L’architecture pour «magnifier les moments du quotidien»

Fort du prix Relève en architecture de l’Ordre des architectes du Québec(OAQ) depuis 2022, Jérôme Lapierre prône une architecture soucieuse de l’environnement et harmonieuse avec l’être humain.

« Pour nous, célébrer l’ordinaire, c’est [se demander] comment un projet d’architecture peut aussi nous rendre plus heureux, plus ouverts à l’autre, moins stressés », explique Jérôme Lapierre. Diplômé en 2013 de l’École d’architecture de l’université Laval, M. Lapierre dirige aujourd’hui sa firme qu’il a fondée en 2020.

Selon lui, « célébrer l’ordinaire » demande de mettre en valeur les objets qui passent inaperçus dans la vie de tous les jours. L’architecte estime que la lumière est un « matériau » de choix pour y parvenir.

« Des feuilles qui bougent et qui scintillent avec le vent, ça crée un effet sur le rayon de lumière que le mur est capable d’attraper », décrit-il en remuant ses doigts, comme pour imiter le jeu d’ombres.

Les baies vitrées éclairent le rez-de-chaussée de la résidence de l’Aiglon à Lévis, rénovée en 2022 par la firme Jérôme Lapierre Architecte.

Adapter la construction à son environnement

Lorsqu’interrogé par le Montréal Campus à propos du bâtiment qu’il est le plus fier d’avoir conçu, M. Lapierre hésite. « Chaque projet, dans son contexte — qu’il soit naturel ou urbain, qu’il soit face à un lac, en forêt ou en montagne — se veut être une réponse singulière [à son environnement] », croit-il.

Par exemple, dans les grands centres urbains comme Montréal, l’éclairage est un défi pour l’architecte, car l’intérieur des bâtiments y est généralement plus sombre que dans la nature. Les fenêtres doivent être suffisamment grandes pour faire entrer la lumière, mais pas trop, afin de préserver l’intimité des occupant(e)s.

Jérôme Lapierre trouve que les quartiers résidentiels de Montréal, comme Rosemont et Le Plateau-Mont-Royal, sont à échelle humaine avec leurs triplex de seulement trois étages. Pourtant, l’agglomération de Montréal est densément peuplée : 4022 habitants par km², selon la Ville. « La densité, ce n’est pas nécessairement de construire des tours de verre, c’est aussi de faire des quartiers qui sont à faible hauteur, mais plus rapprochés », observe M. Lapierre.

L’architecture en transition climatique

Déçu de la quantité de projets de construction à forte empreinte écologique, le président de l’OAQ, Pierre Corriveau, a publié en 2022 un éditorial appelant les architectes à se soucier davantage de l’environnement.

« Il faut construire avec des stratégies qui sont durables », pense lui aussi le lauréat du prix Relève en architecture. Parmi ces stratégies, M. Lapierre conseille de construire avec des matériaux locaux pour limiter le transport et de bien isoler les bâtiments pour réduire la consommation d’énergie.

Plutôt que de démolir des bâtiments existants pour en construire de nouveaux, les rénover permet aussi de réduire l’empreinte carbone, selon lui. « Aujourd’hui, avec la planète, on ne peut plus faire de l’architecture jetable. Il faut absolument construire pour qu’elle soit pérenne », prévient-il.

« Ce sont tous des principes que l’on connaît depuis longtemps, ajoute l’architecte, mais il faut se rappeler que [construire] un pied carré, ça génère du carbone. » Selon l’Institut de la statistique du Québec, l’empreinte carbone de l’ensemble des bâtiments et des ouvrages en génie civil au Québec en 2018 était de 12,1 mégatonnes en équivalent CO₂, soit 13 % des émissions totales de la province.

Pour l’avenir de la profession au Québec, Jérôme Lapierre espère que les architectes seront davantage reconnu(e)s comme une nécessité plutôt qu’un luxe.

 

Les étapes de construction d’un bâtiment

  • L’équipe de Jérôme Lapierre part à la rencontre des client(e)s afin d’évaluer leurs besoins.
  • Les architectes visitent le site du futur édifice, prennent connaissance du paysage alentour et produisent une esquisse du projet sous forme de maquette.
  • L’esquisse est présentée aux client(e)s qui en font la critique. Puis, les architectes la perfectionnent en produisant une modélisation 3D du projet.
  • L’équipe de M. Lapierre négocie avec le gouvernement municipal, ainsi que le Comité consultatif d’urbanisme, pour les projets en milieu urbain, afin de recevoir un permis de construction.
  • Un plan de construction détaillé vu du dessus est créé. Il inclut les dimensions du projet et les éléments du décor intérieur.
  • Le chantier prend place sur le site, supervisé par l’équipe d’architectes jusqu’à sa finition.

Mention photo : Maxime Brouillet

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