Suspension du programme en adaptation scolaire au secondaire

Malgré une rentrée scolaire ponctuée par une pénurie de main-d’œuvre dans les écoles, le baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale au secondaire de l’UQAM s’est vu contraint de mettre ses activités sur pause jusqu’à l’automne 2024.

Le Devoir rapportait en juin dernier que ce baccalauréat contingenté, pouvant accueillir jusqu’à 55 étudiants et étudiantes, ne comptait que six inscriptions pour la session d’automne 2023. Faute d’effectifs scolaires, ces personnes ont été redirigées vers le volet primaire du programme, qui peut accepter 120 étudiants et étudiantes annuellement. 

Le secondaire loin de faire l’unanimité

En entrevue avec le Montréal Campus, une diplômée du baccalauréat en adaptation scolaire à l’UQAM préférant conserver l’anonymat avoue ne « jamais vraiment avoir compris pourquoi les étudiants devaient choisir un profil dès le début de leur inscription ». Œuvrant depuis plus de 20 ans dans le domaine de l’adaptation scolaire, elle explique que le cheminement type d’une personne étudiante à l’époque reposait plutôt sur un concept de tronc commun. « On nous obligeait à faire un premier stage au primaire lors de notre première année, puis après ça on se décidait. C’est peut-être ce qui explique pourquoi le profil du secondaire est moins populaire », explique-t-elle.

Les étudiants et étudiantes au baccalauréat en adaptation scolaire à l’UQAM doivent effectuer un stage dès leur première année au sein du programme. Selon l’enseignante, cela expliquerait cette crainte à l’endroit du profil au secondaire. « Des adolescents, ça peut faire peur à des gens qui ont 20 à 21 ans à leur entrée au baccalauréat et qui sont même parfois plus jeunes. Il n’y a pas une grosse différence d’âge », indique-t-elle.

Le déséquilibre des inscriptions pour les volets secondaire et primaire du programme d’adaptation scolaire à l’UQAM ne fait pas exception à la règle. Le Devoir stipule que ce désintérêt envers la clientèle adolescente s’observe également dans d’autres universités québécoises, dont l’Université de Montréal et l’Université du Québec à Rimouski.

Un programme dissimulé malgré la demande

La suspension de ce programme, bien qu’elle contraigne quelques étudiants et étudiantes à renoncer à leurs ambitions scolaires, n’empêche pas les membres des cohortes antérieures d’obtenir leur diplôme. C’est notamment le cas de Wiline Dorestan, étudiante de quatrième et dernière année au baccalauréat en adaptation scolaire au secondaire à l’UQAM.

Selon elle, un manque de promotion de l’UQAM à l’endroit de ce programme d’études explique en grande partie l’échec de cette année. « Le programme n’a pas assez de publicité. On entend parler des programmes les plus populaires comme le droit et la médecine, mais beaucoup de personnes dans ma cohorte ont découvert ce programme par pur hasard », indique Wiline Dorestan.

Cette future diplômée renchérit en stipulant qu’une large proportion de sa cohorte éprouvait un intérêt à l’égard de ce programme en raison d’implications antérieures au sein du milieu de l’adaptation scolaire. « La moitié de ma classe comprend des personnes qui sont techniciennes en éducation spécialisée, donc qui sont déjà en contact avec des professeurs en adaptation scolaire. C’est comme ça qu’elles ont su que le programme existait », précise-t-elle.

Les solutions en ligne de mire

La décision de suspendre les activités de ce programme, particulièrement dans le contexte actuel de pénurie de personnel enseignant, a été « extrêmement difficile à prendre », mentionne Nathalie Prévost, directrice du baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale à l’UQAM.

Celle-ci évoque notamment avoir consulté, accompagnée du comité de programme qu’elle préside, les statistiques d’admission des années précédentes afin de confirmer que l’inquiétude qui planait était justifiée. « Au moment où on a pris la décision, il y avait moins de dix inscriptions, et à pareille date l’année dernière, on avait plus d’une trentaine d’inscriptions », souligne-t-elle.

Plusieurs solutions ont été étudiées par le comité du programme, dont un retour à « un seul et même programme pour le primaire et le secondaire, dans lequel les étudiants auraient la chance de vivre des expériences autant au primaire qu’au secondaire en stage », énonce Mme Prévost.

Mention photo : Alexane Taillon-Thiffeault

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *