En dépit des sondages plaçant la députée sortante de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Manon Massé, largement en tête, sept candidats et candidates ont fait campagne dans la circonscription. Quelques semaines après le dévoilement officiel des résultats de l’élection générale du 3 octobre 2022, trois candidates se sont confiées sur leur première expérience dans l’arène politique.
« Tenter de déloger une figure médiatique comme Manon Massé, c’est compliqué, mais [c’est] possible si on a les bons outils », admet la candidate péquiste de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Phoeby Laplante. L’étudiante en troisième année du baccalauréat en communication, politique et société de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a commencé sa campagne avec un maigre 1 000 $ et un seul bénévole.
Il s’agit d’une situation sans précédent pour le Parti québécois (PQ) dans la circonscription. De 1989 à 2014, les électeurs et les électrices de Sainte-Marie-Saint-Jacques ont élu des députés péquistes. Mme Laplante a travaillé sans relâche pour rapatrier l’électorat de la circonscription au PQ. La candidate ayant obtenu 14,72 % des voix, l’exécutif péquiste dans Sainte-Marie-Saint-Jacques n’est pas admissible au remboursement de ses dépenses électorales par le Directeur général des élections du Québec.
Le « beau défi » de la candidate caquiste
La Coalition avenir Québec (CAQ) n’est jamais parvenue, depuis sa création en 2011, à dépasser la barre des 15 % de suffrages dans la circonscription. Au dernier scrutin, la formation a obtenu 3 268 voix, soit 14,3 % du vote. Aurélie Diep, candidate caquiste, était consciente du travail qui l’attendait sur le terrain. « Moi, je croyais à mon travail sur le terrain. La CAQ porte des enjeux de la circonscription, notamment sur la lutte à l’inflation et le logement. Je trouvais ça important de le dire aux électeurs », affirme-t-elle.
L’étudiante au baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire à l’UQAM cumule plusieurs expériences dans les mouvements étudiants et au sein de la Commission de la Relève de la CAQ, dans laquelle elle siège à l’exécutif comme responsable de l’organisation.
Un parti qui cherche à faire sa place
Après un stage au Global Green News, média indépendant fondé et administré par Alex Tyrrell, le chef du Parti vert du Québec (PVQ), Hailey Roop a été approchée par ce dernier pour être candidate. L’étudiante au baccalauréat en économie et environnement de la Terre à l’Université McGill a fait le saut en politique pour présenter le programme des verts et offrir une alternative aux électeurs et électrices progressistes et fédéralistes. Néanmoins, la candidate a eu beaucoup de difficulté à crédibiliser le PVQ.
Lorsque l’on tape le nom d’Alex Tyrrell sur le moteur de recherche Google, les premiers résultats affichent les propos du politicien sur l’invasion de l’armée russe en Ukraine. Ce dernier a déclaré sur Twitter, le 5 mars dernier, que les demandes de la Russie à l’Ukraine étaient « raisonnables » et qu’elles devaient, selon lui, être acceptées par les Occidentaux. « Comme candidate du PVQ, on me rappelait quotidiennement cette déclaration », affirme Hailey Roop, qui ajoute que cette déclaration a lourdement nui à sa campagne et qu’elle ne partage pas l’opinion de son chef à ce sujet. Malgré cette frasque du leader écologiste, Hailey Roop a obtenu la confiance de 450 électeurs et électrices de la circonscription.
Les inconvénients de la ligne de parti
Dans la circonscription lavalloise de Sainte-Rose, la candidate péquiste était Lyne Jubinville, membre fondatrice du groupe Pour les droits des femmes (PDF) du Québec. L’organisation a démontré par le passé une réticence à l’inclusion des femmes trans dans le mouvement féministe, en signant la Déclaration des droits des femmes fondés sur le sexe biologique, en 2020. Phoeby Laplante, elle-même une femme trans, ne cache pas son malaise face à la situation : « Pour moi, c’est insensé de présenter une femme transgenre et une femme issue de PDF dans le même parti. »
De son côté, Aurélie Diep a rejoint la CAQ notamment pour amener une voix écologiste à la coalition. La candidate concède cependant que le bilan environnemental du parti n’est peut-être pas « celui que les gens voulaient ». À preuve, une délégation de candidats et candidates et de ministres caquistes a été exclue de la marche pour le climat du 22 septembre 2022. « Notre présence était un geste de solidarité avec le mouvement. J’ai été dans les rues pour l’environnement et je suis d’accord avec la majorité des revendications. J’ai trouvé ça désolant d’être exclue », affirme-t-elle.
L’heure du bilan
La candidate du Parti vert du Québec Hailey Roop admet avoir été déçue de son propre résultat ainsi que celui du parti à l’échelle du Québec. « Je ne croyais pas que nous aurions eu si peu. Je m’attendais à plus », confie-t-elle, optimiste pour l’avenir du parti.
Aurélie Diep fut quant à elle surprise de son positionnement dans les résultats. « Les propos sur l’immigration ont [définitivement] eu un impact sur la sortie de vote, autant pour moi que pour les autres candidats de la région de Montréal », partage-t-elle. La candidate se dit toutefois satisfaite de son travail sur le terrain.
Pour Phoeby Laplante, la défaite a été difficile sur le moment. « Je suis mauvaise perdante, mais pas longtemps », ajoute-t-elle. Attachée à la circonscription, la candidate défaite souhaite s’y installer et ne ferme pas la porte à une nouvelle candidature en 2026.
Légende photo : Aurélie Diep, candidate caquiste dans Sainte-Marie-Saint-Jacques
Mention photo : Camille Dehaene|Montréal Campus
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