Le recteur de l’UQAM Stéphane Pallage s’est dit « inquiet » mardi des effets de la montée de discours populistes et anti-immigration aux États-Unis comme au Québec en plus de solliciter davantage d’investissements du gouvernement.
« Les années à venir seront dures pour les universités aux États-Unis, mais aussi au Canada, où le discours populiste commence à discréditer les universités. Il faudra se battre pour préserver la liberté académique et l’autonomie universitaire si importantes pour la démocratie », a mis en garde le recteur lors de son discours semestriel hivernal, prononcé au lendemain de l’investiture du président américain Donald Trump.
En campagne électorale, M. Trump avait déclaré à maintes reprises vouloir retirer le financement fédéral des écoles exigeant des vaccins ou des masques ainsi que les écoles qui promeuvent la théorie critique de la race ou la « folie » transgenre.
Près des deux tiers des républicain(e)s estiment que l’éducation supérieure a un impact négatif sur l’avenir des États-Unis, selon une étude du Pew Research Center.
« Une présidence Trump affaiblira les universités. Un chef d’État dont la marque de commerce est le mensonge n’acceptera pas longtemps qu’un expert de l’Université de Pennsylvanie le contredise ouvertement », a argumenté le recteur.
« Inquiet » pour les étudiant(e)s internationaux
Stéphane Pallage s’est aussi dit « inquiet » des discours tenus à l’égard des étudiant(e)s internationaux aux États-Unis et au Québec. À l’UQAM, près de 13% de la communauté étudiante est constituée d’étudiant(e)s internationaux.
« Au Québec, en moins d’un an, nous sommes passés d’un discours politique qui vantait les étudiants internationaux, à un discours où ceux-ci devraient être moins nombreux. C’est inquiétant »
Stéphane Pallage
Depuis le 6 décembre, le projet de loi 74 du ministre de l’Immigration Jean-François Roberge permet au gouvernement d’intervenir pour déterminer et répartir le nombre d’étudiants internationaux et étudiantes internationales en fonction des régions, des établissements, du niveau d’études et des programmes d’enseignement.
Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a quant à lui proposé en octobre de réduire de 60 % le nombre d’étudiant(e)s étrangers au Québec.
L’an dernier, la hausse des frais de scolarité des étudiants internationaux et étudiantes internationales à un minimum de 20 000 $ par année a affecté disproportionnellement la communauté étudiante de l’UQAM, selon Stéphane Pallage. Cette hausse a obligé l’UQAM à augmenter ses frais de scolarité, qui étaient inférieurs à 20 000 $.
Appel aux investissements de Québec
« À l’UQAM, nous devrons nous battre pour préserver notre accessibilité face à un financement public de moins en moins certain », a-t-il déclaré.
Le projet de relance du Quartier latin, chapeauté par la vice-rectrice Priscilla Ananian, nécessite davantage de financement de Québec, selon M. Pallage. La vice-rectrice a obtenu récemment une subvention de 330 000 $ de la Ville de Montréal. Elle attend toujours une réponse de Québec quant à sa demande de subvention de 1 500 000 $.
« Notre bibliothèque est un bunker », a lancé à la blague M. Pallage. Il souhaite établir un accès à la bibliothèque centrale à partir de la rue par le biais du projet Métamorphose, qui s’inscrit dans l’objectif de relance du Quartier latin. Un plan pour lequel l’UQAM prévoit 900 000 $, selon un document obtenu par le Montréal Campus.
M. Pallage s’est également enthousiasmé d’une augmentation du nombre d’étudiant(e)s contrairement à la tendance à la baisse des deux dernières années. L’UQAM accueille 400 étudiant(e)s de plus cette session qu’à l’hiver dernier pour un total d’environ 33 000, dont près de 4300 étudiants internationaux et étudiantes internationales.
« L’étudiant international ne vole pas les emplois. Bien souvent, il les crée. S’il étudie à l’UQAM, il contribue aussi à la vitalité du français au centre-ville de Montréal », a dit le recteur Pallage, sous un tonnerre d’applaudissements.
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