Prioriser sa santé mentale en allongeant ses études universitaires

Pour répondre à leurs obligations, prendre soin de leur santé mentale ou avoir de meilleures notes, plusieurs membres de la communauté étudiante décident d’allonger leur cheminement scolaire. À l’UQAM, près de la moitié des étudiants et étudiantes de premier cycle ne finit pas ses études dans les délais prescrits.

Jacinthe, une ancienne étudiante âgée de 40 ans, a renoncé à un parcours d’études linéaire. « J’ai vite compris et accepté que ça ne serait pas pour moi », souligne-t-elle. Cette dernière a collectionné de nombreux diplômes, notamment un certificat en arts visuels, une attestation de spécialisation professionnelle en lancement d’une entreprise et un diplôme d’études supérieures spécialisées en théâtre de marionnettes contemporain à l’UQAM. 

Jacinthe n’y est toutefois pas parvenue sans accrocs. « Lorsque j’ai dû avoir un cheminement régulier, j’ai fini le programme en dépression », confie-t-elle. C’est seulement en acceptant d’aller à son propre rythme qu’elle a pu atteindre ses objectifs à l’université. « J’arrive à faire des choses plus difficiles si je me respecte », observe-t-elle.  

Les avantages d’allonger ses études

Selon la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers, plusieurs raisons peuvent mener les étudiantes et étudiants à prolonger leur parcours universitaire. « L’hypothèse d’une meilleure conciliation études-travail-famille semble un motif légitime pour réduire le nombre de cours par trimestre, dans des proportions et des spécificités propres à chacune et chacun », suggère-t-elle. 

La tendance est similaire dans d’autres universités. Par exemple, Criic Turcotte, une étudiante à HEC Montréal, raconte son tumultueux parcours universitaire qui s’est conclu en avril 2023. « J’ai trouvé les études supérieures [à temps plein] extrêmement difficiles, et cela m’a mené à une dépression de plusieurs années », relate-t-elle. 

L’étudiante aujourd’hui âgée de 30 ans avait entamé en 2015 un baccalauréat en histoire de l’art à l’Université Laval. Elle ne l’a jamais complétée. « J’avais [à la suite de cette expérience] un traumatisme des études supérieures et je ne me croyais pas capable de réussir mes cours », témoigne-t-elle. 

Durant la pandémie de COVID-19, Mme Turcotte est revenue sur les bancs d’école en commençant un certificat en gestion des ressources humaines à HEC Montréal. « J’ai choisi de ne suivre qu’un cours pour me donner une idée de la charge de travail et savoir si j’étais capable de m’adapter », explique-t-elle.

L’étudiante a achevé son certificat en un an et demi, puis s’est immédiatement lancée dans un second certificat en gestion de la collaboration et des conflits en milieu de travail. Après avoir appris qu’elle était enceinte, celle-ci a choisi de compléter son deuxième certificat sur une plus longue période que prévu, afin d’alléger sa charge de travail. « Je voulais être capable de dormir le matin et de ne pas avoir un niveau de stress trop élevé », précise-t-elle.

Avec les cours qu’elle avait complétés à l’Université de Laval et qu’elle a transposés en certificat, Criic Turcotte a été diplômée d’un baccalauréat par cumul comprenant trois certificats au printemps 2023.

Elle affirme que ralentir le rythme de ses études a permis de réduire son stress et de favoriser une bonne santé mentale. « J’ai vraiment pu me concentrer sur mes cours, faire mes lectures tout en prenant soin de moi. J’ai pu me prouver que j’étais une bonne étudiante », ajoute-t-elle. 

Jacinthe et Criic ont toutes deux remarqué que l’allongement de leur parcours scolaire a eu des impacts notables sur leurs résultats. « J’ai une cote Z de 3,7 », souligne Criic, qui n’a jamais rencontré un tel succès académique avant de ralentir le rythme de ses études. « Quand j’essayais d’être à temps plein pour terminer plus rapidement, j’avais une moyenne de 2,1 », remarque-t-elle. 

Une durée qui convient à la moitié

Jenny Desrochers affirme que de plus en plus d’étudiants et d’étudiantes au premier cycle terminent leurs études dans les délais prévus, soit trois ans pour un programme de 90 crédits et quatre ans pour un programme de 120 crédits. 

Au début des années 2000, la proportion de la communauté étudiante qui complétait son baccalauréat dans les délais prescrits était de 42 %. Cependant, d’après les données les plus récentes, « environ 51 % des personnes diplômées d’un baccalauréat ont obtenu leur diplôme au terme d’un cheminement d’études de trois ans », rapporte Mme Desrochers.

Même si Jacinthe ne fait pas partie de ce pourcentage, elle est heureuse d’avoir choisi un parcours atypique. « Chaque cours et chaque discipline m’ont apporté quelque chose de nouveau », commente-t-elle. Pour elle, l’obtention d’un diplôme est loin d’être une finalité. « J’aimerais étudier toute ma vie si je le pouvais », conclut-elle. 

Mention photo : Camille Deheane|Montréal Campus

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