Infiltration d’eau dans un CPE de l’UQAM : des parents étudiant(e)s pris(e)s au dépourvu

Le centre de la petite enfance (CPE) Tortue têtue, situé dans le pavillon V de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), a été contraint de fermer ses portes en raison d’une infiltration d’eau causée par un refoulement d’égouts survenu le 13 septembre dernier. Une dure épreuve pour plusieurs parents étudiant(e)s qui ont dû attendre deux semaines avant de retrouver le CPE dans de nouveaux locaux.

« Nous avons eu l’impression de perdre quelque chose du jour au lendemain », partage Morgann Hervo, étudiante à la maîtrise en éducation à l’UQAM, la gorge serrée. Lorsqu’un premier message de l’établissement s’est glissé dans sa boîte aux lettres électronique, elle ne se doutait pas de la gravité de la situation au CPE que fréquentent ses deux jeunes garçons. « Je me suis dit qu’il devait juste y avoir un peu d’eau. Puis, j’ai reçu un deuxième message disant qu’il allait falloir changer les planchers », se rappelle-t-elle.

Le refoulement d’égouts a endommagé deux locaux de la garderie qui accueillent une trentaine d’enfants ainsi qu’un local occupé par un groupe de dix poupons. Le service de Tortue têtue a été interrompu pendant deux semaines avant de reprendre le mardi 27 septembre dans des locaux temporaires.

Les 20 poupons du CPE ont été relocalisé(e)s dans deux locaux de l’UQAM, tandis que les 40 enfants de 18 mois et plus ont été accueillis dans une ancienne garderie qui avait récemment fermé dans le YMCA Centre-ville.

Au moment où ces lignes étaient écrites, la durée de la fermeture temporaire de Tortue têtue était estimée à un mois au maximum, le temps de faire les réparations nécessaires.

Parmi les usagers et les usagères de ce service, on compte une trentaine de familles dont les parents sont encore aux études et d’autres familles qui l’étaient quand leurs enfants ont intégré le CPE. « Nous sommes un CPE pour les parents étudiants, c’est notre clientèle cible. La session vient de commencer, donc ce n’est pas facile », déplore Lianne New, adjointe à la pédagogie de la garderie.

Le quotidien des familles chamboulé

Pour Elisama Sousa, mère d’une fillette d’un an et étudiante à la maîtrise en droit international, les deux semaines durant lesquelles elle s’est retrouvée sans garderie ont été éprouvantes. « Nous n’avons pas de famille ici, explique la Brésilienne d’origine. Nos amis, ce sont tous des gens qui travaillent et qui sont déjà occupés. Nous n’avions pas de façon de demander de l’aide. »

La fermeture de Tortue têtue a amené Elisama Sousa et son conjoint à inscrire leur fille à une autre garderie de façon temporaire. « Nous n’aimions pas l’idée de placer notre fille dans un autre endroit, mais nous n’avions pas le choix », relate-t-elle. La jeune mère s’estime toutefois chanceuse lorsqu’elle se compare à d’autres femmes monoparentales dont les enfants fréquentent la garderie.

Morgann Hervo, qui a quitté la France il y a trois ans, et son conjoint ont vécu une situation similaire. « Nous nous sommes retrouvés juste nous deux, avec nos deux enfants, à se dire : comment allons-nous faire?” », raconte-t-elle. Malgré la réouverture du service de Tortue têtue dans des locaux temporaires, l’étudiante a choisi d’intégrer ses deux fils à une nouvelle garderie.

« Nous n’aurions pas pu continuer avec Tortue têtue, nos enfants auraient été à des endroits différents [étant donné leur différence d’âge]. La situation aurait été impossible pour nous, dit-elle. Avec regret et le cœur gros, nous avons dû laisser Tortue têtue. »

Un déménagement choc

Elisama Sousa et son conjoint ont remarqué des comportements d’incompréhension chez leur fille dès les premiers jours de la suspension du service. La petite « aimait beaucoup son CPE » et les ami(e)s qu’elle s’y était fait(e)s. « Nous voyons qu’elle s’ennuie vraiment [de sa garderie] », souligne Mme Sousa.

Même son de cloche chez Morgann Hervo, dont les fils n’ont pas pu dire « au revoir » à leurs éducatrices et éducateurs, ni aux locaux de Tortue têtue. « Les enfants n’ont pas compris. Le mardi, ils étaient au CPE et le mercredi, il faut leur dire que nous ne savons pas quand reprendra le CPE et qu’il n’y en aura peut-être plus, se souvient-elle. C’est sans transition, c’est une espèce de choc. »

À ce jour, Morgann Hervo se sent nostalgique lorsqu’elle passe devant les locaux inoccupés du CPE. « C’est toute une vie qui s’arrête d’un coup et nous espérons qu’elle va reprendre », témoigne-t-elle.

Du côté d’Elisama Sousa, cette vie à Tortue têtue a finalement pu recommencer. À la suite de son entrevue avec le Montréal Campus, l’étudiante lui a fait part de la réintégration de sa fille dans les locaux temporaires du CPE, le 27 septembre. « Nous avons hâte de [la voir] à nouveau avec ses amis et aussi de voir notre routine revenir à la normale », conclut-elle.

Mention photo : Camille Dehaene | Montréal Campus

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