Vacances en région
Déçu de vos dernières vacances passées dans la jungle urbaine? Dans ce cas, opter pour un séjour aux Cabines Goëmons-sur-Mer ou au Miguasha Lodges pourrait vous faire vivre une expérience rustique.
Votre dernière expérience de camping dans la cour arrière de votre appartement de Rosemont s’est soldée par une bataille avec un chat de gouttière? Vous avez attrapé la gastro après une saucette dans la soupe de microbes d’une piscine publique? Un petit voyage en région pourrait vous changer les idées, surtout si vous logez dans une cabine centenaire sur bord de mer.
Malgré le style dépassé et l’âge avancé de ces maisonnettes à louer, elles charment les jeunes touristes qui les remettent au goût du jour. Qu’est-ce qui distingue la cabine du chalet conventionnel? «L’histoire, le temps et la mémoire, répond la cinéaste Johanne Fournier. Certaines cabines sont restées exactement comme dans les années cinquante. J’aime leur décor: le couvre-lit fleuri, les rideaux de dentelle de polyester orange, les lits de fer, les fauteuils en cuirette rouge».
Cette décoration démodée depuis belle lurette a inspiré la Matanaise au point où elle en a fait un film. Cabines, paru en 2007 et présenté à Télé-Québec au début du mois de septembre, fascine par ses images qui parlent d’elles-mêmes. Du bout d’un rouleau de papier de toilette amoureusement plié en triangle, aux carreaux de fenêtres antiques laissant tomber un filtre lumineux sur un plancher de prélart.
Le documentaire dresse le portrait d’un phénomène touristique qui, à force de propriétaires tenaces et de travailleurs acharnés, a survécu au temps. «Ils sont incroyablement persévérants. Certains ont fait ça toute leur vie!» s’exclame Johanne Fournier. Louise Lechasseur et Pierrette Ross par exemple travaillent dans les cabines de l’Auberge Sainte-Luce depuis une trentaine et une quarantaine d’années respectivement. Elles ont vu passer cinq propriétaires différents.
Les «cabins»
Le concept du motel n’avait pas encore vu le jour que les cabines se sont mises à pousser le long de la route 132 qui longe le fleuve jusqu’en Gaspésie. Ces modestes chalets faits en bois rond, en préfini ou en bardeau de bois ont été édifiés à partir des années 1930 dans des milieux enchanteurs. Nés aux États-Unis avec l’apparition des premiers congés payés et l’essor de l’automobile, ces «cabins» offrent généralement une chambre à coucher, une salle de bain, une cuisinette et parfois un petit salon avec télévision. Aujourd’hui, cette simplicité réconfortante charme à nouveau la jeunesse québécoise.
Au cours de son tournage, Johanne Fournier a croisé beaucoup de familles ou de jeunes voyageurs adeptes des cabines. «J’ai entendu toutes sortes d’histoires. Des jeunes viennent avec des photos de leurs parents ou leurs grands-parents qui ont séjourné dans un des lieux, émus de voir que rien n’a changé. Certains ont même été conçus dans les cabines, pendant un voyage de noces.»
Hélène-Marie Noël, récemment diplômée à l’UQAM, ainsi que son amoureux et leurs trois enfants, ont adopté la mode des cabines. Depuis quelques étés déjà, la famille séjourne près d’un mois aux Cabines Goëmons-sur-mer de Cap-Chat. En plus du prix qui est abordable, c’est le retour aux sources qui les attire. «Ça fait du bien de se retrouver dans un aussi petit espace avec son conjoint et ses enfants. On passe aussi beaucoup de temps dehors, près de la plage. C’est comme un mélange idéal entre le camping et le motel», explique Hélène-Marie Noël.
Bien que les cabines se font de plus en plus rares, les personnes qui pensent qu’elles ont fait leur temps peuvent aller se rhabiller. Datant de 1949, les dix charmantes cabines du Miguasha Lodge ont été complètement rénovées et isolées après que Bobby Wafer en soit devenu propriétaire en 1984. Le proprio prévoit aussi la construction de nouvelles cabines sur son terrain qui est annexé à une plage privée. De plus, des projets pour développer le tourisme d’hiver et attirer des croisiéristes planent dans l’air.
Entre temps, chez les sœurs Leclerc des Cabines Au Rivièra, dans le Bas-Saint-Laurent, rien ne semble vouloir changer, excepté leur chevelure grisonnante. «On voit des arrivées et des départs. Mais nous, on reste toujours sur place, comme les cabines! rigole FernandeLeclerc, prise d’un soudain fou rire. On n’a pas été modifiées, on n’est pas devenues des motels, mais on est restées comme on était: des cabines et des vieilles filles!»
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