Les étudiant(e)s de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM (ESG) paient 12 $ par trimestre à l’ESG+ pour des services qui ne leur seront pas offerts.
Le Montréal Campus a appris que les services en gestion de carrière de l’ESG+ sont suspendus depuis la fin avril et pour le trimestre d’été. Les contrats de toutes les conseillères de ce département n’ont pas été renouvelés pour la prochaine année. Des déficits financiers sont évoqués pour justifier cette décision.
L’ESG+ est un centre de soutien professionnel aux étudiant(e)s et diplômé(e)s de l’ESG. Parmi les services offerts, on y compte des formations, de l’accompagnement individuel et toutes sortes d’événements favorisant le contact entre la communauté étudiante et le milieu des affaires.
Selon Vanessa Pellegrino, l’une des conseillères dont le contrat n’a pas été reconduit, les explications de la direction de l’ESG+ sont floues, mais certains signes avant-coureurs avaient été observés dans la dernière année. « Il y a beaucoup d’événements qui nous mettent dans le trou depuis quelque temps », souligne-t-elle.
D’autres employé(e)s au sein de l’ESG+ ont vu leurs heures de travail réduire. C’est le cas d’une étudiante employée* qui s’est dit « stressée » par l’incertitude financière que cela suscite pour elle, en entrevue avec le Montréal Campus.
Aude Clotteau, directrice de l’ESG+, explique le manque de financement par une diminution du nombre d’étudiant(e)s à l’ESG, ce qui a une incidence sur le montant total des cotisations étudiantes amassées pour financer les services de gestion de carrière. « C’est la troisième année consécutive qu’on a un déficit », révèle-t-elle.
Selon Mme Clotteau, certaines conseillères devraient revenir à l’automne prochain, mais elle ne peut pas préciser leur nombre.
Silence radio auprès des étudiant(e)s
« Notre service de rendez-vous individuel avec une conseillère est actuellement en service réduit pour la période d’été », peut-on lire en consultant la page de prise de rendez-vous en développement de carrière sur le site web de l’ESG+. Il est indiqué de contacter l’équipe par courriel s’il s’agit d’une urgence, mais aucune justification pour ce manque de service n’est donnée.
« La gestionnaire dit qu’il y aura des services jusqu’à la fin juin, mais ce n’est pas vrai parce que toutes les conseillères ont vu leur contrat se terminer », dénonce une conseillère* de l’ESG+.
Selon Aude Clotteau, il pourrait y avoir une personne en poste durant l’été, et ce une journée par semaine, pour les prises de rendez-vous. Le surplus de demandes serait acheminé aux Services à la vie étudiante (SVE) de l’UQAM.
Au moment où ces lignes étaient écrites, aucune annonce n’a été faite à la communauté étudiante pour expliquer cette pénurie de services. Seul(e)s les membres qui consultaient déjà ont appris la nouvelle par l’entremise de leur conseillère. Lorsqu’on contacte l’une de ces employées par courriel, on reçoit une réponse automatique, qui nous redirige vers les SVE.
Alexandre Gervais, finissant au baccalauréat en urbanisme, profite du soutien offert par l’ESG+ depuis sa première année au baccalauréat. Attristé par cette nouvelle que lui a annoncée sa conseillère, il déplore l’arrêt des services en développement de carrière.
« J’avais besoin d’aide », confie-il, en précisant que le programme de mentorat et les rencontres individuelles l’ont beaucoup soutenu dans son cheminement.
Catherine Pelletier a aussi pu bénéficier du programme de mentorat offert par l’ESG+. « Ça a sincèrement fait une différence dans mon parcours », témoigne l’étudiante au baccalauréat en gestion du tourisme et de l’hôtellerie.
Climat de travail « toxique »
D’après quatre sources au courant de la situation, la direction de l’ESG+ laisserait en ce moment ses employé(e)s dans le néant, sans savoir si les contrats seront renouvelés en septembre. Ce n’est toutefois pas la première fois que l’équipe remet en question les manières de faire de la direction.
Plusieurs personnes proches du dossier rapportent du harcèlement psychologique et une ambiance de travail toxique.
Vanessa Pellegrino fait notamment état de rencontres isolées avec la direction en dehors des heures de travail et de « l’utilisation d’un ton de voix inapproprié ». Selon elle, environ une trentaine de personnes auraient quitté leur emploi à l’ESG+ depuis l’arrivée de la directrice, en raison du « climat de travail qui y règne ».
En réaction, la directrice de l’ESG+ rappelle qu’il existe « des instances où les employés peuvent déposer des plaintes si c’est nécessaire ». Mme Clotteau nie la présence d’un climat toxique de travail et invite les personnes visées à en discuter avec elle.
L’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AéESG) dit vouloir surveiller la situation de près en demandant des suivis réguliers à l’ESG+ quant à la disponibilité des services aux étudiants. « On veut être sûr qu’il n’y ait pas de recul au sein des services », assure Jules Poirier-Ostiguy, président de l’AéESG.
*L’anonymat a été accordé à ces personnes, qui craignent des représailles.
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