Ne pas dire adieu à l’information : un défi générationnel

La décision de Meta de bloquer l’accès aux nouvelles a un effet direct sur la communauté étudiante, alors que 70 % des Québécois et des Québécoises de 18-34 ans utilisent Meta tous les jours à des fins d’information, selon le Centre d’études sur les médias. Pleins feux sur cette problématique.

« J’ai remarqué que je m’informe beaucoup moins depuis que je n’ai plus accès aux médias traditionnels sur Facebook et sur Instagram. On dirait que j’avais tellement l’habitude de compter sur ces applications, que j’oublie d’aller chercher des ressources à l’externe depuis le bannissement de Meta », affirme Mégane Robidoux, une étudiante en marketing à HEC Montréal. 

Les réseaux sociaux, dès leur début, ont toujours été un bon moyen de communication. Depuis, c’est devenu un réel incontournable pour les jeunes afin qu’ils puissent communiquer, se divertir ou même s’informer.

Le bannissement de l’accès à l’information bloque par le fait même les personnes qui ont pris l’habitude, au fil des années, de lire uniquement leurs nouvelles sur les médias sociaux.

Ce manque d’accessibilité à l’information est une inquiétude particulièrement importante pour Michaël Nguyen, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). « C’est plus qu’inquiétant que les jeunes ne s’informent plus : c’est dramatique. Ça va notamment créer toute une génération qui sera à la proie de la manipulation politique et des fausses nouvelles », explique-t-il.

Le vrai du faux

Lire les nouvelles quotidiennement est une habitude bien établie dans la routine de Donovan Courchesne, étudiant en comptabilité. Jeune, il écoutait le téléjournal avec ses parents, ce qui lui a donné la piqûre de l’information et de savoir ce qu’il se passe dans le monde. Depuis, il se renseigne par le biais des médias traditionnels et étudiants.

De ces fausses nouvelles qui circulent, Donovan en est déjà conscient. « Ce qui m’inquiète, c’est qu’avec le blocage de Meta, on bannit les grands médias qui amènent de l’information fiable à la population. J’ai remarqué que plusieurs personnes que je côtoie à l’université disent des nouvelles et des fausses informations. Leur source : Facebook et Instagram. »

L’étudiant est particulièrement préoccupé par la crédulité de ses collègues, qui  « prennent toujours les fausses nouvelles au premier degré » et qui répandent la désinformation « comme si c’était la peste ». 

« Depuis quelques semaines, je vois des nouvelles sur Instagram qui se révèlent fausses lorsque je fais des recherches. Ça m’inquiète vraiment, parce que j’ai l’impression de toujours devoir être sur le qui-vive quand je suis sur les médias sociaux », renchérit-il.

Ce phénomène n’est pas surprenant, selon Michaël Nguyen. « Il fallait s’y attendre. On bloque l’accès des sources fiables qui suivent un guide de déontologie », souffle le président.

Le plaisir de l’information

« Rappelons que lire les nouvelles, ce n’est pas seulement pour s’informer, c’est aussi pour avoir de la répartie, une opinion et des sujets de conversation », indique M. Nguyen.

Pour Mégane Robidoux, s’informer permet d’avoir des discussions avec autrui et d’en savoir plus sur le monde. Son objectif actuel est de regarder les nouvelles au moins une fois par jour. « C’est vraiment rare que j’atteigne mes objectifs. C’était plus facile avec Instagram, car j’étais abonnée aux médias et je lisais leurs publications. C’était plus accessible avant », note l’étudiante. 

Depuis le bannissement de Meta, Mégane a téléchargé certaines applications de presse qu’elle consulte une fois de temps en temps.

« Si vous saviez à quel point parler de l’actualité m’a permis de créer des conversations dans des moments gênants », Mégane Robidoux, étudiante en marketing.

Des médias traditionnels aux médias étudiants, en passant par les balados et les émissions télévisées, il faut dorénavant avoir le réflexe d’aller directement sur les sites de nouvelle, rappelle le président de la FPJQ. 

« Allez-y au moins une fois par jour et parcourez ne serait-ce que les titres, parce que ça permet d’avoir une idée globale de ce qui se passe actuellement dans le monde et c’est tellement enrichissant », incite Michaël Nguyen.

 

Mention photo : Élizabeth Martineau

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