Écoresponsabilité : entre promesses et réalité

L’UQAM est une pionnière québécoise pour les programmes en sciences environnementales. Pourtant, son bilan carbone n’est toujours pas complété et ce, malgré la date butoir de son objectif de carboneutralité,  fixée à 2040. 

L’Université a comme objectif d’atteindre la carboneutralité d’ici 2040, mais l’ensemble de stratégies pour y parvenir n’a pas été n’a pas encore été déterminé. La carboneutralité est d’ailleurs un terme large et critiqué par la communauté scientifique alors que compenser ses émissions carbones sans les réduire ne constitue pas un réel gain environnemental. 

En juin 2020, dans le cadre de la Journée mondiale de l’environnement, l’UQAM a présenté le Plan d’action intégré en matière d’écoresponsabilité 2019-2024. Ce plan vient balisé la Politique no 37 en matière d’écoresponsabilité et suit les recommandations du Comité institutionnel en matière d’écoresponsabilité (CIME). 

À ce jour, certaines données en lien avec l’écoresponsabilité sont encore inconnues, tel que celles sur la gestion des eaux de l’Université notamment. Ce manque de transparence est déploré par certains étudiants et certaines étudiantes, telle que Zeynep Torun et Élizabeth Duboc, toutes deux en Sciences de la Gestion (spécialisation Responsabilité Sociale Environnementale) à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM et membres de la Coalition interdisciplinaire pour une transition écologique (CITÉ). 

Jugeant important de connaître l’empreinte écologique de son établissement, Élizabeth Duboc avait cherché certaines informations sur l’écoresponsabilité de l’Université en vain. Elle juge d’ailleurs que certaines universités exposent mieux l’ensemble de leurs données. 

L’étudiante souligne le manque de cohérence entre les actions de l’Université et les savoirs inculqués dans les programmes en sciences environnementales, tels le rapport de développement durable et la notion de transparence. Elle aurait voulu que les informations qui n’aient pas encore été recueillies aient une date d’étude déterminée. 

En ce sens, selon elle, la certification STARS (Sustainability Tracking, Assessment & Rating System), qui nécessite la collecte d’une panoplie d’informations pour quantifier l’écoresponsabilité, pourrait aider. 

La directrice écoresponsabilité du CIME Louise Collignon affirme qu’en 2021-2021, la collecte d’information a été la priorité de l’Université qui se prépare pour sa première demande de certification STARS évaluant son écoresponsabilité. S’il est dur de comparer l’UQAM à ses voisines québécoises en la matière, la certification permet de hiérarchiser l’écoresponsabilité des différentes institutions. « Si l’UQAM ne passe pas la certification, c’est qu’elle sera moins bonne », indique l’étudiante Élizabeth Duboc. 

Un bilan préliminaire qui soulève des questions

Un bilan carbone préliminaire divulgué le 22 avril dernier a permis de connaître les deux principaux champs émetteurs de carbone, soit les transports de la communauté uqamienne et la consommation énergétique. Toutefois, il faudra attendre que le bilan carbone final soit complété pour que le prochain plan stratégique d’écoresponsabilité soit créé. 

Pour le moment, l’Université a agi sur un « principe d’amélioration continue sans objectifs chiffrés » pour optimiser son efficacité énergétique, note le directeur énergie et environnement du CIME Patrick Dionne. « Suite au programme d’efficacité énergétique mis en place [en 2011], l’Université a réduit sa consommation énergétique de 20 à 23% depuis les dix dernières années », précise M. Dionne. Pourtant, selon le bilan carbone préliminaire, la consommation annuelle d’énergie pour le chauffage des bâtiments a représenté 19% des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’Université pour l’année 2019-2020 en dépit des améliorations énergétiques.

D’ailleurs, selon le bilan énergie de l’UQAM, les gaz naturels produisent encore 12% de l’énergie nécessaire au fonctionnement des bâtiments, surtout pour le chauffage. Patrick Dionne prévient que convertir les derniers systèmes alimentés par le gaz à l’électricité est complexe et posera un défi coûteux en raison des limites des infrastructures.

La carboneutralité d’ici 2040 : un objectif réaliste ? 

Selon la directrice écoresponsabilité du CIME, Louise Collignon, «  l’UQAM adopte un comportement et des pratique écoresponsables depuis de très nombreuses années » tel que le « désinvestissement dans les énergies fossiles de la Fondation de l’UQAM, le retrait des bouteilles de plastique et des pailles, la signature de la Déclaration sur l’urgence climatique. » Ceci dit, Élizabeth Duboc considère que les mesures de l’Université ont principalement été axées sur l’empreinte individuelle, nommant par exemple les déplacements en vélo ou transport collectif, plutôt que sur l’empreinte institutionnelle.

En l’absence d’un plan concret pour atteindre la carboneutralité, de balises pour définir ses émissions de GES visées et de bilan carbone, l’UQAM semble loin de son objectif. Ce faisant, Élizabeth Duboc et Zeynep Torun saluent l’initiative, mais questionnent son réalisme. « On a pas encore de plan et 2040, c’est demain matin », incite Mme Duboc. 

Les programmes de sciences environnementales et les recherches constituent la force de l’établissement sur le plan de l’écoresponsablité selon les personnes questionnées. Zeynep Torun souligne d’ailleurs avec une pointe d’optimisme que « les étudiants, les enseignants et le personnel demandent aux universités et aux institutions d’en faire plus ».

Mention photo Manon Touffet | Montréal Campus

Commentaires

Une réponse à “Écoresponsabilité : entre promesses et réalité”

  1. Avatar de Catherine

    Bonjour,
    Je ne suis pas d’accord avec l’énoncé  »2040, c’est demain matin ». Je trouve qu’au contraire, se donner des objectifs d’ici presque 20 ans, c’est vraiment remettre les problèmes à plus tard en se permettant de ne rien faire de réellement concret à court-terme. Concernant les mesures d’écoresponsabilités axées sur les pratiques individuelles telles que l’utilisation de bouteilles de plastique, de pailles et autres couverts de plastique, elles n’ont jamais été appliquées car le campus, les foires alimentaires et cafétérias abondent de bouteilles de plastiques ou de distributeur de bouteille de plastiques. Les cafétérias n’offrent pas d’ustensiles réutilisables donc il y a un énorme gâchis au niveau des fourchettes de plastiques etc. Il pourrait y avoir des petits kiosques vendant des bouteilles et des couverts réutilisables et des enseignes de sensibilisation, par exemple.

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