L’Université du Québec à Montréal (UQAM) regorge de dizaines de programmes « uniques » de premier cycle et de cycles supérieurs. Du théâtre de marionnettes contemporain à la sexologie, ces programmes surprennent par leur nom ou leur spécificité, et se distinguent souvent dans le cadre provincial, national, et parfois même continental et linguistique.
« Je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais au départ », lance Alexane Couturier, étudiante au doctorat interdisciplinaire en études sémiotiques, le seul de son genre en Amérique du Nord et dans la francophonie. Le mot « sémiotique » peut sembler flou, voire curieux. Même pour Mme Couturier, il s’agissait d’un « terme assez vague, abstrait ». « On peut dire globalement qu’il s’agit de l’étude des systèmes de signes, des mécanismes de significations et d’interprétations ainsi que de production de sens », résume l’étudiante qui s’est « vite sentie dépassée, pour ne pas dire submergée » notamment par le fort aspect interdisciplinaire et complexe du programme.
« J’ai l’impression que les étudiants ont de plus en plus tendance à vouloir combiner des programmes », confie la directrice du tout nouveau programme d’anthropologie du contemporain à l’UQAM, Marie-Nathalie LeBlanc, qui est derrière le premier programme de cette science sociale à l’UQAM en plus de 50 ans d’existence.
Or, l’aspect unique des programmes ne se résumerait pas exclusivement à l’interdisciplinarité de certains d’entre eux, selon les dires de la vice-doyenne aux études de la Faculté des sciences humaines, Lucie Dumais. Cette dernière attribue l’ouverture de l’UQAM, de ses facultés et de ses instituts à « sa structure décisionnelle particulière » et « son excellente réputation avec les groupes sociaux engagés dans la société civile », ce qui « [offrirait] des conditions propices à la création ».
L’ouverture d’esprit de l’UQAM semble être un atout majeur pour l’institution et ses programmes uniques, comme l’explique Charlie Hébert-Pinard, étudiante au baccalauréat en sciences de la Terre et de l’atmosphère, concentration sciences de l’atmosphère : météo et climat, unique dans la francophonie nord-américaine. « Les étudiants ont plus de droits, leur parole compte, donc ça rend l’approche plus humaine », indique-t-elle.
Développer ses propres qualités
« [Le but est de] construire un programme dans une perspective de nouvelles réflexions et ne pas reproduire ce qui existait déjà », précise Marie-Nathalie LeBlanc. Elle rappelle par ailleurs que l’UQAM « a été précurseur dans plusieurs champs, notamment sur les questions de l’environnement. »
Cette réalité saute aux yeux de l’étudiante du programme court de deuxième cycle en éducation relative à l’environnement Mélodie Anderson. Selon elle, la réputation internationale de l’UQAM dans ce domaine en fait un milieu exclusif. « Je l’aurais pris ailleurs, mais je ne pense pas qu’il aurait existé ailleurs », résume-t-elle pertinemment.
De son côté, l’étudiante en action culturelle Annabelle Garon est allée à l’UQAM parce que c’était la seule université qui offrait ce programme, qui est unique en Amérique du Nord. « Si ça avait été ce programme-là à l’UdeM, je serais allée à l’UdeM », précise l’étudiante.
Des programmes là pour rester
Les étudiantes et les étudiants rencontré(e)s par le Montréal Campus partagent toutes et tous un optimisme face à l’avenir de leur programme. « C’est un milieu [la culture] qui ne mourra jamais. Par contre, le programme pourrait être amélioré et changé », lance Annabelle Garon.
« Il faut donner quelques années avant de dire ça marche [ou que] ça ne marche pas », explique la directrice du programme d’anthropologie du contemporain, Mme LeBlanc, qui agit aussi en tant que professeure. Elle souligne que la création d’un programme est un processus de longue haleine, et sa promotion « est un gros boulot ».
Les étudiantes et les étudiants de programmes uniques s’y entendent : les programmes dans lesquels elles et ils se trouvent sont peut-être nichés, mais indubitablement d’actualité et tournés vers le futur, ce qui est un signe de la pérennité de ces domaines.
La compétition entre universités pourrait toutefois s’avérer une menace pour les programmes uniques, selon Mme LeBlanc. « Dans un contexte de compétition de plus en plus serré, pour aller chercher des étudiants et étudiantes, toutes les universités sont dans le mode innovation, et j’espère que l’UQAM va pouvoir garder sa place, parce qu’on reste une université où nos moyens sont très limités », conclut-t-elle.
Mention illustration Lila Maitre | Montréal Campus
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