« Close » : le deuil d’une amitié 

Le dernier long métrage de Lukas Dhont, Close, fera verser une larme même aux cœurs de pierre. En salle depuis le 3 février, le film d’une simplicité bouleversante aborde les thèmes de l’amitié et de la masculinité chez les jeunes.

Dans de magnifiques champs de fleurs, on découvre Léo (Eden Dambrine) et Rémi (Gustav De Waele), liés par une amitié symbiotique. Les deux garçons de 13 ans partagent un été rempli de tendresse et d’allégresse. Les paysages champêtres de la Belgique créent une bulle féérique où les adolescents s’épanouissent dans leur amitié à coup de chuchotements et de courses folles, loin du regard des autres.

Leur amour innocent sera mis à l’épreuve à leur arrivée dans un nouvel établissement scolaire. Leur proximité dévoilée au grand jour cause regards et questionnements de la part des autres élèves. Lorsqu’une camarade leur demande s’ils forment un couple, Léo, sur la défensive, commence une réflexion sur sa relation avec Rémi. 

Cette brèche dans leur amitié continue de s’agrandir à mesure que Léo, voulant s’intégrer aux autres groupes d’adolescents, s’éloigne de Rémi, impuissant et désabusé face à la situation. Léo commence le hockey sur glace et ne tolère plus les contacts physiques que les deux amis partageaient auparavant. Alors que les codes et les pressions sociales pèsent sur Léo, un drame viendra séparer les amis à jamais.

Silence et émotions

Le réalisateur belge propose des plans intimistes : à plusieurs reprises, la caméra  plonge dans les yeux des personnages afin de capter leurs émotions. Les dialogues se veulent simples et clairsemés à travers le film. Ce ne sont pas les mots qui attirent l’attention, mais plutôt les regards et les expressions faciales des interprètes. 

L’excellente performance de l’acteur Eden Dambrine témoigne de la complexité du personnage. La douleur et les remords que Léo tente de cacher crèvent l’écran.  Les séquences émotives sont souvent contrastées avec des moments de son quotidien : école, cueillette de fleurs et hockey. 

Le rythme lent du film ne plaira pas à tous et à toutes, mais il permet de suivre le développement psychologique des personnages. Le côté dramatique du film est intégré au scénario avec finesse. Rien n’est forcé et l’auditoire est porté par une histoire d’une réalité troublante.

Les dangers d’une masculinité toxique

Le long métrage, nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film international, soulève plusieurs questions sur les effets néfastes de la masculinité toxique. Gagnant du Grand prix du Festival de Cannes, Close montre une amitié d’enfance à l’allure parfaite qui ne survit pas aux normes de la société.

Lukas Dhont a expliqué lors d’une tournée de presse, en novembre dernier à Paris, l’impact de son enfance sur le film : « L’amitié dans ma vie est un thème assez complexe, parce qu’à l’âge de quinze ans, j’ai commencé à avoir peur de mes amitiés masculines ». Enfant queer ayant grandi en campagne flamande, en Belgique, il s’est questionné sur la complexité de l’amitié masculine et sur la manière dont celle-ci est affectée par la perception des autres.

Il explique qu’il s’est souvent distancié de ses amis de jeunesse, simplement par crainte d’être jugé. « C’est une blessure que je garde avec moi jusqu’à aujourd’hui », relate-t-il. Son passé lui permet maintenant de réaliser ce long métrage qui fendra le cœur de plusieurs.

Mention photo : Kris Dewitte

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