« Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu », un pari risqué

Dans un cinquième opus en prises de vues réelles, l’irréductible Astérix et sa bande de Gaulois sont de retour, cette fois-ci pour empêcher la Chine de tomber sous l’emprise de Jules César. Si Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu n’est pas la meilleure proposition de la franchise, le nouveau film innove par son scénario original et la qualité de ses effets spéciaux.

Plus d’une décennie après l’échec d’Astérix et Obélix : Au Service de sa Majesté (2012), la série avait besoin de renouveau, et c’est désormais chose faite. Contrairement aux films précédents, qui s’inspiraient des bandes dessinées d’Albert Uderzo et de René Goscinny, L’Empire du Milieu propose pour la première fois un scénario inventé de toutes pièces. 

Aigri par une rupture difficile avec la reine Cléopâtre, le despotique empereur romain Jules César désire étendre son emprise sur le monde jusqu’à la Chine, où personne ne le connaît. L’impératrice chinoise devient alors prisonnière des usurpateurs alliés de César.

Dans l’espoir de libérer sa mère, la princesse Fu Yi (Julie Chen) fait appel à l’ingéniosité d’un Astérix (Guillaume Canet) nouvellement végétarien et en désintox de potion magique et d’un Obélix (Gilles Lellouche) plus têtu que jamais.

Un renouveau apprécié

C’est l’interprète d’Astérix, Guillaume Canet, qui signe la réalisation et l’écriture de cette nouvelle aventure gauloise, dans une version plus actuelle et plus colorée. 

Plusieurs problématiques contemporaines trouvent écho parmi les Gaulois, notamment les enjeux féministes. Par exemple, l’épouse du chef gaulois dénonce le peu de pouvoir que détiennent les femmes au sein du village. La guerrière chinoise Tat Han (Leanna Chea), quant à elle, se présente comme une égale à Obélix, une première dans la saga. La présence de deux personnages féminins dans la distribution principale offre aussi un vent de fraîcheur à la franchise.

Le film de Guillaume Canet fait aussi référence à la toxicomanie. La potion magique qui donne une force surhumaine aux Gaulois y est représentée comme une drogue à laquelle chaque personnage réagit différemment. Astérix essaie de se libérer de sa dépendance à cette substance, sans succès. 

Les amateurs et les amatrices de l’univers d’Astérix et Obélix ne seront pas déboussolé(e)s pour autant : le film ne manque pas de faire allusion à des blagues récurrentes de la franchise. Dans L’Empire du milieu, le public renoue avec le barde Assurancetourix que personne ne veut entendre chanter – interprété avec brio par le chanteur Philippe Katerine – ou encore avec les pirates qui n’en peuvent plus de tomber sur les « Gau-Gau, les Gaulois ».

Une distribution renouvelée

Ce nouveau chapitre présente pour la première fois au cinéma un Obélix interprété par un autre acteur que Gérard Depardieu. C’est l’ami de longue date et collègue de Guillaume Canet, Gilles Lellouche, qui enfile le rôle du bon vivant « Obé ». Leur complicité crève l’écran. 

C’est toutefois la performance de Jonathan Cohen qui mérite la première étoile. Le comique prend le rôle d’un marchand phénicien, Graindemaïs, plus peureux que son ombre. Son ridicule rappelle l’excellente performance de Jamel Debbouze en Numérobis dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre

Que serait un Astérix sans une ribambelle de « caméos » issus de différents milieux ? Le chanteur Orelsan interprète un capitaine de navire imbu de lui-même, qui se nomme ironiquement Titanix, sans oublier la chanteuse belge Angèle qui incarne Falbala. C’est sans doute le footballeur suédois Zlatan Ibrahimović qui est le plus mémorable en incarnant le bras droit de César, Antivirus. La vedette de l’AC Milan de 41 ans fait pardonner son français approximatif par sa stature dans une scène de combat digne d’Hollywood. 

Production coûteuse, pari risqué ?

Le film français figure en huitième position de la liste des productions de l’Hexagone les plus coûteuses de l’histoire, avec un budget de 65 millions d’euros. Pour Michel Coulombe, chroniqueur cinéma à Radio-Canada, c’est un pari risqué. « C’est un peu comme si ce nouvel Astérix se voulait sauveur du cinéma français qui n’a plus trop l’habitude des grandes productions et qui perd des plumes au Québec, comme à l’international », analyse-t-il en entrevue avec le Montréal Campus.

Astérix aux Jeux olympiques, paru en 2008, avait coûté 75 millions d’euros. Pourtant, les effets spéciaux laissaient à désirer. Dans cette nouvelle mouture, le budget est investi avec soin afin de rendre un produit époustouflant. Lorsque les troupes de César entament leur conquête de la Chine, on se croirait dans Gladiator, tant les scènes de combat sont bien réalisées. 

Selon Michel Coulombe, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu est un cas d’analyse intéressant. Ce film permettra de constater si le public québécois sera au rendez-vous pour un blockbuster non américain. 

Bien que L’Empire du Milieu de Guillaume Canet, en salle depuis le 1er février, n’arrive pas à détrôner l’excellent Mission Cléopâtre d’Alain Chabat, les nouvelles aventures d’Astérix et d’Obélix promettent de faire rire les jeunes comme les moins jeunes.

Mention photo : Christophe Brachet

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