins.
Étienne Dupuis
Chef de pupitre UQAM
uqam.campus@uqam.ca
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