Pauline Marois, une chancelière « engagée » auprès des étudiant(e)s

La nomination de Pauline Marois comme nouvelle chancelière de l’UQAM le 26 novembre dernier a fait couler beaucoup d’encre dans les derniers jours. Le Montréal Campus s’est entretenu avec Mme Marois afin d’établir ses priorités pour son mandat de cinq ans. 

L’ancienne première ministre du Québec est la première et seule femme à occuper la fonction bénévole de chancelière. À ce titre, elle sera conseillère et représentante honorifique de l’UQAM. 

« Elle nous accompagne. C’est nous qui, avec elle, voyons l’ampleur de son engagement », explique Stéphane Pallage, recteur de l’UQAM, en entrevue avec le Montréal Campus.

Pauline Marois a commencé sa carrière de députée en 1981. Elle est la personne qui a occupé le plus de fonctions ministérielles dans l’histoire du Québec. 

Ces nombreux accomplissements ont poussé Stéphane Pallage à choisir Mme Marois comme candidate au poste de chancelière. « L’UQAM était rendue au stade où l’on voulait une femme exceptionnelle, une femme d’État », explique le recteur.

Mission et objectifs

Les derniers jours ont été chargés pour la nouvelle chancelière. Depuis sa nomination, elle est apparue en entrevue dans de nombreux médias. Elle a aussi assisté à plusieurs rencontres avec l’équipe des communications et des membres du Conseil d’administration (CA) de l’UQAM. 

« Je veux aller à la rencontre des différents intervenants et membres de l’équipe de l’UQAM, y compris les étudiants »

Pauline Marois

Pour bien accomplir sa tâche, elle prévoit « participer le plus souvent possible aux réunions statutaires », afin de mieux comprendre le fonctionnement et les besoins de l’UQAM.

Deux projets l’intéressent en particulier : le Quartier latin et la Faculté des sciences de la santé. La chancelière se dit attachée à la vision de l’UQAM sur la prévention en santé. « En tant qu’ancienne ministre de la Santé et travailleuse sociale de formation, je connais l’importance de s’attaquer aux déterminants de la santé », soutient-elle.

Pas touche aux frais de scolarité

L’ancienne première ministre, casserole en main, marchait aux côtés des étudiant(e)s lorsque le gouvernement libéral de Jean Charest avait tenté en d’augmenter les frais de scolarité de 75 % en cinq ans, en 2012.

« Quand le Parti québécois (PQ) est arrivé au gouvernement, on a annulé cette hausse, on a tenu un sommet auquel ont participé les associations étudiantes », rappelle-t-elle, en précisant qu’elle se « préoccupe de la question des frais de scolarité ».

« Idéalement, je souhaiterais qu’il n’y ait aucun frais de scolarité. Mais, on ne peut pas se priver de la contribution des étudiant(e)s », soutient l’ex-ministre de l’Éducation. Elle avance que la seule chose pouvant être améliorée au sujet des frais de scolarité serait l’augmentation de l’aide financière aux études.

Une chancelière « sereine »

À peine deux jours après la nomination de Mme Marois comme chancelière de l’UQAM, l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) a publié une lettre sur sa page Facebook exigeant sa destitution. L’association étudiante reproche à l’ancienne première ministre du Québec d’avoir mis en place, lors de ses 19 mois au pouvoir, une politique « xénophobe, austéritaire et antisociale » dont on ressentirait toujours les effets à ce jour. 

Face aux propos de l’AFESH, Pauline Marois reste « sereine ». La chancelière avoue même qu’elle n’était pas surprise de l’opposition suscitée par sa nomination. « Je ne m’attends pas à faire l’unanimité sur tout et partout. C’est normal, quand on a certains points de vue, qu’on les défend, que d’autres soient en désaccord avec nous », dit-elle. 

Mme Marois assure garder tout son respect pour ces « étudiants turbulents ». « Il faut respecter le droit de parole des gens », soutient-elle. « Nous sommes dans une société démocratique, et j’ai toujours le même respect pour les étudiants et les étudiantes […], même quand ils défendent des points de vue qui ne sont pas nécessairement les miens. »  

Selon Stéphane Pallage, la position de l’AFESH n’est pas représentative des retours qu’il a reçus à la suite de la nomination de Mme Marois. Il affirme avoir obtenu des réponses positives « à tous les niveaux », notamment sur le plan politique. 

Sarah Plante, étudiante au Baccalauréat en enseignement secondaire, concentration univers social, a elle aussi exprimé son désaccord avec la position de l’AFESH. « Dès que l’AFESH a sorti [sa lettre], mes amis de programme et moi étions vraiment sous le choc, parce que nous étions vraiment contents qu’elle soit nommée », rapporte l’étudiante, qui affirme n’avoir rencontré aucun(e) étudiant(e) en désaccord avec la nomination de l’ancienne politicienne.

L’AFESH a refusé les demandes d’entrevue du Montréal Campus. Les six autres associations étudiantes facultaires approchées par le Montréal Campus n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue dans les délais attendus.

Manque de transparence dans le processus ?

Le CA a accepté à l’unanimité la nouvelle chancelière proposée par le comité de désignation. Toutefois, Antoine Martin, représentant étudiant au CA et seul étudiant de ce comité, se dit « mal à l’aise » par rapport à cette procédure de nomination. « [Le comité] était mis devant trois candidatures qui étaient choisies par le recteur », explique-t-il. 

Comme toutes les propositions ne venaient que du recteur, le choix qui lui était imposé n’en était pas vraiment un, d’après Antoine Martin.

Selon lui, le problème n’est pas tant le nombre de représentant(e)s étudiant(e)s que leur impossibilité à s’enquérir de l’opinion de l’ensemble de la communauté étudiante. Comme le processus était effectué à huis clos, le représentant étudiant ne pouvait parler à personne des décisions en cours. « Ce que je trouve désolant dans le processus […], c’est le manque de transparence », regrette Antoine Martin. 

La politique, est-ce du passé ?

Comme chancelière de l’UQAM, Pauline Marois se doit de garder une certaine distance de la scène politique. « Je ne peux pas participer à des activités du PQ, mais je ne vais pas renier le fait que [le PQ] est mon parti politique, ça continue de l’être et ma conviction, c’est que je suis souverainiste », maintient l’ancienne cheffe du PQ.

« [Pauline Marois] est au-delà des partis [politiques]. C’est quelqu’un qui a contribué comme tous les autres premiers ministres, et on oublie beaucoup la couleur politique quand on regarde la contribution [qu’elle a eu pour la société] »,soutient quant à lui le recteur Stéphane Pallage.  

Avec la collaboration de Jeanne Claveau-Laviolette

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