Résister à Meta : les médias étudiants s’allient

L’idée d’un regroupement des médias étudiants au Québec fait son chemin, alors qu’ils ne peuvent plus publier sur les réseaux de Meta. Cette initiative vise à donner du poids aux revendications étudiantes et à permettre à ces médias de s’entraider.

Thomas Chabot, membre du conseil d’administration et collaborateur chez Quartier Libre, a lancé l’idée d’un regroupement de médias étudiants. En ce moment, il planifie, avec les membres du regroupement, l’écriture d’une lettre ouverte abordant la situation. 

« On est un grain de sable dans l’écosystème médiatique et encore plus dans l’écosystème de Meta. On ne pense pas que cette lettre ouverte va réellement forcer Meta à enlever cette politique. C’est plus une manière d’unir nos voix pour commencer de réelles démarches avec les autres médias [étudiants] », explique Thomas Chabot. 

Ce dernier met présentement sur pied l’Association des journalistes étudiants du Québec (AJEQ). Selon l’étudiant, la première mission de cette association sera « d’encourager le développement et d’assurer la pérennité des médias étudiants du Québec en offrant des services [et] des ressources aux médias membres ». Grâce à ce projet, il espère aussi favoriser la diffusion du contenu produit par leurs membres. 

Le Délit, le journal francophone de l’université McGill, profite quant à lui de cotisations étudiantes lui permettent de survivre. L’AJEQ pourrait permettre aux médias étudiants de toucher des fonds ou « de faire des revendications auprès du gouvernement ou de Meta », explique le rédacteur en chef du Délit, Léonard Smith.

Difficile de recruter des collaborateurs

Le recrutement a constitué un défi de taille en cette rentrée scolaire pour les médias étudiants; Leonard Smith se considère chanceux d’avoir réussi à attirer certains collaborateurs et collaboratrices avant le blocage des nouvelles par Meta. D’autant plus que le lectorat des journaux étudiants est caractérisé par son inconstance : « Chaque session, ça se renouvelle, il y a toujours de nouveaux étudiants et étudiantes qui nous rejoignent et nous lisent », ajoute-t-il.

Le virage numérique a transformé la façon de diffuser les nouvelles : alors qu’auparavant les journaux papier étaient les principales sources d’actualité, les gens s’informent maintenant sur les réseaux sociaux. « Changer les habitudes de consommation du jour au lendemain, c’est très difficile », explique Leonard Smith.

Retour aux « bonnes vieilles méthodes »

« Ça m’a pris de court, pendant l’été » a indiqué Patrick MacIntyre, directeur de rédaction à Quartier Libre, le journal étudiant de l’Université de Montréal, en parlant du blocage des médias de Meta. L’étudiant au certificat en journalisme raconte que son équipe a dû retourner aux « bonnes vieilles méthodes » pour former une équipe de pigistes, faisant référence à des rencontres en personne et à des affiches au format papier. 

Il indique toutefois que la majorité de la communauté étudiante connaît Quartier Libre en raison de son édition papier, qui, pendant la session, paraît environ une fois par mois à 3000 exemplaires.

Tout comme Quartier Libre, Le Délit a misé sur les interactions en personne pour rejoindre la population étudiante. Entre autres, le journal étudiant organise une soirée de production ouverte chaque lundi : « C’est une manière de créer un contact qui n’est pas virtuel avec notre lectorat ».

Réseaux sociaux : une nouvelle dépendance

Les plateformes sociales telles que X (anciennement Twitter), LinkedIn et TikTok connaissent un regain de popularité chez les médias étudiants.

Alors que Quartier Libre a choisi d’augmenter sa présence sur LinkedIn (leur page ayant été délaissée au cours des dernières années), Le Délit a préféré se concentrer sur TikTok. Selon Léonard Smith, il s’agit encore d’une façon de « détourner le problème en devenant potentiellement dépendant d’une autre plateforme ». Il ajoute qu’Instagram et Facebook sont des vecteurs d’information importants chez la communauté étudiante de McGill.

« C’est difficile d’avoir un discours anti-Meta, mais en même temps, on se rend compte qu’on est vraiment dépendant de ces plateformes… »

-Leonard Smith, rédacteur en chef du Délit

Thomas Chabot, quant à lui, pense que la solution devrait venir de Meta plutôt que des journaux, « à moins que le gouvernement fédéral ne décide de mettre en place des subventions pour contrebalancer cette perte économique pour les médias étudiants ».

Mention photo : Chloé Rondeau

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