Certain(e)s étudiant(e)s en psychologie pourraient éviter de se retrouver dans un « cul-de-sac » à la fin de leur baccalauréat. L’UQAM lancera une maîtrise en sciences psychologiques appliquées à l’automne 2026, offrant ainsi de nouveaux débouchés professionnels à ceux et celles qui ne poursuivent pas au doctorat.
« Il y a beaucoup de choses que nos étudiants peuvent faire et dont ils ne sont pas tout à fait conscients », affirme Marc-André Bédard, professeur au Département de psychologie de l’UQAM et responsable du développement du programme. La Maîtrise professionnelle en sciences psychologiques appliquées offre une nouvelle option aux finissant(e)s du baccalauréat, qui se retrouvent très souvent face à un mur s’ils et elles ne sont pas admis(es) au doctorat.
Bien que cette maîtrise élargisse les horizons professionnels des diplômé(e)s du Baccalauréat en psychologie de l’UQAM, l’objectif de sa création n’est pas de mener à la profession de psychologue. Elle formera des professionnel(le)s en sciences du comportement plutôt qu’en relation d’aide.
Trois concentrations
Le programme comporte trois concentrations : Psychologie de l’ingénierie et des facteurs humains, Psychologie de la santé et des services sociaux et Psychologie du commerce et de la consommation. Les étudiant(e)s apprendront à appliquer leurs connaissances en psychologie dans ces trois secteurs d’activité. La maîtrise accueillera tout au plus 45 étudiant(e)s à l’automne 2026 et vise 120 admissions dès sa quatrième année d’existence, indique M. Bédard.
Ce programme vient combler le besoin d’offres diversifiées dans le domaine, souligne Romane Vaslin, étudiante en troisième année au Baccalauréat en psychologie. « Personne ne parle d’autre chose que du doctorat. Donc, je trouve que c’est vraiment pertinent d’avoir cette maîtrise-là qui élargit les possibilités et qui rend ça moins anxiogène », estime-t-elle.
« Personne ne parle d’autre chose que du doctorat »
Romane Vaslin, finissante au Baccalauréat en psychologie
M. Bédard rappelle que l’obtention du baccalauréat ne garantit pas de devenir psychologue. L’écart entre le nombre de places offertes au baccalauréat et au doctorat est considérable. Pour l’année 2025-2026, on compte 215 admissions au premier cycle contre 88 au troisième cycle, selon Joanie Doucet, conseillère en communication de l’UQAM. Ces places sont ouvertes à tous les candidat(e)s, toutes universités confondues. Le doctorat compte beaucoup d’appelé(e)s et peu d’élu(e)s, alors qu’il y a un besoin grandissant de psychologues au Québec.
Besoins étudiants
Charlotte Seers, étudiante de troisième année au Baccalauréat en psychologie, salue la création de cette nouvelle maîtrise, qui est « un chemin différent ». « Si finalement on se rend compte que le doctorat n’est pas nécessairement ce qu’on recherche », évoque-t-elle.
Elle permettra également aux étudiant(e)s d’entrer sur le marché de l’emploi plus rapidement au sein de milieux variés. Selon Ève Côté, finissante au Baccalauréat en psychologie, les programmes professionnalisants en fin de parcours restent limités, à moins de se réorienter dans un autre domaine.
Cette maîtrise permet aux bacheliers et bachelières en psychologie « d’utiliser les compétences et les théories du baccalauréat d’une façon qui n’est pas juste de la relation d’aide ou de la clinique », selon la finissante.
Il y a un véritable engouement chez les étudiant(e)s de deuxième et de troisième année, considère M. Bédard, qui a fait le tour des classes de psychologie. Ils et elles sont conscient(e)s que la psychologie ne se résume pas à la relation d’aide, souligne le responsable du programme.
Rapport David
Cette nouvelle maîtrise correspond assurément aux « besoins des bacheliers qui ne veulent pas s’avancer dans un cul-de-sac », considère Luc Granger, professeur émérite en psychologie à l’Université de Montréal. Celui qui a aussi été conseiller spécial du rapport David, paru en 2023, salue la création de la maîtrise en sciences psychologiques appliquées par l’UQAM, qu’il qualifie d’« excellente initiative ».
Le rapport David, présidé par la psychologue et ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, portait sur l’optimisation des programmes universitaires de psychologie. Créer des programmes professionnalisants de deuxième cycle était l’une de ses recommandations.
« On dit toujours qu’un psychologue, c’est quelqu’un qui traite des gens et leur santé mentale. C’est l’image qui est très protégée de la psychologie. Mais ce n’est même pas 10 % de tout ce qui se passe en psychologie », affirme Marc-André Bédard.



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