Ces artistes qui s’invitent en politique

Anne Casabonne pour le Parti conservateur du Québec, Guy Nantel pour le Parti québécois : on remarque une augmentation d’artistes dans le paysage politique de la province. Ces candidatures vedettes peuvent être un coup de visibilité pour les partis, mais comportent tout de même un certain risque.

« Le Québec s’inscrit dans la continuité d’un mouvement qui a commencé aux États-Unis avec Ronald Reagan qui a réussi à percer le monde de la politique », indique le directeur de l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Pierre Barrette.

Selon lui, quelques artistes sont sélectionné(e)s car ils et elles ont un capital de sympathie à l’écran, convoité par les partis politiques qui le croient transposable dans le monde politique.

« Les partis sont en lutte constante pour une visibilité plus grande. Des gens comme Anne Casabonne leur offrent une visibilité médiatique facile et gratuite », affirme le professeur du département de communication sociale et politique de l’UQAM Olivier Turbide. « Le capital de sympathie élevé dont bénéficient ces gens-là n’offre pas de garantie sur leur compétence et leur expertise, ce qui peut être un couteau à double tranchant », ajoute-t-il.

Un engagement social qui ne doit pas être nouveau

Pour Olivier Turbide, il est essentiel que l’artiste mette de l’avant un engagement social qui l’a toujours habité, lui qui prend en exemple Pierre Curzi. Acteur et scénariste, c’est surtout son rôle de président de l’Union des artistes (UDA) de 1998 à 2007 qui a mené Pierre Curzi au monde de la politique. Selon lui, l’UDA devait prendre des positions politiques, car la situation des artistes est reliée à des décisions en Chambre. Cependant, à la suite d’un sondage défavorable à cette proposition, Curzi a décidé de lui-même faire le saut.

Maka Kotto, comédien, auteur et metteur en scène, qui a réussi à se tailler une place comme ministre de la Culture et des Communications avec le Parti québécois de Pauline Marois, rappelle toutefois qu’un artiste reste un citoyen comme un autre. « L’important, c’est la cause qui l’amène à s’impliquer », souligne-t-il.

Partir avec une longueur d’avance

« L’avantage d’être connu c’est de pouvoir monter rapidement et sauter plusieurs étapes dans la politique », précise le professeur Olivier Turbide. On peut penser à Donald Trump qui a réussi à se hisser directement à la tête du Parti républicain aux États-Unis, mais aussi à Guy Nantel qui a toutefois échoué à se faire élire comme chef du Parti québécois.

Si se faire une place est facile, la garder n’est pas évident. Pierre Curzi l’a vécu. Le fait d’occuper la scène médiatique comme président de l’UDA a contribué à son acceptation par ses pairs en Chambre, mais « faire sa place auprès des autres politiciens est certainement plus difficile qu’auprès du public », se souvient-il.

Un risque calculé

Le cas récent d’Anne Casabonne prouve, selon l’enseignant Olivier Turbide, que des candidatures vedettes restent dangereuses pour la crédibilité d’un parti. « Il faut être en mesure de bien encadrer [ces candidatures vedettes] pour ne pas faire déraper sa campagne complète, car [le candidat ou la candidate vedette] sera davantage sous la loupe des médias », précise le professeur.

Toutefois, des candidat(e)s comme Pierre Curzi, Maka Kotto ou Catherine Dorion demeurent de bonnes additions dans un parti politique selon Pierre Barrette. Selon lui, ils et elles ont « une capacité à se présenter et à manier le discours politique de manière très articulée » du fait de leur « engagement à travers les années » qui est essentiel à leur réussite dans le monde de la politique.

Illustration de Augustin de Baudinière

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