Les jeunes adultes de plus en plus prudent(e)s sur les routes

Dans les dix dernières années, une baisse générale de décès et de blessés dans les accidents routiers impliquant des conducteurs et conductrices de 20 à 24 ans a été observée par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Les campagnes de sensibilisation à une conduite prudente, entre autres, auraient contribué à l’amélioration des habitudes des jeunes au volant. 

En l’espace de 10 ans, il y a eu deux fois moins de décès sur les routes chez les jeunes de 20 à 24 ans. Selon les statistiques officielles de la SAAQ, plus de 6 500 conducteurs et conductrices âgé(e)s entre 20 et 24 ans ont été blessé(e)s sur la route en 2009. Moins de 5 000 jeunes conducteurs et conductrices ont été blessé(e)s lors d’accidents en 2019

De la même façon, les jeunes de 20 à 24 ans étaient responsables de 13% des accidents routiers en 2009. Dix ans plus tard, ils ne causaient plus que 11% des incidents sur les routes. Précision que les jeunes conducteurs et conductrices ne sont pas moins nombreux(ses) sur les routes. Comme en 2009, ils et elles représentent toujours environ 6% des titulaires de permis de conduire au Québec.

La sensibilisation auprès des jeunes

La baisse de décès liée à des accidents de la route « est due à de nombreux efforts mis en place pour conscientiser les gens à la sécurité routière [dont] des campagnes de sensibilisation », explique la relationniste auprès des médias de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) Sophie Roy. 

« Une [seule] publicité ne change pas les comportements. Les changements se font sur une très longue période, notamment chez les jeunes », indique Patrice Letendre, porte-parole et conseiller stratégique de la SAAQ. Selon lui, c’est la pluralité et l’accumulation des messages vus et entendus qui peuvent mener à une amélioration des comportements routiers. 

Au cours des dix dernières années, les campagnes de sensibilisation de la SAAQ s’adressant aux jeunes portaient principalement sur les textos au volant et les dangers de la consommation du cannabis. « Nos campagnes ne sont jamais improvisées. [Elles] sont basées sur le bilan routier, qui est une mine d’informations qui nous permet de bien cibler [un certain public] », précise M. Letendre. Une équipe de recherche analyse les bilans, puis leurs constats sont émis à la direction des communications qui articulent ensuite une campagne de sensibilisation.

En 2019, la SAAQ a investi un peu plus de 6,1 millions de dollars dans diverses campagnes de sensibilisation, selon son rapport annuel de gestion.

Un public parfois plus difficile à conscientiser

Marianne* est une étudiante dans la vingtaine à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle estime qu’elle est une bonne conductrice. Elle respecte les limites de vitesse, particulièrement dans les zones scolaires, et n’utilise pas son téléphone au volant. Toutefois, même si la loi l’interdit, elle a déjà pris son automobile après avoir consommé un verre d’alcool. « J’essaie de ne pas trop le faire parce je sais que ce n’est pas bien, mais je sais que quand je le fais, je suis correcte, même si je n’ai pas le droit de prendre le volant selon la loi  », raconte l’étudiante, qui a préféré taire son nom par crainte de représailles avec la justice.

Même si beaucoup de jeunes conducteurs et conductrices ne se sentent pas interpellé(e)s par les campagnes de sensibilisation, leur exposition récurrente à celles-ci peut faire naître un changement inconscient. « La plupart des gens vont se dire qu’ils ne se sentent pas concernés par une campagne de sensibilisation, parce que les gens, les jeunes en particulier, ne veulent pas dire qu’ils sont sensibles à la publicité », explique Patrice Letendre. Néanmoins, les campagnes de sensibilisation choc ont un impact sur les habitudes de conduite, selon les bilans routiers de la SAAQ.

La sensibilisation n’explique pas à elle seule l’amélioration du bilan, qui est multifactorielle, selon M. Letendre. L’amélioration des véhicules, les changements dans la loi qui punit plus sévèrement certains délits, l’augmentation de la présence policière sur les routes et la réintroduction de cours de conduite obligatoires depuis 2010 sont des facteurs qui ont permis d’améliorer les pratiques de conduite au Québec. L’expert automobile de l’Association canadienne des automobilistes (CAA) Québec Jesse Caron précise aussi que les comportements routiers prennent de plus en plus de place dans les thèmes abordés dans les cours et examens de conduite. 

Des méthodes de sensibilisation variées 

Le visionnement de documentaires ou de séries télévisées chocs peut être une autre méthode de sensibilisation, selon Patrice Letendre. Il explique que l’augmentation de « l’exposition à des messages visant l’amélioration des conditions routières porte certainement fruit. » Pour Marianne, le visionnement du documentaire Dérapages, de Paul Arcand paru en 2012, et de la série québécoise Pour Sarah a eu un impact très fort sur sa vision des dangers routiers. « Je me suis rendue compte que ça pouvait arriver à n’importe qui, et ça m’a choqué. Quand tu te rends compte que ce sont des gens normaux, c’est là que le message a le plus d’impact », estime l’étudiante.

Il existe d’autres moyens de conscientiser les jeunes, entre autres sur la consommation de drogues et d’alcool au volant. Jesse Caron explique qu’une des façons efficaces de sensibiliser les jeunes à ces dangers est qu’ils et elles en fassent l’expérience directe simulée. « Nous avons des outils de sensibilisation […] qui permettent de simuler une conduite avec facultés affaiblies. Quand les gens les essayent, ils voient vraiment la différence », explique-t-il. M. Caron estime que ce genre d’outils, en plus des autres méthodes de sensibilisation variées et mesures mises en place pour encourager la sécurité routière, améliore aussi le bilan routier.  Le taux d’infractions reliées à la capacité de conduire affaiblie chez les 20 à 24 ans est plutôt encourageant. La proportion a connu une baisse de près de 53% en 10 ans, passant de 518 infractions en 2009 pour 100 000 titulaires à 273 en 2019.  

Mention photo Édouard Desroches | Montréal Campus

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