Chez les étudiant(e)s en éducation, la grève des stages reprend de plus belle

Les étudiants et étudiantes de la Faculté des sciences de l’éducation sont en grève depuis le 13 octobre pour revendiquer de meilleures conditions de stage. Ils et elles dénoncent, entre autres, une charge de travail excessive, un manque de protection légale et la non-rémunération de leur travail.

La grève a débuté avec la thématique de la rémunération des stages les 13 et 14 octobre. Dès la semaine suivante, du 17 au 21 octobre, chaque semaine correspondra à une revendication différente liée à l’amélioration des conditions de stage.

Afin de décider si la grève continuera après ces deux semaines, une assemblée générale de reconduction aura lieu le 20 octobre.

Des conditions difficiles

Violaine, étudiante en enseignement du français langue seconde et mère de jeunes enfants, doit faire presque deux heures de transport en commun pour se rendre à son stage, qui commence à 7 h 30. Le règlement du Bureau de la formation pratique (BFP), l’organe de l’UQAM en charge des stages, limite ce temps de déplacement à une heure et demie.

Or, le BFP affirme que le règlement est respecté : à 38 kilomètres de distance de son domicile, le trajet ne devrait lui prendre que 36 minutes en voiture.

« Je ne peux pas prendre l’auto, parce qu’il y a forcément un de nous [entre mon conjoint et moi] qui doit amener les enfants [à l’école], explique-t-elle. S’il y en a un qui doit amener les enfants, l’autre ne peut pas prendre l’auto. » Violaine doit quitter sa maison à 5 h 30 pour se rendre sur son lieu de stage. Elle dit avoir contacté le BFP pour demander de se faire assigner un nouveau lieu de stage, mais ses messages sont restés sans réponse.

La situation de Violaine est loin d’être unique. Les stagiaires en éducation sont nombreux et nombreuses à déplorer leurs conditions.

La charge de travail élevée qu’impliquent les stages est au centre des revendications des étudiants et étudiantes en éducation. Les longues heures qu’exigent les stages se conjuguent mal avec un emploi étudiant, souvent nécessaire au paiement d’un loyer.

Les étudiants et étudiantes en éducation doivent faire des sessions intensives pour accomplir leur baccalauréat dans les délais prévus de quatre ans. Une charge qui en mène plusieurs au « burnout », d’après Loryane, une étudiante en enseignement du français langue seconde. Les stages requièrent la remise d’un nombre souvent jugé exagéré de planifications à remettre.

Le combat continue

Pour mobiliser ses membres avant le vote de grève qui a eu lieu le 5 octobre dernier, l’Association des étudiantes et des étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM (ADEESE-UQAM) avait rédigé une lettre ouverte qui décrivait toutes les revendications adressées au BFP et à la Faculté des sciences de l’éducation. 1131 étudiants et étudiantes en éducation ont signé cette lettre.

En réponse aux revendications, la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers, indique que la Faculté insiste sur son ouverture à la communication ainsi que sur le bon déroulement des négociations en cours.

Mme Desrochers explique que plusieurs revendications, comme la rémunération des stages ou la protection des stagiaires, ne relèvent pas du BFP, mais plutôt des Centres de services scolaires, du ministère de l’Éducation, du ministère de l’Enseignement supérieur ou même du gouvernement du Québec.

« Pour la très grande majorité des [4000 et plus étudiants qui réalisent des stages à l’UQAM], le stage se déroule sans embûches, souligne Mme Desrochers. Lorsque des cas sont rapportés à la Faculté, celle-ci les traite promptement et elle agit quand les solutions sont à sa portée. »

Un comité de négociation, maintenant composé d’une personne représentante de chaque association modulaire et d’un membre du conseil exécutif de l’ADEESE, communiquera avec la Faculté des sciences de l’éducation, le BFP et les directions de programme pour défendre les intérêts des stagiaires durant la grève.

Ce comité s’est déjà entendu avec l’UQAM sur quelques engagements dans le passé, tel que la non-reprise des journées de grève pour les stages en mars dernier. La coordonnatrice du conseil exécutif de l’ADEESE, Camille Nicaisse, insiste toutefois pour que les engagements futurs viennent avec des délais raisonnables. « On nous a parlé de trois ans pour certaines de nos demandes, mais en trois ans, tu as quasiment le temps d’avoir fini ton BAC et tes conditions de stages ne se sont toujours pas améliorées », déplore-t-elle.

Un précédent

La grève déclenchée par les étudiants et étudiantes en éducation cette année n’est pas la première. En 2018, 60 000 étudiants et étudiantes à travers le Québec entraient en grève pour exiger la rémunération de tous les stages à tous les niveaux d’éducation.

Cette grève avait mené le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, pas encore scindé à l’époque, à proposer la rédaction d’une convention de stage qui aiderait à encadrer les conditions des stagiaires en éducation. Cinq ans plus tard, la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM affirme qu’une telle convention est bel et bien en cours de rédaction.

Mention photo : Camille Dehaene | Montréal Campus

Commentaires

Une réponse à “Chez les étudiant(e)s en éducation, la grève des stages reprend de plus belle”

  1. Qu’est-ce qu’il advient de la session que nous avons payé. Les étudiants n’ont toujours pas reçu l’enseignement prévu??

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *