Un nouveau départ pour le Projet J

Après quatre ans d’absence, Projet J revient en force avec une nouvelle équipe, une mouture renouvelée et surtout, du financement. Regard sur cet observatoire indépendant sur le journalisme.

Projet J est un observatoire numérique sur le journalisme et les médias numériques qui publiera environ deux fois par semaine des articles sur les enjeux auxquels fait face le journalisme, au Canada et ailleurs dans le monde. Le principal objectif du Projet J est d’informer les gens sur les enjeux des médias et du journalisme en général.

« C’est essentiellement pour combler le manque d’informations qui sont publiées. Il n’y a presque plus de médias au Québec qui écrivent sur le monde des médias. […] On est un peu comme des cordonniers mal chaussés », explique Patrick White, rédacteur en chef du Projet J, et responsable du baccalauréat en journalisme à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). L’observatoire tente de disséquer et d’analyser l’univers des médias pour que ce dernier soit plus outillé sur l’industrie journalistique et sur ses futurs défis.

Pour ce qui est du financement, Patrick White se réjouit de la réponse rapide et positive de trois entreprises, soit Radio-Canada, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN). « Ils ont accepté de nous donner pour la première année 27 000 $. Radio-Canada s’est engagé pour au moins un an et les deux autres, c’est pour trois ans », précise-t-il.

Un programme ouvert à tous et à toutes

Ce ne sont pas uniquement des journalistes qui peuvent collaborer ; n’importe qui peut écrire des articles. Mais les collaborateurs et les collaboratrices ne seront pas seul(e)s. Ces dernier(e)s seront épaulé(e)s par un comité éditorial composé de quatre professeur(e)s de l’École des médias de l’UQAM : Jean-Hugues Roy, Kathleen Lévesque, Chantal Francoeur et Patrick White lui-même. Ils et elles seront en charge de relire les textes, les corriger et les publier sur le site de J-Source (la version anglophone de Projet J).

« On reçoit des propositions de textes et on s’assure que cela correspond au niveau de la qualité qu’on souhaite mettre de l’avant. On va solliciter autant de textes qu’on va en recevoir de façon spontanée. Tous les quatre, on doit se positionner et réfléchir sur ce qu’on veut donner comme vision », détaille Kathleen Lévesque.

Les sujets abordés seront variables et nombreux : pénurie de main-d’œuvre, comment lutter contre la désinformation, le journalisme d’enquête, etc. Mais le public cible ratissera moins large et sera plus niché. « On vise évidemment les journalistes, les gens qui travaillent dans le milieu des communications et les gouvernements qui s’intéressent aux questions sur l’avenir des médias », énumère M. White.

Par ailleurs, Projet J reprend ses activités après plus de quatre ans de pause. « Je pense qu’il faut battre le fer quand il est chaud. On a constaté qu’il n’y a pas beaucoup d’informations qui circulent ou qui s’écrivent dans les médias ici sur le monde du journalisme et des modèles d’affaires, et on s’est dit que d’avoir un observatoire impartial, indépendant, de réflexions sur le monde des médias, ce n’était pas un luxe », soutient-il.

Aux racines du projet

La fondatrice originale de Projet J, Colette Brin, est désormais professeure titulaire au département d’information et de communication de l’Université Laval, et directrice du Centre d’études sur les médias. Le projet ayant été lancé en 2007, elle voulait créer un site Web francophone et établir un partenariat avec les écoles de journalisme à travers le pays. « C’était clair depuis le début qu’il fallait avoir un site en français. Ça visait quelque chose de très ambitieux qui ressemblait à des initiatives qu’on voyait aux États-Unis comme l’Institut Poynter », décrit-elle.

Mme Brin a cependant dû mettre son projet ambitieux sur la glace en 2017, par manque de financement. « J’avais aussi d’autres projets qui m’occupaient beaucoup. Je n’arrivais pas à trouver quelqu’un à l’époque qui pouvait prendre le relais », renchérit-elle.

Selon Patrick White, il faut trouver d’autres moyens que la publicité pour assurer la pérennité des médias. « Les médias vivent une grave crise financière depuis une dizaine d’années avec le monopole du marché publicitaire par Google et Facebook. Il faut penser à des nouveaux modèles d’affaires pour les médias québécois et canadiens, et c’est pour ça qu’on a Projet J », conclut-il.

Mention photo Augustin de Baudinière | Montréal Campus

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