Expositions reportées, activités annulées, fermetures répétéesExpositions reportées, activités annulées, fermetures répétées : la pandémie de la COVID-19 n’a pas épargné les musées québécois. L’art de la programmation peut sembler abstrait, mais le défi logistique qui l’accompagne est pourtant très concret.: la pandémie de la COVID-19 n’a pas épargné les musées québécois. L’art de la programmation peut sembler abstrait, mais le défi logistique qui l’accompagne est pourtant très concret.
« Dans la dernière année, on a revu la programmation au moins quatre ou cinq fois, si ce n’est pas plus », raconte la conservatrice de l’art contemporain du Musée régional de Rimouski, Ève De Garie-Lamanque. « Ça fait un effet boule de neige. […] Une exposition qui est repoussée, ça repousse toutes les autres », ajoute-t-elle.
C’est notamment le cas des expositions La charge, fiction et réalité dramatiques, Périple sur deux chemins, Dé-constructions et 16 Latitudes au Musée des beaux-arts de Sherbrooke (MBAS). « On a modifié notre calendrier de programmation pour faire en sorte de ne pas annuler d’expositions temporaires », rapporte la directrice et conservatrice en chef du MBAS, Maude Charland-Lallier.
Les subventions offertes par les gouvernements fédéral et provincial ont permis aux musées d’obtenir les liquidités nécessaires afin de répondre à leurs obligations financières. Il n’en demeure pas moins « qu’il y a eu des pertes énormes en termes de revenus autonomes », explique Mme Charland-Lallier, qui fait référence aux billets d’entrée, aux groupes scolaires et aux conférences en présentiel.
Le report des expositions implique des coûts imprévus. « Changer une exposition de place, ça implique énormément d’échanges et de communications avec toutes les parties impliquées, que ce soient les transporteurs, les assurances, les musées, les prêteurs, les artistes et même les sociétés de gestion des droits », énumère Mme De Garie-Lamanque.
La situation précaire des artistes
Les contrats avec les artistes varient d’un musée à l’autre. La direction du MBAS a pris la décision de rémunérer les artistes durant la fermeture obligatoire. Ainsi, ils et elles ont eu droit à un cachet plus élevé en fonction du temps que leurs œuvres ont passé en salle, avant la fermeture.
De son côté, le Musée d’art de Joliette n’a pas rémunéré les artistes selon la diffusion de leur travail. « Tant que l’exposition n’est pas présentée, le cachet de présentation de l’œuvre n’est pas donné », indique la conservatrice à l’art contemporain, Anne-Marie St-Jean Aubre.
En un an, la pandémie a mis à rude épreuve les emplois du monde culturel alors que 24,1 % d’entre eux ont tout simplement disparu, selon un sondage mené auprès de 2000 membres d’associations artistiques, ce qui représente près de 50 000 emplois.
Du côté des créateurs et des créatrices, « […] l’aide du Conseil des arts du Canada et [du gouvernement] du Québec a été très présente », souligne l’artiste argentin, José Luis Torres. En plus de ce soutien financier, son exposition Dé-constructions a été prolongée au MBAS. « J’ai profité de l’occasion pour développer de nouvelles expériences dans l’espace public en considérant les mesures sanitaires imposées », poursuit-il.
Une annulation crève-cœur
Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) et le Musée d’Orsay à Paris n’ont pas été en mesure de coordonner leurs calendriers en raison de la fermeture prolongée des institutions en France. Les origines du monde : l’invention de la nature au XIXe siècle, présentement dans la Ville Lumière, ne foulera donc pas le sol de la métropole québécoise, pour le moment.
L’exposition, inaccessible au public français depuis novembre, doit être présentée au moins trois mois à partir d’une date toujours inconnue. Le MBAM se désole de la situation, mais c’était la seule option possible à ce stade, concède la directrice des communications, Pascale Chassé.
Les institutions muséales du Québec ont offert une panoplie d’activités culturelles en ligne au cours des derniers mois. Elles ont parfois proposé des visites virtuelles en 360 degrés, des panels en visioconférence ou des ateliers interactifs.
Dans la majorité des cas, les musées ont fait le choix de la gratuité. « C’est très difficile de charger pour une activité virtuelle parce qu’il y a une offre abondante qui n’est pas payante », soutient la directrice du MBAS.
Les artistes aussi ont dû faire preuve d’imagination pour donner signe de vie à leur communauté. Instagram, par exemple, est même devenu un outil essentiel pour se connecter avec son public. « C’est remarquable comment plusieurs artistes ont trouvé des façons très simples et minimalistes de continuer à créer et à montrer », conclut M. Torres.
Photos fournies : François Lafrance
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