Incarnat : Piano-film, une expérience sensorielle sans pareille

Larmes, réflexions, amour et poésie sont les premiers mots qui viennent en tête lorsqu’on pense au court-métrage Incarnat : Piano-film, présenté en avant-première mercredi dernier au Théâtre Outremont. Ariane Moffatt se réinvente et livre une performance à la fois vulnérable et grandiose dans ce qui est sans doute le projet le plus intime de sa carrière.

Incarnat : Piano-film est un court-métrage de performance basé sur quelques chansons de l’album du même nom. Le film s’ouvre sur un gros plan d’un majestueux piano à queue sur lequel Ariane Moffatt joue tout au long du film.

L’accent est mis sur les diverses performances de l’artiste, qui se promène entre différents univers tous plus mystérieux les uns que les autres. Incarnat : Piano-film est le mélange parfait entre cinéma et théâtre.

L’amour qui fait mal, la stupéfaction de l’humain devant l’infiniment beau et l’infiniment grand, la peur de se dépouiller et de se mettre à nu devant l’être aimé : voilà ce que voulait illustrer Ariane Moffatt avec cet album qu’elle qualifie à la fois de journal intime et de recueil de poésie.

Le court-métrage débute et se termine par une adresse au public de l’artiste qui donne tout de suite le ton intimiste de l’œuvre. Ariane Moffatt, en gros plan et visage devant la caméra dans un habit rouge flamboyant, nous fait une déclaration d’amour profonde et authentique. « Sur ta peau, pêche et vermeille, j’ai planté mon destin. Juste à côté du tien. Aujourd’hui, je sais que c’était la chose à faire. Mon trèfle incarnat, ma chance à moi », dit-elle doucement, comme pour nous bercer.

« Le tout a commencé par un coucher de soleil, raconte-t-elle au public. Je conduisais et j’ai décidé d’arrêter la voiture simplement pour admirer ce que la nature, ce que le plus grand avait à m’offrir. » C’est justement avec le contraste entre l’infiniment grand, ce qui semble loin de nous, et le besoin vital d’intimité de l’humain, ce qui est tout près de nous, que la chanteuse tente de jouer dans cette œuvre multidisciplinaire qui allie musique, arts de la scène et cinéma.

Plus qu’une couleur

Incarnat représente toute la palette de couleurs existant autour de la chair : In Carne. On passe d’un rose saumon chaud à un rouge vif, couleur à la fois passionnelle et représentant ce qu’il y a de plus intime en nous. « Dans ta chair crépuscule, j’ai logé toute ma confiance », répète la chanteuse jouant un personnage mystérieux et passant d’un lieu à un autre.

La beauté de l’œuvre d’Ariane Moffatt, c’est de montrer la pureté, le beau et le doux dans le fait de s’ouvrir à quelqu’un, mais de montrer aussi tout le courage qui vient avec cet engagement. L’artiste se trouve tour à tour seule au piano, ou alors seule à marcher dans le décor en tentant d’aller vers un but inconnu. Elle s’adresse à la caméra comme dans un huis clos avec un être cher.

La nature reprendra ses droits

L’éco-anxiété est un sujet important et a surtout été une inspiration majeure pour l’écriture du dernier album d’Ariane Moffatt. En effet, la nature est omniprésente dans l’album Incarnat, mais encore plus dans le court-métrage du même nom. « Le vrai personnage, c’est la nature qui ne cesse de changer durant le film. Le vent, l’eau, le bois, le feu. L’infiniment beau duquel on dépend tous », explique la chanteuse.

De longues scènes ont été tournées en forêt dans la région des Cantons de l’Est afin d’illustrer les propos de Nature, la chanson phare de l’album, qui aborde de manière ouverte les changements climatiques et les catastrophes naturelles. En plus d’être une chanson rythmée et poétique, ses paroles traitent de l’éco-anxiété chez les jeunes.

Pour l’artiste et la mère qu’est Ariane Moffatt, il était important de faire participer des enfants à cette chanson. C’est justement le chœur de voix enfantines lors du dernier refrain qui donne un ton unique à cette chanson déjà actuelle.

Poussant à la fois à l’introspection et à une dose d’affection pour nos êtres chers, Incarnat : Piano-film est un court-métrage coup de poing. Il sait toucher chaque parcelle de notre être par sa transparence, sa beauté et son énergie salvatrice.

Mention photo Lou Scamble

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