Éditorial : S.O.S groupes étudiants en détresse

Au cours des dernières années, les médias étudiants ont affronté de nombreux défis. Entre le manque de financement et une pandémie, ces institutions qui forment la relève en ont vu des vertes et des pas mûres, mais elles ne sont pas les seules. Différents groupes étudiants peinent aussi à rejoindre leur communauté après une année éloignée.

Depuis la rentrée en présentiel, le Montréal Campus vit une pénurie de collaborateurs et de collaboratrices fidèles. Les équipes de rédaction précédentes pouvaient compter sur environ quatre personnes par pupitre chaque session. Aujourd’hui, ce nombre a chuté de moitié. Qui sont ceux et celles qui manquent à l’appel?

L’équipe actuelle s’est remise en question, et après mûre réflexion, est venue à un constat : nos journalistes absent(e)s sont ceux et celles qui ont vécu la pandémie de plein fouet. Ce sont ceux et celles qui se sont heurté(e)s à une première année à l’université à distance. En temps normal, ces journalistes en herbe formeraient le bassin expérimenté de notre journal, mais depuis la rentrée, peu ont osé plonger.

Il faut dire que les lancements, les 5 à 7 et autres activités de la vie étudiante sont des ponts de communication importants. Une réalité que les groupes étudiants n’ont pas connue pendant l’année pandémique. Pourtant, c’est une partie essentielle à la connaissance de la vie étudiante uqamienne.

De nouveaux champs de possibilités

D’autres médias étudiants vivent une réalité similaire. La présidente de l’agence de publicité de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’Incubateur, Noémie Trottier, abonde dans le même sens : « Normalement on recrute des troisièmes et des deuxièmes années parce que ce sont ceux qui sont les plus expérimentés, mais là, on avait l’impression que nos deuxièmes années étaient plutôt des premières années, […] ils ne savaient pas s’ils voulaient s’impliquer. »

Pour ces étudiant(e)s fraîchement arrivé(e)s sur le campus, l’année pandémique a été une occasion de s’impliquer en dehors des médias étudiants. Alors qu’ils et elles n’ont pas eu une présentation en bonne et due forme de la panoplie d’implications étudiantes potentielles, certain(e)s sont allé(e)s chercher leur expérience professionnelle à l’extérieur du campus. Ce phénomène pourrait être directement lié à la connexion précaire qu’entretiennent ces nouveaux uqamiens et ces nouvelles uqamiennes avec leur vie étudiante.

Le secrétaire de l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED), Rémi Grenier, déplore ce phénomène : « Il y a beaucoup d’étudiants qui sont prêts à faire des rencontres, qui viennent d’arriver à l’université […] et il y a des 5 à 7 de proposés, mais c’est souvent à l’extérieur de l’UQAM parce que les réglementations sont plus souples. » Le manque d’activité sur le campus fragilise le lien entre les étudiant(e)s et leur vie parascolaire.

Une vie étudiante timide

Bien que les groupes étudiants de l’UQAM soient retournés en présentiel avec de beaux projets au fond de leur cartable et une motivation à son paroxysme, ils n’étaient peut-être pas prêts à se buter à une communauté étudiante aussi discrète.

« La majeure partie des étudiants sont contents d’être revenus en présentiel, mais il y a une partie qui préférerait rester en ligne, ce qui fait qu’ils ne viennent pas aux assemblées générales », déclare la vice-présidente de l’Association facultaire des étudiants en arts (AFÉA), Émilie Lorrain-Bélanger. Cette dernière déplore le manque d’implication de la communauté étudiante envers la vie associative.

Rémi Grenier affirme que la pandémie n’a pas aidé les associations étudiantes puisque ces dernières enregistrent un faible taux de participation pendant les assemblées générales depuis le retour sur le campus. « On a vraiment de la difficulté à atteindre le quorum, ça pouvait être le cas [avant la COVID-19], mais c’est pire maintenant », regrette-t-il.

Pour les associations étudiantes, la communication interne entre les étudiant(e)s est une stratégie importante de rassemblement pour leurs assemblées générales. « Avant la pandémie on disait souvent à nos amis “viens à l’assemblée générale!”, ça se faisait du bouche à oreille mais [post-pandémie] les gens se connaissent moins », explique Rémi Grenier.

Une motivation à toute épreuve

Même si ce début d’année scolaire a apporté son lot de nouveaux défis, il semblerait que le cœur des groupes étudiants de l’UQAM batte à l’unisson pour un même objectif : rendre la vie étudiante de nos pairs riche en expérience et inoubliable.

L’équipe du Montréal Campus en poste est consciente d’être dans une année de transition. Elle n’est pas prête à abandonner sa communauté étudiante, bien au contraire. Elle est décidée à continuer de faire briller les talents qui ornent les pages de ce journal et de donner l’espace à d’autres pour s’essayer. C’est la mission que s’était donnée le journal étudiant indépendant de l’UQAM il y a 42 ans. Une mission plus vraie que jamais.

Illustration d’Édouard Desroches | Montréal Campus

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *