Des remèdes contre le racisme médical  

La reconnaissance du racisme systémique par les établissements de santé et l’application du concept de sécurisation culturelle dans le système de santé sont nécessaires. Ce sont les solutions qui se sont dégagées de la conférence du jeudi 1er avril 2021 organisée par la Chaire de recherche du Canada en sociologie des conflits sociaux (CSCS).

Dans le sillage des décès tragiques de Joyce Echaquan et Mireille Ndjomouo dans des hôpitaux québécois, cette conférence mettait en commun des expertises de quatre panélistes autour des discriminations vécues par les communautés autochtones et racisées au sein des établissements de santé. La conférence s’est concrétisée grâce au partenariat entre le Comité lutte au racisme du Comité des échanges interculturels et internationaux de l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et le Comité anti-racisme de l’Association étudiante de deuxième cycle en travail social de l’UQAM.  

Une sécurisation culturelle en santé

Au cœur de cette problématique sur le racisme médical se trouve le manque de sécurisation culturelle dans les soins de santé, c’est-à-dire que les services de santé et sociaux soient donnés dans le respect de l’identité culturelle du patient, selon la définition du rapport du Groupe d’action contre le racisme (GARC) du gouvernement québécois.

Sébastien Brodeur-Girard, membre du barreau de Québec et professeur à l’École d’études autochtones de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, a rappelé que ce concept n’est nul autre que l’application du droit à bénéficier d’un service de santé adéquat dont disposent tous les individus résidant au Québec et au Canada. « Il semble qu’il faille le rappeler par le Principe de Joyce, mais garantir l’équité dans le milieu de la santé, c’est un droit », a déclaré Sébastien Brodeur-Girard.

Le manque d’adaptation culturel des établissements de santé et des services sociaux du Québec a été mis en cause de façon unanime par les intervenants et les intervenantes. Invitée au panel,  Marie-Livia Beaugé, avocate et membre du collectif Hoodstock qui lutte contre les inégalités systémiques, a identifié l’absence de participation des groupes minoritaires à l’élaboration de solutions. Cet enjeu se dresse comme un obstacle à l’obtention de l’équité dans les services sociaux et de santé. 

«  Il y a eu beaucoup de consultations avec les personnes concernées, mais lorsque vient le moment de mettre sur pied les solutions, elles disparaissent. Il faut prendre en considération l’intersectionnalité de la diversité québécoise pour ne rien oublier », a-t-elle expliqué au cours de la conférence.

Reconnaissance du racisme systémique

Pour l’ensemble des intervenants et des intervenantes, le racisme systémique est aussi à l’origine des cas de discriminations dans les services de santé du Québec. « Il faut que tous les établissements de soins et de services sociaux reconnaissent le racisme systémique », affirme Ether Carielus, infirmière-clinicienne et vice-présidente aux affaires internes de l’Association québécoise des infirmières et des infirmiers (AQII). Selon elle, la reconnaissance du racisme systémique par les institutions publiques favoriserait l’équité dans l’accès à des soins et des services de santé pour les personnes autochtones et racisées.

La vice-présidente de l’AQII a également suggéré que l’application du Principe de Joyce, sur le droit d’accès à tous les services sociaux et de santé sans aucune discrimination pour les Autochtones, soit reconnu et appliqué dans tous les établissements de santé et de services sociaux du Québec. Le gouvernement Legault s’oppose à adopter ce principe, puisqu’il oblige de reconnaître l’existence du « racisme systémique », contestée jusqu’à maintenant par celui-ci.   

Mention photo : Lila Maitre

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