Écho : une nouvelle expérience muséale

Née d’un partenariat entre le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) et La Maison Jaune, l’application Écho offre une expérience muséale complètement nouvelle, tout en rendant l’art accessible à un plus grand nombre de personnes.

Le Musée lance l’application Écho avec son parcours MonMBAM, composé des œuvres coup de cœur de personnalités publiques et de membres du personnel du Musée.

Pour vivre l’expérience, les visiteurs obtiennent un code QR à leur arrivée au Musée. Une fois le code numérisé, Écho s’ouvre et incite l’utilisateur ou l’utilisatrice à pointer l’objectif de son téléphone intelligent sur les œuvres sélectionnées. Il ou elle pourra ensuite accéder à des contenus inédits, en format vidéo et audio.

Certaines capsules manifestent des souvenirs émotifs ou des expériences personnelles, alors que d’autres abordent les techniques artistiques dont s’est servi le créateur ou la créatrice. « C’est une application qui nous permet à la fois de mieux comprendre l’œuvre, et de la découvrir sous un autre angle, en même temps de rencontrer des gens, de découvrir des gens », décrit Stéphane Aquin, le directeur général du MBAM.

Une initiative locale

En 2019, le co-fondateur de La Maison Jaune, Elias Touil, conçoit le prototype Cilia, qui utilise la technologie de la reconnaissance d’image, afin « d’avoir une approche plus facile à cette connaissance [dans le musée] ». Concrètement, ce jeune montréalais voulait permettre aux gens de s’approprier le musée, d’en faire un espace où ils se sentent confortables.

Lorsque le MBAM reçoit la proposition de Elias Touil, l’établissement accepte tout de suite de collaborer avec sa compagnie au sein du PRISME, le laboratoire d’innovation du Musée, où l’on réfléchissait déjà à l’utilisation de cette technologie. Deux ans plus tard, l’application créée localement était fin prête à être utilisée.

L’équipe du MBAM s’est alors chargée de produire le contenu vidéo. Selon Stéphane Aquin, le choix des intervenants et des intervenantes s’est fait dans une optique d’inclusion de différentes voix. Il y a, par exemple, Tanya Sirois, directrice générale du Regroupement des centres d’amitiés autochtones du Québec, Gino Chouinard, animateur, et Stéphanie Boucher, gardienne de sécurité au Musée.

Médiation muséale numérique

Écho s’ajoute à l’éventail de moyens qu’emploient les musées pour entretenir un échange entre l’objet culturel et le public, c’est-à-dire la médiation muséale. La professeure en muséologie à l’UQAM Anik Meunier expose que celle-ci sert « soit à développer une connaissance, soit à sensibiliser à la culture ou soit à favoriser une posture de bien-être. » Elle souligne également que cette pratique permet aux gens moins habitués à l’art d’y accéder.

C’est d’ailleurs ce que souhaite Stéphane Aquin. Selon le directeur général, l’outil de médiation muséale numérique Écho étend le pouvoir de la voix à des membres de la société qui ne l’avaient pas. « On n’arrête pas de dire que le Musée doit se décoloniser, qu’il faut parler avec les gens et non [au sujet] des gens ». D’après lui, à l’aide d’Écho, les expositions dans les galeries du monde ou les galeries d’art africain, par exemple, pourront être accompagnées par des témoignages de gens chez qui les origines des objets culturels résonnent.

Perspectives d’avancement

En plus d’ouvrir la porte de l’établissement à davantage de personnes, Elias Touil mentionne qu’Écho aurait la capacité de collecter des données quant à l’appréciation de la médiation. Selon lui, le médiateur actif, soit le guide, n’est pas menacé par l’arrivée de l’outil technologique, mais plutôt épaulé. L’innovateur envisage un futur dans lequel du nouveau contenu serait fréquemment enregistré, pour remplacer le discours préprogrammé des visites guidées.

Selon Anik Meunier, les techniques de médiation muséales doivent être revues, puisque les attentes des visiteurs et des visiteuses sont dorénavant prémodelées par ce qui est annoncé sur le web.

À cela, Écho se prépare déjà. Elias Touil confie que grâce à sa collaboration au sein du PRISME, il travaille sur de nouvelles fonctions où le public participerait plus activement avec les œuvres.

Mention photo MBAM

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