Les cartes sportives, plus qu’un passe-temps

Les cartes de collection suscitent un engouement exponentiel au Québec. Leurs valeurs monétaire et sentimentale ont érigé une industrie aux allures de marché financier.

Pour Patrick Brisson, propriétaire de la boutique de cartes de collection Collect-Edition à Candiac, de plus en plus « d’investisseurs émotifs » sont au rendez-vous. L’acheteur ou l’acheteuse se procurant une carte de son athlète préféré(e) espère qu’il ou elle performera sur le terrain pour que la valeur de la carte augmente. Si cette valeur augmente, le ou la propriétaire peut décider de vendre la carte pour faire du profit, exactement comme une action en bourse.

Normand Dumoulin, vendeur de cartes et de souvenirs sportifs, mentionne que cette fluctuation de valeur est presque instantanée : « Si un joueur marque trois buts, le lendemain, sa carte aura pris 10, 15 ou 20 $. » Au contraire, le prix de la carte d’un joueur blessé chutera.

M. Brisson fait valoir qu’il est plus facile de s’attacher émotionnellement à un ou une athlète qu’à une compagnie cotée en bourse. Car si le milieu de la carte sportive marche bien, c’est avant tout grâce à l’amour du sport. Les trois personnes interviewées par le Montréal Campus en ont témoigné d’une façon ou d’une autre.

Collectionner au quotidien

M. Dumoulin différencie les collectionneurs et les collectionneuses en trois catégories. D’abord, ceux et celles qui voient la carte sportive comme un investissement sont des spéculateurs et des spéculatrices. Viennent ensuite les « vrais ». M. Dumoulin les classe comme des gens « obsessifs et passionnés ». « Ils ont un but, un plan [pour leur collection] », soutient-il. La dernière catégorie est composée des personnes qui se basent davantage sur l’émotion pour décider de leurs futurs achats. Par exemple, ils et elles pourraient se procurer une carte d’un joueur ou d’une joueuse qui a marqué leur enfance.

Sylvain Laforce, collectionneur de souvenirs sportifs depuis plusieurs décennies, déclare que ses achats sont pour lui « une série de petits coups de cœur ». D’ailleurs, il diversifie le type d’objets qu’il amasse : il possède également des figurines Funko Pop, des livres de hockey et même une lampe des Expos de Montréal. 

Sa collection est une fierté pour lui. Dans sa maison, il a aménagé une salle de lecture avec une douzaine de bibliothèques. Outre les livres, il a affiché une partie de sa collection de souvenirs sportifs pour éviter qu’elle traîne dans des boîtes. « [Être dans cette salle] m’apporte un genre de calme, de bien-être », confie-t-il.

M. Laforce magasine régulièrement afin d’agrandir sa collection de cartes sportives, que ce soit en ligne, chez des antiquaires ou dans les salons de cartes. Il compare la recherche de souvenirs à une chasse au trésor. Cette traque constante le garde motivé après avoir passé des dizaines d’années à collectionner.

L’effet COVID

« Tout l’argent que les gens dépensaient auparavant dans les restaurants, les cinémas ou les voyages s’est transformé en quelque chose de tangible, de matériel [pendant la COVID-19] », explique Patrick Brisson. 

Ce fervent amateur de cartes sportives a été aux premières loges pour voir le développement du milieu. M. Brisson a lancé le salon des collectionneurs Sports Hobby Expo en 2014. À ses débuts, ce dernier se déroulait dans un sous-sol d’église. Au fil des années et en raison de sa popularité grandissante, l’évènement semestriel est passé par le Collège André-Grasset, le stade IGA et se tient maintenant au Complexe Multi-Sports de Laval. 2500 personnes visitent en moyenne le salon au cours des trois jours d’exposition, qui se déroulent une fois en automne et une fois au printemps.

La pandémie a contribué à la vente de cartes en ligne. Sylvain Laforce dit s’être « modernisé » lors du confinement. Les encans en ligne sont devenus pour lui une nouvelle plateforme en vue de dénicher la perle rare. 

Bien que la pandémie ait suscité beaucoup d’intérêt pour la carte sportive, ce n’est pas un milieu qui date d’hier. En 2015, Patrick Brisson se rappelle d’avoir déniché une carte de hockey centenaire, soit la carte recrue de George Vézina, un joueur prolifique du Canadien au cours des années 1910. 

« C’est un joyau, ç’a été pour moi le summum de ma vie de collectionneur », se souvient-il. Pour un amateur ou une amatrice de cartes sportives, c’est aussi posséder une partie de l’histoire que d’avoir une carte d’un joueur ou d’une joueuse l’ayant marqué(e). « On a chacun notre expérience, notre passion autour de ces choses-là. C’est très différent dépendamment des uns et des autres », appuie M. Dumoulin. 

Mention illustration : Chloé Rondeau

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