Les membres de l’Association facultaire étudiante de science politique et de droit (AFESPED) ont reconduit la grève générale illimitée pour une quatrième semaine et ce, dans une proportion de 86%, hier après-midi en assemblée générale. Les étudiants ont aussi donné le feu vert à leur exécutif pour faire grimper la cotisation de quatre dollars.
Le vote à main levée qui s’est tenu dans la salle Marie-Gérin-Lajoie a recueilli 227 voix en faveur de la grève contre 37 pour son abandon et neuf abstentions. L’association uqamienne continue donc d’être partie prenante du mouvement de grève générale illimitée, qui compte jusqu’à présent 125 000 étudiants au Québec.
L’AFESPED a été une des premières associations à entrer en grève. «Nous avons donné le ton et avons ainsi permis d’aider à la mobilisation dans les différents Cégeps du Québec par l’envoi de nos militants, juge le coordonateur général de l’association, Samuel Ragot. On s’est doté d’un budget pour leur permettre de faire un tel travail de terrain.»
Première hausse en dix ans
À l’automne prochain, les membres de l’AFESPED verront la cotisation à leur association étudiante augmenter à 19 $. Cette hausse, adoptée à forte majorité par les membres, constitue une première en dix ans d’existence pour l’AFESPED.
Cette décision, jugée «très raisonnable» par Samuel Ragot, s’explique principalement par l’accumulation de dépenses de fonctionnement comme le salaire des employés et par la diminution des surplus de l’encaisse. Chiffrés à plus de 66 000 $, ces surplus correspondent à 90% du budget annuel de l’AFESPED. Ce fond consiste à un compte d’épargne où les cotisations étudiantes non-utilisées se sont accumulées au fil des années. Ainsi, l’AFESPED détient une faible marge de manœuvre et se retrouve avec un déficit d’environ 15 000$.
Samuel Ragot soutient que les activités de mobilisation dans le cadre de la grève, totalisant 34 000 $ de dépenses et contenues dans un budget spécial à cet effet, ne seraient pas un facteur de la hausse. Toutefois, le document sur les points saillants du budget 2011-2012 précise que la lutte actuelle engendre des coûts supplémentaires liés aux activités de mobilisation. Tenant compte du montant de 18 800 $ prévu à la section «Représentations et mobilisation» du budget en cours et additionné aux frais spéciaux de la grève générale (34 000$), les dépenses s’élèvent à près de 53 000 $ pour ce secteur d’activité.
Samuel Ragot refuse de voir dans cette hausse une contradiction avec la lutte que l’AFESPED mène contre l’augmentation des frais de scolarité. «Il faut différencier un frais afférant à une cotisation syndicale. L’éducation devrait être un droit inaliénable pour lequel on ne devrait pas avoir à payer, alors qu’une cotisation est la seule source de financement d’une association étudiante. Celle-ci est importante puisqu’elle nous permet de fonctionner», explique le coordonnateur. Avec cette hausse, l’organisation ira chercher 15 000 $ de plus par année.
Le coordonnateur fait par ailleurs un bilan positif des premières semaines du mouvement en affirmant que la pression monte sur le gouvernement. «La ministre répète que c’est une hausse responsable. On sent néanmoins qu’elle commence à s’essouffler. Les médias en veulent plus, mais elle n’est pas capable d’y répondre.» Selon lui, le nombre grandissant d’étudiants qui manifestent leur désaccord et leur colère dans les rues demeure le principal indicateur du bon fonctionnement de la grève.
L’AFESPED continuera à jouer un rôle au sein de la grève générale illimitée par sa participation, notamment, à la manifestation du 22 mars organisée par la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE). Les membres ont aussi voté pour la possible tenue d’une semaine de perturbation économique à la fin mars, qui sera discutée leur du prochain congrès de la CLASSE. La prochaine assemblée de reconduction aura lieu le 12 mars.
À ce moment-là, le déclenchement d’une campagne d’affiliation à l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) sera discuté. Un avis de motion pour changer les modalités de proposition d’affiliation de l’association à tout regroupement national, régional ou local exigeant une participation financière par membre, a d’ailleurs été débattu, mais rejeté faute de ne pas avoir obtenu le deux tiers des voix. L’avis de motion proposait de baisser le quorum de 25% à 10% et d’ajouter la possibilité d’obtenir un vote dans une assemblée générale et non seulement par référendum.
Laisser un commentaire