Le ramadan célébré à l’UQAM

Durant les dernières semaines à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), la communauté musulmane a jonglé avec les défis du ramadan et les contraintes des études universitaires québécoises. Pendant ce mois de jeûne, l’Association des étudiants musulmans de l’UQAM (AEMUQAM) a été présente pour soutenir les membres de sa communauté. 

Normalement silencieux vers 19 h 30, les couloirs de l’UQAM se sont animés durant cette période de ramadan, qui a eu lieu du 22 mars au 20 avril cette année. C’est dans le local J-1450, normalement peu fréquenté, que les membres de l’AEMUQAM se sont occasionnellement rassemblés au cours de ce mois sacré.

Lors du ramadan, l’agenda devient chargé pour l’exécutif de cette association qui a pour mission de rassembler la communauté musulmane de l’UQAM, tout en offrant une meilleure compréhension de l’islam aux non-musulmans et aux non-musulmanes. Pendant les quatre semaines du ramadan, l’AEMUQAM a organisé plusieurs repas afin de briser le jeûne, appelés « iftars » en arabe.

Ces événements permettent de réunir les musulmans et musulmanes de l’UQAM, qui sont, pour la majorité, loin de leur famille. Une réalité qui s’avère complexe tout au long du mois du jeûne, qui célèbre le rassemblement communautaire.

Les « iftars » organisés par l’AEMUQAM se sont déroulés sous la forme de « potlucks ». Chaque individu était invité à amener un peu de nourriture afin de la partager avec les autres participants et participantes. 

L’association prône des valeurs de partage et de respect. Elle assure que tout le monde — musulmans et musulmanes ou non — soit le bienvenu à participer aux nombreux événements.

L’AEMUQAM n’est pas seulement active lors du ramadan. Elle organise chaque année bon nombre de conférences, autant sur l’islam que sur des sujets qui touchent directement la population étudiante, comme la santé mentale et le respect de la diversité.

Une communauté bien vivante

Les événements de l’AEMUQAM ne sont pas les seuls lieux de rassemblement de la communauté musulmane au sein de l’université. Romina Rajabi et Abdou Sakho, qui étudient au certificat en immigration et relations interethniques, décrivent une atmosphère d’entraide qui parcourt les couloirs de l’UQAM pendant le ramadan.

« Ça fait du bien de voir que tu n’es pas seule, témoigne Romina. Avant, quand j’étais au secondaire, j’étais vraiment toute seule… Mais maintenant, il y a beaucoup de diversité, [c’est possible de] rencontrer des gens comme toi. »

Pour elle, qui vient d’une communauté afghane, fréquenter un établissement comme l’UQAM permet de converser et de tisser des liens avec des musulmans de différentes cultures et ethnies, originaires de partout sur la planète.

Abdou Sakho pose les mêmes constats : « L’UQAM, c’est un endroit très diversifié et il y a plusieurs branches de l’Islam, chacun pratique à sa façon. »

Vers une meilleure cohabitation

Deux membres de l’exécutif de l’AEMUQAM, qui ont choisi de rester sous le couvert de l’anonymat, affirment que la communauté uqamienne cohabite généralement bien avec les étudiantes musulmanes et les étudiants musulmans. 

« Les professeurs qui nous donnent des pauses, à l’heure de couper le jeûne, ça c’est très bien, et tous les autres élèves sont compréhensifs », détaille Abdou Sakho, reconnaissant.

L’AEMUQAM déplore cependant l’absence d’espace de méditation à l’UQAM. Elle cite en exemple les universités anglophones comme McGill et Concordia, qui ont déjà mis en place plusieurs lieux de recueillement dans les différents pavillons de leur établissement.

Interrogé sur la question de la cohabitation, Rachad Antonius, professeur de sociologie à l’UQAM, prône des accommodements tant du côté de l’université que de la communauté étudiante musulmane. Il rappelle que « l’islam lui-même est très tolérant et souple dans ses textes religieux ». 

L’esprit du ramadan « est de s’imposer des restrictions et de continuer à être un élément productif dans la société. Les institutions peuvent aussi tenir compte [du ramadan] sans perturber leur fonctionnement outre mesure », résume le professeur. 

Mention illustration : Malika Alaoui|Montréal Campus 

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