L’opération séduction du Parti communiste révolutionnaire

Une centaine de personnes se sont réunies le 6 avril au parc Jarry à Montréal pour célébrer le lancement du Parti communiste révolutionnaire (PCR). Ce groupe politique revendique des changements dans la façon dont sont gérés des enjeux tels que la crise climatique et la crise du logement.

« Tout le monde est curieux de ce que nous faisons pour différentes raisons. Il y a beaucoup d’aspects du capitalisme qui peuvent faire en sorte que quelqu’un souhaite changer le système », affirme Camilla, une membre du parti. L’événement a débuté par une séance de recrutement, où plusieurs membres du PCR échangeaient avec les passant(e)s sur les idéaux communistes.

Une série d’allocutions prononcées par des « camarades » introduite par une chanson ouvrière a été faite. Un discours de l’éditeur en chef du journal Révolution communiste Julien Arseneau semble avoir réussi à inspirer une bonne partie du public. « [Le capitalisme] est un système] qui n’a pas d’avenir, un système où l’inflation nous vide les poches pendant que les patrons se remplissent les poches, un système qui crée la catastrophe climatique », a-t-il lancé dans son mégaphone.

Mention photo : Philip Bossé

Le lancement s’est conclu par une marche pacifique sur les rues Saint-Denis et Jean-Talon, où des slogans tels que « Travailleurs unis, jamais ne seront vaincus », « De Montréal à Gaza, il faut une intifada » et « Crise écologique, révolution communiste » ont été scandés avec conviction par les militant(e)s. Des affiches avec la question « Es-tu communiste? » et un code QR menant vers le site Internet de l’organisation ont été collées sur les poteaux de la ville. Plusieurs curieux et curieuses ont sorti leur téléphone afin de filmer le groupe et des passant(e)s ont exprimé leur soutien au mouvement. Les membres ont distribué des brochures aux intéressé(e)s.

Vers 14 h 30, un homme a exprimé sa colère face au rassemblement en criant contre les militant(e)s :« Nous ne voulons pas de vous ici, allez en Russie et en Corée du Nord si vous voulez le communisme! » « Ils veulent tout mettre dans les mains du gouvernement. Le communisme, ça n’a jamais rien amené de bon dans la vie à personne. Ça a été prouvé par le passé », a-t-il déclaré au Montréal Campus.

Inquiétudes climatiques

Un thème récurrent dans le discours communiste actuel est la crise écologique. « C’est l’environnement qui m’a radicalisé. Je pense qu’on fonce dans un mur et qu’on n’aura pas d’avenir si on ne change pas », confie Olivier Turbide, communiste et étudiant à l’UQAM. Celui-ci consacre beaucoup de son temps au militantisme malgré ses études puisqu’il juge que c’est un « sacrifice nécessaire ». « Il n’y a rien qui va bien dans la société. Je pense que beaucoup de gens le savent et sont inquiets pour leur avenir. La plupart, sans être communiste, souhaitent du changement et le communisme, c’est une solution qui existe et qui vaut la peine d’être défendue », avance-t-il.

« Les partis de gauche n’ont pas été capables d’arriver à des solutions. Malgré leurs bonnes intentions, ils n’arrivent pas à le faire parce qu’ils restent dans les limites du système capitaliste. »

Manuel Viens, membre du PCR

Ambitions internationales

Le PCR fait partie de l’Internationale communiste révolutionnaire (ICR), anciennement la Tendance marxiste internationale fondée en 1992, qui comprend des groupes marxistes tant au Canada, aux États-Unis et en Grande-Bretagne qu’au Myanmar. La première conférence mondiale de l’IRC pour célébrer la refondation aura lieu à Toronto en juin prochain et les futures rencontres se feront tous les deux ans. Le siège social de l’organisation se situe en Grande-Bretagne et est dirigé par des « groupes politiques ».

« Notre organisation fonctionne sous des principes démocratiques. C’est absolument important, parce que la démocratie, ça permet de débattre les idées », affirme Manuel Viens.

À ce jour, le PCR n’a pas l’intention de tenter de faire élire de ses membres au Parlement, qu’il juge être un « vernis de démocratie » qui « défend l’intérêt des patrons ». « Par contre, si on pense que c’est pertinent d’élire des gens au Parlement, on va le faire pour dénoncer l’incapacité des institutions à adresser tous les problèmes de la population », déclare M. Viens.

Pour l’instant, son objectif est de recruter plus de « camarades » et d’établir « un programme clair ».

Pour lui, le fait que l’ICR soit présent sur les cinq continents est primordial. « Ce n’est pas possible, une révolution dans un seul pays. Il se fera isoler et le capitalisme finira par reprendre le dessus », dit-il.« Il y a des gens de partout dans le monde qui, ouvertement, se disent communistes. Il faut aller trouver ces gens-là et il faut les réunir. »

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