Choisir son prénom à l’UQAM

Il est « angoissant de devoir demander la permission pour utiliser [sa réelle] identité », selon l’étudiant Félix-Jazz Daoust. L’UQAM offre une solution des plus simples : un formulaire en ligne pour les étudiants et étudiantes qui souhaitent utiliser un « prénom choisi » à l’université.

Cette initiative, mise en place à la session d’hiver 2019, peut être utile notamment pour les personnes trans, mais aussi pour celles ayant un prénom plus complexe à prononcer. Le but, selon Stéphanie Richard, conseillère à l’accueil et à l’intégration au Bureau de l’inclusion et de la réussite étudiante de l’UQAM, est de « simplifier leurs interactions » au quotidien.

Pour Caleb Lévesque, étudiant de deuxième année au baccalauréat en télévision à l’UQAM, le formulaire en ligne est très utile. « Je n’ai pas besoin de me présenter devant quelqu’un et de lui dire que je suis trans, puis demander si je peux changer mon prénom », mentionne-t-il.

L’étudiant trans souhaitait faire la modification avec l’université avant même le début des classes à l’automne 2022. « C’était ma première rentrée avec mon identité masculine, donc je voulais juste passer inaperçu comme tout le monde », souligne Caleb Lévesque, qui n’a pas encore entamé les procédures légales pour changer son prénom. 

« Le but [du prénom choisi], c’est juste de vivre au quotidien et de ne pas avoir à faire le travail [d’expliquer sa transidentité] que, par exemple, les personnes cisgenres ou celles qui utilisent leur nom usuel n’ont pas à faire », indique Félix-Jazz Daoust, responsable à la coordination du groupe étudiant Queer UQAM.

Des limites angoissantes

Fred Lamarre, étudiant trans au baccalauréat en sexologie à l’UQAM, dit avoir rencontré des difficultés quant à l’acquisition de sa carte étudiante. Il raconte que  la préposée n’aurait pas voulu lui laisser sa carte puisque le nom sur sa pièce d’identité ne correspondait pas à celui sur sa carte de l’UQAM. « Je n’ai pas envie d’annoncer mon identité de genre à 9 h du matin », souligne-t-il en précisant qu’il a attendu au comptoir pendant cinq à dix minutes avant de recevoir sa carte.

« Pour que mon prénom soit changé partout, il fallait que j’aie ma carte étudiante, mais je pouvais juste l’avoir à partir du 29 août », explique Caleb Lévesque en spécifiant que cela a été la plus grande contrainte qu’il a rencontrée en lien avec ce processus. Il avait peur que la modification ne soit pas faite à temps pour la rentrée scolaire.

« Aux activités d’intégration, c’est arrivé, en prenant les présences, que ce soit mon ancien nom qui apparaisse et que je ne réponde pas parce que je ne voulais pas m’identifier à ce nom-là », admet Caleb Lévesque en mentionnant que les responsables ont rapidement rectifié le tir.

Stéphanie Richard reconnaît le stress et l’incertitude pouvant découler du délai d’un tel changement. Elle est dans l’impossibilité de donner une confirmation aux étudiants et aux étudiantes quant au processus de traitement de leur demande. « [Les informations sont] strictement confidentielles. C’est exclusif au Registrariat », ajoute-t-elle.

Les ordinateurs du Centre sportif et du Service de l’audiovisuel ne sont pas arrimés au système informatique principal de l’UQAM dans lequel est indiqué le prénom choisi. C’est donc l’ancien prénom de la personne qui est utilisé par ces instances. Mme Richard affirme cependant qu’elle peut communiquer avec ces deux services pour modifier le prénom d’une personne.

Une option accommodante

Roxane Bédard, étudiante à la maîtrise en études urbaines à l’UQAM qui a changé son nom légal l’année dernière, indique qu’il y a « des délais d’environ un an entre le moment où la demande est faite et celui où tu reçois la confirmation qu’elle est acceptée ».

L’option de pouvoir joindre un prénom choisi à son dossier à l’UQAM est une mesure qui peut donc servir d’entre-deux. « C’est tellement facilitant, parce qu’on sait que le changement de nom au niveau légal, c’est très complexe. C’est un processus qui est lourd, donc en attendant que tout soit mis en place au niveau officiel, je trouve que c’est une solution importante à offrir », ajoute Stéphanie Richard.

« En fin de compte, [l’objectif] est de ne pas avoir à justifier son existence auprès d’autant de personnes. Revendiquer [son] identité, ce n’est pas quelque chose que [l’on] devrait avoir à faire chaque fois que [l’on] remet un travail ou un examen en cours », stipule Félix-Jazz Daoust.

Mention photo : Élizabeth Martineau

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *