C’est fait: le dernier des syndicats sans convention, le Syndicat des étudiants-employés de l’UQAM (SETUE), a adopté en assemblée générale sa toute nouvelle entente de travail. Pour finaliser la chose, il ne reste qu’au Conseil d’administration de l’Université à l’adopter, ce qui devrait être fait promptement.
La majorité obtenue par le syndicat pour sa nouvelle convention – 95% des voix – démontre que les membres sont extrêmement satisfaits du travail de celui-ci. Il y a de quoi.
En obtenant des majorations salariales qui vont jusqu’à 32,4% pour certains types d’emploi, le SETUE a réussi à aller à contre-courant de la tendance générale des ententes de travail des dernières années. En effet, la crise financière, la concurrence économique accrue qu’entraîne la mondialisation et l’affaiblissement de la position syndicale dans le rapport de force qui l’oppose au patronat, ont poussé plusieurs travailleurs à adopter des conventions qui couvrent à peine la hausse du coût de la vie. Pire encore, on a vu à plusieurs reprises des syndicats négocier leurs salaires à la baisse pour préserver des emplois, le tout présenté comme une importante victoire! Dans ce contexte, les résultats obtenus par le SETUE sont plus qu’honorables.
Il faut dire qu’en demandant la parité salariale avec les étudiants-employés de l’Université de Montréal, le syndicat uqamien s’est assuré de s’appuyer sur un argument béton: il n’y a aucune façon de justifier qu’un travailleur de l’Université du peuple gagne un salaire qui est inférieur à celui d’un de ses collègues effectuant la même tâche, mais de l’autre côté de la montagne.
Le SETUE a également obtenu une définition des tâches précise, pour éviter certains abus. Ainsi, si vous êtes un auxiliaire de recherche, leurré par la perspective de travailler avec des experts dans votre milieu, mais que vos fonctions se limitent à actionner la machine à espresso dernier cri, courage: votre calvaire achève.
Tant de gains peuvent surprendre, surtout considérant l’attitude initiale de la direction, qui s’est présentée aux négociations avec «peu de respect» selon le président du SETUE, Éric Demers. Mais celle-ci s’est tout de même épargnée de nombreux maux de tête.
Tout d’abord, en concluant l’entente tout juste avant les célébrations du quarantième de l’UQAM, l’administration s’est assurée que celles-ci ne seraient pas perturbées par des membres en conflit de travail. De plus, cette entente s’inscrit dans l’objectif de l’Université d’attirer plus d’étudiants aux cycles supérieurs.
Mais l’UQAM a surtout réussi à convaincre d’adopter une entente qui se termine en 2013, dans quatre ans plutôt que trois comme c’est le cas habituellement. Ce faisant, l’UQAM termine sa séparation des syndicats, entamée par ses négociations précédentes. Plutôt que de négocier sur quatre fronts à la fois, elle aura tout le loisir de s’entendre avec chacun, l’un après l’autre.
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Si les résultats obtenus par le SETUE sont une victoire syndicale, ils sont d’abord et avant tout une victoire étudiante. Sans débrayage aucun, sans arrêt de travail, le Syndicat a réussi à obtenir presque tout ce qu’il demandait au départ. Une situation qui tranche nettement avec les dernières grèves étudiantes, qui n’ont donné que très peu de résultats. La victoire du SETUE est donc le premier gain majeur d’un groupe étudiant uqamien depuis quelques années.
Un gain qui devrait revigorer l’esprit militant estudiantin: oui, il est possible que des étudiants, s’ils sont disciplinés et focusés sur leur objectif, puissent obtenir victoire face à l’administration, et ce, même sans grève. De quoi en inspirer plusieurs, on l’espère.
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