Au-delà des élections: le travail des député(e)s

Si les rumeurs d’élections printanières au Canada se sont tues après le dépôt du budget fédéral le 19 avril dernier, le murmure de possibles élections à l’automne 2021 se fait de plus en plus fort. Lors de la prochaine campagne électorale, la députation sortante sera sous le feu des projecteurs. Mais que font les élu(e)s en dehors de cette période mouvementée ?

Par Samira Ait Kaci Ali

Le travail des futur(e)s députés et des députées commence dans leur comté, au lendemain du déclenchement des élections, où ils et elles tenteront de faire leurs preuves au terme de longues semaines de campagne électorale. 

Une fois élu(e)s, leur devoir est de s’attaquer aux dossiers chauds qui concernent leur circonscription et d’exécuter leurs promesses électorales au meilleur de leurs capacités, en plus de proposer des projets de lois d’intérêt public.

S’il s’agit d’un poste exigeant et englobant d’importantes responsabilités, Ruba Ghazal, députée de Québec solidaire dans la circonscription de Mercier, ne se décourage pas devant la tâche. « Chaque journée est différente et exigeante à sa façon. Il y a énormément de rencontres et d’évènements auxquels nous devons assister, il y a l’Assemblée nationale où on passe la moitié de notre temps, puis il faut rester bien informé des enjeux actuels », mentionne la députée de Mercier. Ce qui la garde motivée et attelée à la tâche ce sont « les petits changements, ici est là que j’arrive à accomplir en tant que politicienne pour ma communauté ».

Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien et député fédéral dans Laurier-Sainte-Marie, appuie les propos de la représentante solidaire en précisant que le travail de terrain est essentiel pour accomplir son devoir. « Avec la pandémie, il est beaucoup plus difficile d’aller à la rencontre des habitants et habitantes de mon quartier et de se tenir au courant de leurs préoccupations », explique le député libéral, qui affirme garder un contact virtuel avec sa communauté. 

Les député(e)s interrogé(e)s s’entendent pour dire que les questions concernant le logement et la montée des loyers reviennent le plus souvent parmi les dossiers qui préoccupent les Montréalais et les Montréalaises en ce moment.. « On reçoit également de nombreuses requêtes de la part des commerçants et plusieurs nous écrivent pour nous partager leurs préoccupations environnementales », ajoute Ruba Ghazal.

Une responsabilité partagée

Si les élu(e)s doivent rester à l’affût des besoins des communautés dans leur circonscription, la population a aussi la possibilité de signaler leurs inquiétudes au bureau de compté. D’ailleurs, Jennifer Maccarone, députée libérale dans Westmount-Saint-Louis, précise qu’elle et son équipe veillent à ce que chaque demande reçoive l’attention nécessaire. « Des fois, je reçois des demandes d’aides personnelles qui touchent l’immigration ou l’assurance-emploi, par exemple, alors mon travail est de les diriger vers les ressources et organismes appropriés ». Elle confie recevoir environ 100 lettres et courriels par jour formulant des demandes ou des revendications. 

L’étudiante en cinéma à l’université de Concordia, Geneviève Laforce, a déjà contacté son député de circonscription. Elle estime qu’il est essentiel de contacter ses élu(e)s, « surtout lorsqu’ils et elles posent des gestes qui vont à l’encontre de [nos] valeurs ». La jeune femme a récemment mobilisé ses 45 000 abonné(e)s sur Instagram afin d’exprimer leur mécontentement en réponse à des propos tenus par la députée conservatrice Tamara Jensen qu’ils et elles ont jugés homophobes. 

« À l’exception près des élections, il s’agit pratiquement de la seule façon que nous avons de faire entendre nos voix citoyennes », fait remarquer Geneviève, qui encourage la population à contacter régulièrement les membres du Parlement et de l’Assemblée nationale pour leur faire part de leurs inquiétudes. « C’est comme ça qu’on cultive notre démocratie », indique-t-elle.

Des débats nécessaires

Selon Hélène David, députée libérale dans Verdun, c’est dans le Salon bleu que la démocratie prend réellement vie. « Ça prend du culot et il faut surtout avoir le courage de ses convictions », assure Mme David, qui ajoute que les accrochages avec d’autres membres du parti sont fréquents, mais nécessaires au bon fonctionnement des institutions démocratiques. « C’est comme au hockey, s’il n’y a pas de bataille, la partie perd de l’intérêt ! »

Steven Guilbeault croit également que les débats à la Chambre des communes sont essentiels, mais précise qu’il est important d’arriver à des compromis, surtout dans le cadre d’un gouvernement fédéral minoritaire. S’il n’anticipe pas des élections printanières, il n’exclut pas la possibilité que des élections soient déclenchées à l’automne. « Être élu est un énorme privilège et il ne faut jamais perdre de vue les intérêts de la population, car, au final, c’est grâce à eux si nous sommes là », conclut le ministre libéral. 

Les député(e)s montréalais(e)s de la CAQ et du NPD ont décliné nos demandes d’entrevue.

Mention illustration Édouard Desroches | Montréal Campus

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