« Je n’en revenais pas de l’histoire. Si ça avait été une fiction, j’aurais refusé le scénario », admet la réalisatrice Louise Archambault en se remémorant le moment où elle a appris l’histoire d’Irena Gut Opdyke. Inspiré de la vie réelle de cette dernière, le long métrage La promesse d’Irena se veut un conte touchant et rempli d’espoir.
La promesse d’Irena transpose à l’écran une tranche de vie d’Irena Gut Opdyke, une infirmière polonaise qui est forcée de devenir la gouvernante d’un officier haut placé de l’Allemagne nazie. Alors âgée de 19 ans, elle réussit à cacher des juifs dans la maison du militaire en pleine Deuxième Guerre mondiale.
Plus le film avance, plus ces actions semblent dures à masquer. Durant les 121 minutes du récit habilement ficelé, cette tension évolue dans un crescendo réussi qui garde le public sur le bout de sa chaise.
Certaines scènes sont touchantes, d’autres choquantes, voire déchirantes. Le début semble toutefois précipité : la vie d’Irena avant de devenir ménagère n’est presque pas abordée. Idem pour la fin, où des événements majeurs s’enchaînent en l’espace de cinq minutes, laissant l’auditoire sur sa faim.
« Une grande rigueur professionnelle »
Le fil conducteur du film réside dans la charge émotive de la lourde responsabilité sur les épaules d’Irena (Sophie Nélisse). La comédienne réussit de manière remarquable à démontrer la pression et le stress engendrés par les manœuvres utilisées afin de ne pas se faire démasquer pour ces actions qui sont passibles de la peine de mort.
Elle n’a pas dû aller chercher son inspiration bien loin, puisque le tournage du film s’est déroulé en Pologne, à deux pas de la frontière ukrainienne où la guerre fait rage. « Il y avait une fébrilité dans l’air. Ça m’aidait beaucoup à venir chercher cette émotion qui n’était pas si loin au final », affirme Sophie Nélisse.
De surcroît, Sophie Nélisse affirme avoir fait beaucoup de recherches pour l’interprétation d’Irena. Elle a entre autres « travaillé avec une coach de voix pendant un mois pour [maîtriser] l’accent polonais ».
« J’ai découvert une femme d’une grande rigueur professionnelle, soutient Louise Archambault. Sophie a été une révélation pour moi. Elle a une grande humanité et c’est quelqu’un de vrai. »
De son côté, l’actrice avoue avoir eu un coup de foudre professionnel et amical pour la réalisatrice Louise Archambault, en qui elle a vu une deuxième mère. « Je ne me serais pas vue faire ce film-là avec n’importe qui d’autre, parce qu’on a tellement rigolé malgré nos journées chaotiques et la lourdeur de la thématique », livre-t-elle.
Un travail de réalisation digne de mention
Étant donné la proximité de la guerre en Ukraine, le tournage du film a été assez difficile, selon la réalisatrice. « Même mon association de réalisateurs ne voulait pas que j’y aille », dit Mme Archambault. L’équipe a dû travailler rapidement en Pologne, avec seulement 29 jours et un budget de 5 millions de dollars.
« [La guerre en Ukraine] nous mettait dans une vraie réalité. Plus que jamais, il faut raconter l’histoire d’Irena. »
Louise Archambault
Même si la Deuxième Guerre mondiale est un thème récurrent au grand écran, la cinéaste réussit à apporter un angle nouveau avec une belle sensibilité. « Je trouvais ça intéressant d’avoir l’histoire d’une femme polonaise qui est dans les travaux forcés, qui subit elle aussi la guerre », partage-t-elle.
L’éclairage, les décors et les costumes, quoique quelque peu répétitifs, sont fidèles à l’époque et plongent le public dans la Pologne envahie. « Notre conceptrice de costumes est allée chercher des costumes authentiques à Vienne, à Berlin et à Londres », souligne la réalisatrice.
La trame sonore composée par Alexandra Stréliski, bien qu’assez subtile, aide à soutenir les émotions transmises tout au long des scènes. « Irena ne pouvait pas laisser transparaître qui elle était. Il fallait mettre une émotion cachée », explique la pianiste.
Il s’agissait d’une première collaboration entre ces trois femmes, qui évoquent déjà la possibilité de retravailler ensemble dans le futur.
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