Intelligence artificielle : «Le monde nous regarde»

L’intelligence artificielle (IA) est un sujet qui crée la controverse depuis quelques années. Des experts et des expertes du domaine souhaitent que le Canada devienne un leader mondial en matière d’avancées en IA, mais aussi de sa commercialisation. L’événement ALL IN a amené une réflexion intéressante sur son évolution et les enjeux liés à son développement.

La première édition d’ALL IN s’est tenue les 27 et 28 septembre derniers au Palais des congrès de Montréal. L’événement rassemblait plusieurs noms influents du domaine de l’intelligence artificielle. 

« Le monde nous regarde », a déclaré en anglais le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada François-Philippe Champagne aux participants et participantes de ALL IN. Le ministre fédéral faisait référence au leadership mondial du Canada en matière de prévention des risques liés à l’utilisation des nouvelles technologies. 

L’élu de Shawinigan a annoncé l’implantation d’un code de conduite volontaire pour l’intelligence artificielle ayant pour objectif d’assurer aux Canadiens et aux Canadiennes une utilisation de l’IA sécuritaire. Ce code servira à prévenir les dérapages possibles de l’IA dans son utilisation par les entreprises du pays. Yoshua Bengio, une sommité dans le domaine de l’intelligence artificielle, figure parmi les signataires du code.

Durant le même panel, M. Bengio a rappelé l’importance de rester prudent face à l’intelligence artificielle. Selon lui, « pour chaque dollar investi à rendre l’IA plus puissante, nous devons aussi investir un dollar pour la rendre plus sécuritaire. » 

Sommes-nous en retard sur le reste du monde ?

Selon des intervenants et intervenantes du milieu de l’IA, Montréal est une ville reconnue à l’international pour son savoir-faire en matière d’intelligence artificielle. Patrick Tammer, gestionnaire de placement à Scale AI, abonde dans ce sens : « Si tu veux investir dans l’intelligence artificielle, tu veux avoir une université ou des institutions de recherche. On a la chance d’avoir ça à Montréal. »

Toutefois, il amène une certaine nuance sur la pensée idyllique de l’industrie, et ne croit pas que Montréal deviendra un leader dans la commercialisation de l’IA. « Les entrepreneurs d’ici sont moins enclins à investir dans l’intelligence artificielle »,  argue le gestionnaire au sujet de la mise en marché des produits utilisant cette technologie, que ce soit pour de la collecte de données ou encore dans l’automatisation de tâches répétitives ou complexes.

Bruno Guglielminetti, spécialiste des nouvelles technologies et producteur de la série de balado hebdomadaire Mon carnet, se questionne au sujet des  compétences actuelles du Canada dans la commercialisation de l’IA. « Le Canada a énormément investi dans la formation et dans la recherche, et maintenant, il serait temps d’investir dans la commercialisation », précise-t-il. 

Plusieurs géants de l’intelligence artificielle viennent du Canada. « Pourquoi OpenAI [Chat GPT], n’est pas basé au Canada ? La base d’OpenAI a été développée par des gens d’ici. Il y en a deux sur trois qui étaient Canadiens. Un de Toronto, l’autre de Montréal. Si on est capables de faire des robots conversationnels, c’est parce qu’il y a une recherche qui s’est faite, notamment ici », enchaîne Bruno Guglielminetti. 

La difficulté d’adaptabilité des entreprises face à l’IA

Le problème majeur dans la commercialisation de l’IA au Canada est le manque d’intérêt des entreprises d’ici à utiliser cette nouvelle technologie. Selon un sondage de Kaggle sur le taux d’adoption de l’IA par des organisations à travers le monde, seulement 52 % des entreprises du Canada utilisent l’intelligence artificielle. En comparaison, le pourcentage aux États-Unis est de 64 % et en Israël de 66 %.

Étienne Dansereau, coordonnateur en transformation numérique au Réseau des centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT), soutient que l’IA augmentera significativement la productivité des entreprises. Toutefois, il constate un manque d’intérêt vis-à-vis cette technologie, particulièrement chez les petites et moyennes entreprises. « Quand tu parles à une PME qui a encore des machines qui sont manuelles dans l’usine et qu’elle n’a pas intégré de système numérique du tout […], pour elle, [l’IA] c’est un peu de la science-fiction », affirme-t-il.

Le coordonnateur ajoute que « souvent, les gens voient l’intelligence artificielle comme un robot conversationnel qui va être dans leur usine. Au contraire, ça peut être simplement un logiciel de récolte de données ». 

Malgré certains retards au Canada dans l’implantation de l’intelligence artificielle sur le terrain, ALL IN a permis d’éduquer divers acteurs et actrices œuvrant dans des milieux variés. La première édition de l’événement a attiré près de 1400 participants et participantes en présentiel et plus de 10 000 en ligne. 

Mention photo : Jade Trudelle

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